Société
Intensifier la communication sur le vaccin pour rassurer les citoyens
• Selon les médecins, les citoyens sont de plus en plus nombreux à envisager de se faire vacciner.
• Pour les rassurer et les convaincre, une campagne de sensibilisation s’impose pour expliquer l’intérêt de la vaccination.
• Une immunité collective et un retour à la vie normale sont les arguments clés à mettre en avant.

Les Marocains ont-ils l’intention de se faire vacciner contre la Covid-19 ? Techniquement, il n’y a pas eu de sondage d’intention pour évaluer la position des Marocains vis-à-vis de ce vaccin. Ces dernières semaines, des informations relayées par les réseaux sociaux portaient essentiellement sur le refus de se faire vacciner en raison de l’importance des effets secondaires, ainsi que la théorie du complot visant les pays sous développés. Mais aujourd’hui, dans le milieu médical, on constate le contraire chez les citoyens qui sont de plus en plus nombreux à se soucier de l’arrivée des vaccins et du démarrage de la campagne de vaccination. Selon les derniers sondages étrangers, il ressort qu’il y a une grande volonté de se faire vacciner. Ainsi, en France, par exemple, la part des personnes souhaitant faire le vaccin est passée de 40% à 58% après le démarrage de la campagne de vaccination. Aux USA, ils sont 80% à accepter de se faire vacciner. Au Maroc, on ne dispose pas d’éléments scientifiques sur les intentions des citoyens, mais, avance Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politique et systèmes de santé, «aujourd’hui, l’expérience quotidienne sur le terrain et le contact avec les patients nous permettent de dire que la position des citoyens a changé et ceci pour plusieurs raisons : Tout d’abord l’apparition des nouvelles vagues dans plusieurs pays, le dépassement de la théorie du complot, puisque la vaccination a commencé dans plusieurs pays européens comme la France, l’Allemagne ou encore la Grande-Bretagne et aux USA». Et d’ajouter : «Les patients qui viennent dans mon cabinet posent plusieurs questions aujourd’hui sur l’intérêt de faire ce vaccin, quand va-t-on se faire vacciner, lequel des vaccins faut-il faire et l’existence de risques en cas de pathologies chroniques tels que le diabète ou l’hypertension artérielle».
Parler des effets cliniques indésirables et les risques de la vaccination est actuellement dépassé, selon la communauté médicale qui estime, aujourd’hui, nécessaire et plus opportun d’aborder les avantages et les aspects positifs de la vaccination.
La campagne doit se focaliser sur le côté positif de la vaccination…
«Il faut rassurer les citoyens qui ont peur et les sensibiliser aux effets positifs du vaccin anti Covid-19, notamment l’obtention rapide de l’immunité collective, le retour à la vie normale, mettant fin à la crise économique, à l’isolement social et aux perturbations au niveau scolaire», précise Tayeb Hamdi qui tient à préciser que pour sensibiliser et convaincre les personnes réticentes il faut leur dire «si vous ne voulez pas vous vacciner, faites-le au moins pour les autres, pour votre entourage, afin d’assurer un retour à la normalité et à la vie d’avant».
Depuis le début de la semaine la distribution du vaccin a démarré dans toutes les régions en vue d’une large campagne nationale de vaccination. Alors, une campagne de communication et surtout d’explication est actuellement plus que nécessaire afin de convaincre les personnes indécises et hésitantes. «Il est nécessaire d’ouvrir et de mener un débat national pour expliquer, vulgariser et rassurer les citoyens sur la sécurité des vaccins, et les assurer de leur efficacité. Il est important de retenir qu’ actuellement que nous avons 43 millions de personnes vaccinées à travers le monde et il n’y a pas eu d’effets secondaires graves répertoriés en dehors des céphalées, courbatures ou fièvre qui apparaissent en cas de n’importe quel autre vaccin», explique Dr. Hamdi.
Le succès de cette campagne sous entend l’implication des médecins, des autorités publiques, la société civile. Elle doit également être axée sur le rôle déterminant des médecins traitants, exerçant aussi bien dans le secteur privé que dans les hôpitaux et autres centres de santé, qui doivent conseiller les citoyens et renforcer leur confiance dans les vaccins. Le corps médical et les autorités sanitaires devraient communiquer de façon transparente autour des bénéfices attendus de la vaccination. Il faut expliquer que les essais cliniques n’ont pour l’heure mis en évidence aucun effet indésirable grave, sauf les quelques cas de réactions chez un nombre limité de personnes ayant un large terrain d’allergies. Comme pour tout vaccin, les veilles de pharmacovigilance sont maintenues sur les mois à venir pour détecter et prévenir les risques d’effets indésirables possibles. Par ailleurs, la campagne doit être axée sur le fait que le vaccin constitue un moyen et ne doit pas être perçu comme une fin en soi. Le but final étant de contrôler la pandémie, de protéger les populations et surtout de pouvoir revenir à la vie d’avant la pandémie.
D’après le corps médical, le pays a pris du retard à ce niveau, car en vue d’une implication de tous et d’une adhésion globale, cette campagne devait être lancée rapidement et bien avant le démarrage de la vaccination. Toutefois, le retard peut être rattrapé grâce à l’implication quotidienne des professionnels de la santé auprès de leurs patients. Par ailleurs, les mesures pour un accès facile et rapide au vaccin doivent être mises en place, notamment l’organisation minutieuse de la campagne via la prise des rendez-vous et la garantie de prestations continues et de qualité dans les centres de vaccination.
Le ministère de la santé a déjà communiqué les dispositifs que devra suivre le citoyen pour se faire vacciner. Ainsi, pour la prise de rendez-vous une plateforme spécifique est fonctionnelle depuis plusieurs jours et un numéro vert est également mis à la disposition du grand public pour poser leurs questions relatives à la vaccination. Il est à noter que l’accès à l’ensemble de la population est assuré grâce à la gratuité du vaccin.
