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Pouvoirs

USFP : El Yazghi vainqueur… sous haute surveillance

Même si l’élection des membres du bureau politique n’aura lieu que le 18 juin, Mohamed El Yazghi est assuré d’être reconduit à la tête du parti.
L’élection du tiers des membres du Conseil national général a apporté son lot de surprises.
Mohamed El Gahs et Hassan Tariq bien placés pour accéder au bureau politique.

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And the winner is…Mohamed El Yazghi ! Au terme du VIIe congrès de l’USFP, qui s’est tenu à Bouznika du 10 au 12 juin, le premier secrétaire sortant a assuré sa reconduction à la tête du parti, même s’il faut attendre le 18 juin pour le voir être officiellement intronisé.
El Yazghi vainqueur ? Un résultat attendu, même si cela a été une victoire à la Pyrrhus, aux dires de nombre de congressistes. En effet, sa garde rapprochée, même élue au Conseil national général du parti, est sortie affaiblie des assises socialistes.
De fait, le congrès, voulu pluriel, participatif et festif par les dirigeants usfpéistes, s’est vite transformé en une bataille rangée entre les différents clans. Certes, après la séance d’ouverture marquée seulement par les protestations isolées et néanmoins énergiques d’un Mohamed Lahbabi égal à lui-même, les travaux du congrès ont continué samedi 11 juin dans une relative sérénité. Mais dimanche 12 juin tout a basculé.

En quelques heures, le congrès a failli échouer
Déjà soupçonné par certains militants de vouloir assurer sa mainmise sur le congrès, le clan El Yazhgi a fait des vagues. Mohamed Boubekri et Driss Lachgar, meneurs du groupe, ont fait circuler une «liste noire» dans laquelle figuraient les noms de Khalid Alioua, Hassan Tariq, Larbi Ajjoul, Mohamed Seddiki, Mohamed Al Achaâri, Fettom Koudama, entre autres. Consigne a été donnée aux militants de leur barrer la route vers le Conseil national général.
Les appréhensions des amis du premier secrétaire au sujet des personnes susmentionnés sont diverses. Ainsi, Mohamed Seddiki, Larbi Ajjoul et Mohamed Al Achaâri sont étiquetés comme étant pro-Youssoufistes. Hassan Tariq, trop proche de Mohamed El Gahs et Khalid Alioua, trop ambitieux … Et la transparence tant promise aux militants ?

En quelques heures, la sérénité du congrès a fait place à la grogne. «La liste du clan El Yazghi est un message clair : la transparence, on peut gentiment s’asseoir dessus», s’emporte un jeune de la Chabiba… L’apparition de la liste est un casus belli qui vient rompre la paix fragile signée, la veille du congrès, entre les différents clans. Les jeunes de la Chabiba menacent d’interrompre le congrès… Tayeb Mounchid, secrétaire général de la FDT, leur emboîte le pas. On n’est pas loin de l’ambiance du VIe congrès… un mauvais remake de Le bon, la brute et le truand. Le dispositif échafaudé par le clan El Yazghi s’écroule. La crise couve.
Il aura fallu que le premier secrétaire s’adresse aux congressistes pour éviter le clash. Les propos sont clairs et précis. Mohamed El Yazghi ne soutient aucune «liste noire». Les militants peuvent voter en leur âme et conscience. Les dés roulent, les jeux sont faits… Le Conseil national général sera composé de 251 membres, dont les deux tiers seront élus sur les listes des régions. Le tiers restant sera élu directement par les congressistes. 125 candidats concourent pour occuper les 84 sièges en jeu. Peu d’enjeux, estiment les observateurs ! Les candidats ont été triés sur le volet par une commission de validation présidée par Khalid Alioua. Tous les clans sont bien représentés et les surprises ne sont pas à l’ordre du jour. Les urnes en décideront autrement.

Des «indésirables» plébiscités par les militants
Les suffrages dépouillés révèlent tout de même quelques surprises. Mohamed Guessous, qu’on disait malade et peu désireux de rempiler au bureau politique, est arrivé en tête avec plus de 1 800 voix. Une consécration pour le sociologue de l’USFP. Abdelwahed Radi est dans son sillage, suivi par Mohamed El Yazghi. Parmi ceux qui ont également eu plus de 1 800 voix, il y a Tayeb Mounchid mais également Mohamed Bouzoubaâ, ministre de la Justice.
Les ministres, eux, sont crédités de 1 600 voix chacun. Mohamed El Gahs, pourtant cible du camp El Yazghi, se place parmi eux. Pour quelqu’un dont on disait que l’avenir au sein de l’USFP était compromis… Le secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse, après s’être assuré un avenir, est en train de forger un destin. Les militants en ont décidé ainsi. Enfin, HassanTariq, secrétaire national de la Chabiba, est crédité de la même proportion de voix.
Du côté du clan d’El Yazghi, Driss Lachgar paie, en plus du coup de la liste, son rôle de chargé de l’organisation. Les congressistes l’ont relégué très loin sur la liste des 84 élus. Mohamed Benabdelkader, chef du cabinet d’El Yazghi au ministère de l’Aménagement du territoire, présenté comme un candidat potentiel au bureau politique, est recalé. Il n’accède même pas au conseil national général. Le clan El Yazghi se consolera cependant en apprenant que Abdelwahed Radi vient de perdre un poulain en cours de congrès. Najib Kheddi, chef de cabinet du président de la première Chambre, échoue aux portes du conseil national. D’autres noms seront également boudés par les militants. Il s’agit de Abdelkabir Tabih, Ibrahim Rachidi de Casablanca et Mohamed Bekkali de Fès.
Une fois les résultats connus, les amis d’El Yazghi ont essayé d’élire le bureau politique dans la foulée. Devant les réticences des autres clans, le choix des membres qui vont composer le nouveau bureau politique s’effectuera le samedi 18 juin. Plusieurs noms de favoris circulent déjà. Le bureau, qui va être élargi à 23 membres, verra le renouvellement de huit membres parmi les anciens. Si les ministres ne devraient pas perdre leurs places, Mohamed El Gahs et Hassan Tariq, très appréciés par les militants, ont de réelles chances d’y figurer. Les manœuvres ont commencé et quatre clans se disputeront au final les places du bureau politique : les syndicalistes, les ministres, le clan de Casablanca, avec Youssef Benjelloun Touimi et Abdelmaksoud Rachidi, et, enfin, les trouble-fêtes emmenés par El Gahs… Quant au poste de premier secrétaire, El Yazghi part grand favori, mais sera étroitement surveillé, comme l’avait souhaité Mohamed Lahbabi… Il y a des victoires dont le goût est amer

VIIe congrès. Victoire… unité; une façade, largement lézardée par les querelles de clans.