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Mexico 1986 : un exploit qui crée la surprise

Ce Mondial a été marqué par la qualification pour la première fois de l’histoire d’une équipe arabe et africaine au second tour. Un exploit réalisé par les coéquipiers de Mustapha Haddaoui qui se souvient, nostalgique, de cette épopée glorieuse.

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Après une absence de 16 ans, le Maroc se qualifie au Mondial de 1986. Une deuxième qualification après celle de 1970. Ironie du sort ou coïncidence pure et simple c’est dans le même pays où les Lions de l’Atlas ont fait leur baptême dans cette compétition d’envergure planétaire. Le tirage au sort mettra l’équipe du Maroc dans un groupe qualifié de groupe de la mort, compte tenu de la valeur des adversaires des Lions : La Pologne avec son leader Zbigniew Boniek, l’Angleterre et son buteur de renom à l’époque Gary Lineker et le Portugal avec sa star Paulo Futre. Des mastodontes du football…
La majorité des observateurs, y compris les Marocains, étaient unanimes sur le retour rapide au pays des protégés de Mehdi Faria. Mais les compagnons de Badou Zaki vont créer la surprise en réalisant l’inimaginable à cette période. Deux scores nuls face à la Pologne et l’Angleterre et une magistrale victoire (3-1) sur le Portugal. Le Maroc est en tête de son groupe et gagne son ticket au deuxième tour. Une première pour un pays arabe ou africain…

Soirée de gala en jogging

L’ex-international Mustapha Haddaoui se souvient: «Nous sommes arrivés au Mexique un mois et demi avant le début de la compétition, histoire de nous familiariser avec un environnement totalement différent du nôtre au Maroc. Nous nous sommes installés dans la ville de Monterry pour nous adapter à un séjour en haute altitude».
En attendant le début de la compétition, l’équipe nationale a joué quelques matchs amicaux contre des équipes locales pour travailler l’endurance physique sous la supervision de l’assistant de Faria, le préparateur Jorvan Vieira. C’est grâce à ce dernier que Mohamed Timoumi a pu être du voyage au Mexique, alors qu’il était incertain après sa grave blessure contre le Zamalek.
L’ex-milieu de terrain se rappelle d’une anecdote la veille du début de la compétition : «La FIFA a l’habitude d’organiser une grande fête de bienvenue à laquelle participe l’ensemble des joueurs. Les responsables nous ont alors demandé de nous présenter en survêtement, croyant que ce serait le cas pour toutes les autres sélections. Mais notre surprise fut grande lorsque nous avons découvert que tous les autres joueurs étaient en costume cravate et d’une élégance contrastante avec nos pauvres joggings».

Encouragements de feu Hassan II

Et Haddaoui de poursuivre : «Nous étions un peu isolés, sachant que les médias se ruaient sur les stars des autres équipes, ne se rendant même pas compte de notre présence. Avec feu Abdelmajid Dolmy, Badou Zaki et Aziz Bouderbala, nous avons tourné la situation en autodérision tout en se faisant la promesse de braver ces joueurs en costume avec notre atmosphère joyeuse ». Lors de ces deux premières rencontres, les Lions ont décroché des matchs nuls, ce qui leur a donné confiance, surtout que la motivation provenait aussi des plus hautes autorités du pays. «Feu Hassan II parlait directement au téléphone à tous les joueurs et les encourageait, d’où le grand exploit qui va surprendre le monde entier : battre le grand Portugal avec l’art et la manière et finir à la première place de notre groupe», se souvient Mustapha Haddaoui. «Lors de ce Mondial, le staff a su installer une ambiance cohérente dans les vestiaires. Durant notre temps libre, nous étions tous autour de Bouderbala qui était le seul à avoir un magnétophone. Nous nous occupions à jouer les cartes ou le billard américain, écoutant la musique», ajoute l’emblématique n°7 des Lions de l’Atlas.
Au deuxième tour, face à l’équipe de l’Allemagne, le Maroc joue de malchance en recevat un but vers la fin du match sur un coup arrêté. Les Lions sont sortis néanmoins la tête haute. «On se préparait à rentrer au pays quand feu le Roi Hassan II a insisté pour que toute l’équipe reste au Mexique jusqu’à la finale», se rappelle Haddaoui. «Il nous a aussi gratifiés d’un autre cadeau : un séjour de 10 jours à New York et un autre à Genève où Said Aouita et Nawal Moutawakil nous avaient rejoints pour rentrer ensemble au pays où nous avons été accueillis par le Roi Hassan II, que Dieu ait son âme».