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Pouvoirs

Pourquoi la région n’a pas décollé sur le plan économique

En trente ans, l’investissement public s’est chiffré à 20 milliards de DH

Les activités économiques en sont restées au stade artisanal.

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Les leaders locaux en sont conscients. La régionalisation se traduira par un transfert de la responsabilité de Rabat vers le chef-lieu régional du Sud. Les élites locales devront assumer entièrement leur responsabilité. Les enjeux socio-économiques sont importants. Car en dépit des efforts financiers de l’Etat au détriment peut-être d’autres régions du Royaume, celle du Sud n’a pas pu relever tous les défis. Que s’est-il réellement passé ?

La région de Sakia Al Hamra et Oued Eddahab (Laâyoune-Dakhla), récupérée en 1975, a bénéficié en 30 ans d’un investissement public de plus de 20 milliards de DH. La structure économique est aujourd’hui encore traditionnelle, marquée par une domination de l’élevage et de la pêche.
Le problème majeur demeure incontestablement le taux de chômage qui avoisine les 25 % dans la wilaya de Laâyoune. Dans d’autres villes, comme Smara, il grimpe jusqu’à 27 % contre une moyenne nationale de 13 %.
En dépit du régime fiscal particulier dont bénéficie le Sahara, la région n’a pas attiré suffisamment d’investisseurs. La présence du secteur privé reste timide : quelques unités de congélation et de farine et d’huile de poisson dans les principaux ports. En dépit de son régime fiscal et des facilités d’accès au foncier, le Sahara n’a pas suscité l’engouement des investisseurs. L’explication la plus plausible demeure l’absence d’une visibilité politique à court et moyen terme. La prise de risque est énorme, jugent les investisseurs aussi bien nationaux qu’internationaux.

Des milliers d’emplois d’assistance ont été créés
L’Etat a donc été «obligé» de combler ce vide et de créer des emplois d’assistance pour amortir l’effet de la crise sociale. Il a donc facilité l’accès au fonctionnariat et usé à outrance de la carte de la Promotion nationale. Le résultat en a été un déséquilibre énorme entre les emplois privés et publics. Jusqu’à une date récente, et selon des sources proches du dossier, le secteur public comptait à lui seul, entre fonctionnaires des antennes ministérielles, personnel des offices et agents des collectivités territoriales, quelque 20 000 personnes (soit près de 11 % de la population de la région) réparties entre l’administration, les offices, les services extérieurs et la Promotion nationale. Si on exclut le secteur des pêches où l’activité est plutôt saisonnière, et qui emploie principalement des marins issus d’autres régions, on se retrouvera dans une situation aberrante : 20 000 personnes dans le secteur public contre seulement une moyenne de 3 000 dans le privé.
La région dans sa nouvelle formule sera-t-elle capable de relever ces défis ? la question mérite d’être posée.