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Pegasus : Accusations qui tombent à l’eau !

Tout ce qui est colporté autour de cette affaire d’espionnage est à pendre avec des pincettes. C’est la synthèse du rapport de Jonathan Scott. Manque de fiabilité et conflit d’intérêts se mêlent.

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Face à la déferlante des accusations relatives à un prétendu usage du système Pegasus, le Royaume a présenté, par l’entremise de ses avocats à Paris, toutes les preuves selon lesquelles «il n’a jamais acheté, acquis ou utilisé directement ou indirectement Pegasus». Force est de noter que cette affaire, qui a été «démontée» par plusieurs experts, dont l’Américain Jonathan Boyd Scott qui a sorti le 18 février courant un rapport «Exonerating Morocco», n’est pas sans rappeler d’autres similaires. Et sur fond desquelles enflait le colportage de rumeurs qui parlaient, depuis le début des années 2010, tantôt d’un logiciel italien ou autre allemand qui auraient été utilisés à des fins d’espionnage par le Maroc à l’endroit d’un collectif associatif, avant que les doigts accusateurs n’étendent leur spectre vers des journalistes, ou ceux qui se prennent pour tel, etc. Malgré tous les faits qui récusent les accusations colportées, la vague des allégations n’a pas cessé, jusqu’à atteindre l’enceinte du Parlement européen.

Fiabilité zéro !
Avec la patience du chercheur, Jonathan Scott remonte aux origines de la cabale rappelant que la première salve est partie, en 2012, de Citizen Lab, un groupe de «chercheurs» de l’Université de Toronto, qui avait accusé les autorités marocaines de procéder à des surveillances illégales de certains membres de la société civile. Le groupe de Toronto, qui reviendra à la charge en 2015, rappelle le chercheur américain, sera rejoint par Human Rights Watch, Amnesty International et Forbidden Stories, etc. Des ONG qui ont «la haine du Maroc» en commun. Déjà, note l’expert, que les procédés utilisés manquent de rigueur scientifique et, ipso facto, ne peuvent constituer le début d’une preuve d’un acte illégal.
En vue de «démonter» les allégations de Citizen Lab, J. Scott relève que malgré ses «assertions», ledit groupe avait «nuancé» ses «certitudes» en indiquant dans un rapport qu’il ne disposait pas de toutes les données les corroborant. D’autant plus que dans son rapport de 2015, ce même groupe renvoyait à celui de 2012. Ce qui revient à dire qu’il s’agit d’une «circular self-citation» (autocitation circulaire) qui n’est pas supportée par des preuves factuelles. C’est dire l’inconsistance des allégations avancées qui, pourtant, allaient constituer la base même de toutes les séquences qui ont suivi jusqu’à «l’affaire Pegasus».
Chemin faisant, note l’expert américain, le Maroc a, à maintes reprises, demandé des preuves. Or, malgré la gravité des accusations, les instigateurs et les amplificateurs, à défaut de les avoir, n’ont jamais rien produit. Ce qui en dit long sur le non-fondé du réquisitoire, mais surtout pose un sérieux problème quant à «l’intentionnalité» des enquêtes. En fait, et d’un point de vue scientifique, il est primordial, estime J.Scott, de «souligner l’importance de méthodes d’investigation transparentes et rigoureuses dans les cas impliquant la technologie des logiciels espions», d’autant plus que le risque encouru est de déboucher sur des conclusions qui peuvent «avoir des implications importantes» pour les individus impliqués, voire sur les relations internationales. Le cas du Parlement européen est éloquent.
L’autre hic dans ce récit est le fait que la connivence manifeste entre Citizen Lab et les autres «personnages» de l’histoire, à laquelle il faudrait ajouter le fameux consortium des médias qui pivotent autour de la galaxie. Plus encore, l’argumentaire de l’expert soulève un sérieux questionnement que quiconque s’intéresserait à ce dossier est censé prendre en compte. Citizen Lab et Amnesty International sont financés par les mêmes bailleurs de fonds pour lesquels ils mènent le «Pegasus Project» à la recherche de présumés victimes de ce logiciel, nommément Ford Foundation et MacArthur Foundation. Se chiffrant à des centaines de milliers de dollars, ces financements jettent un grand voile de doute, voire «d’inquiétude», sur les tenants et les aboutissants d’une affaire où l’impartialité serait le dernier des soucis de ses instigateurs.