Pouvoirs
Retrospective 2014/Scène politique : Une mutation profonde frappe les partis
Deux partis auront tenu les observateurs de la scène politique en haleine pendant toute une année.

L’Istiqlal et l’USFP ont accaparé l’attention de tout le monde non pas par leur prouesse dans l’opposition mais par les péripéties internes.
Alors que l’année touchait à sa fin, la commission administrative de l’USFP a donné son feu vert à la direction pour radier non seulement les deux figures de proue du courant «ouverture et démocratie», Ahmed Réda Chami et Abdelali Doumou, mais aussi tous ses membres.
La rupture est là et définitive, malgré la tentative de réconciliation engagée par des personnalités historiques du parti, et non des moindres. La direction décide donc d’aller de l’avant, même si c’est droit dans le mur.
L’Istiqlalien Hamid Chabat a fait autant, au point où le courant «sans répits pour la défense des valeurs de l’Istiqlal», conduit par le propre fils du fondateur Allal El Fassi, en est arrivé à faire de la figuration après avoir épuisé toutes, ou presque toutes ses armes.
Y compris un long processus judiciaire qui n’a finalement abouti à rien de concluant sinon de maintenir le secrétaire général et les instances exécutives du parti dont la courant contestait la légitimité.
En fait, presqu’aucun parti n’a été épargné. Des «mouvements de réforme», des contestations internes, mues par des intérêts individuels ou collectifs ont touché de nombreux partis. Le PPS et le MP en sont des exemples, même le PJD n’a pas été épargné. En même temps, d’autres formations poursuivent leur révolution interne en douceur.
Le PAM en fait partie, au même titre que les trois formations de la gauche, le PSU, le PADS et le CNI qui, séduites par l’idéal du rassemblement de la gauche, ont fini par se retrouver ensemble dans une fédération de la gauche démocratique.
Cette année aura également vu, après des mois de gestation, la naissance du premier parti politique sous la nouvelle Constitution.
Le parti des néo-démocrates, de l’universitaire Mohamed Darif, a également ceci de particulier qu’il n’est pas constitué d’une scission où de transfuges d’autres partis, la majorité de ses membres n’ont aucune expérience partisane.
Mohand Laenser et Nabil Benabdellah, secrétaires généraux, respectivement du MP et du PPS ont pu être facilement reconduits pour un nouveau mandat.
Hamid Chabat, lui, a fini par renoncer à sa caquette syndicale, mettant fin à une incongruité qui dure depuis son élection à la tête de l’Istiqlal.
Malgré cette apparente dynamique sur la scène politique, les partis, ou de moins la plupart d’entre eux, n’arrivent toujours pas à faire face au défi crucial de lever les compétences pour prendre en main la gestion des futures institutions élues, la Région, la Commune dans sa nouvelle forme, le Conseil provincial et préfectoral, voire le futur Parlement.
Le débat des avant-projets de lois organiques des collectivités territoriales en dit long sur leurs préoccupations, ou celle de leurs militants qui se sont de plus en plus «notabilisés».
Or, comme le souligne le discours royal de l’ouverture du Parlement, le 10 octobre dernier, «s’il est du droit de tout parti politique ou de tout parlementaire de penser à son avenir politique et à gagner la confiance des électeurs, cela ne devrait pas être au détriment des grandes causes nationales et des préoccupations réelles des citoyens».
Le message est on ne peut plus clair. Mais il semble que nos élites n’ont encore rien retenu. Ce désormais fameux pugilat entre un parlementaire et un parlementaire doublé d’un chef de parti politique le jour même de ce discours dans les couloirs de la première Chambre, en est la preuve.
Paradoxalement, la mort tragique de deux personnalités politiques, Ahmed Zaidi de l’USFP et Abdellah Baha du PJD, au même endroit à un mois d’intervalle, montre que l’engagement politique honnête est encore possible. Cette mort a provoqué un grand émoi au sein de la classe politique et dans tout le Maroc.
Les deux hommes étaient respectés de tous pour leur conduite irréprochable tant sur le plan humain qu’en celui de la pratique de la politique dans son sens le plus noble n
