Pouvoirs
Partis politiques, du changement dans l’air
Plusieurs formations politiques tiennent leur congrès ordinaire dans les quelques mois à venir.
Des patrons de partis sont donnés sur le départ, alors que certaines figures politiques signent leur retour sur la scène.

Au lendemain des élections de 2016, après sa défaite électorale, le RNI, sans mettre en doute la régularité des élections, ni la véracité des résultats, a réagi comme devait le faire tout parti qui se respecte. Son président, reconnaissant son échec électoral, a présenté sa démission et un congrès extraordinaire a été organisé tout de suite après. La suite est connue, le nouveau président élu a entamé sans attendre la reconstruction et l’organisation du parti. Cinq ans plus tard, c’est un parti fort, structuré, bien organisé et proche des citoyens qui a remporté, haut la main, les élections du 8 septembre 2021. Une leçon qui aurait pu faire des émules. Il n’en est rien. La preuve, le PJD, qui a essuyé une cuisante défaite électorale a d’abord mis en doute la régularité de l’opération électorale, dénonçant notamment, sans apporter la moindre preuve devant les juridictions compétentes, l’«utilisation massive de l’argent». Sa direction a, ensuite, annoncé sa démission sans toutefois traduire cette annonce dans la réalité pour décider enfin de reporter d’une année le congrès du parti, se maintenant par la même occasion aux commandes durant les douze prochains mois. Le plan n’a pas marché.
D’où cette décision du conseil national de tenir immédiatement un congrès extraordinaire et de faire appel à l’ancien secrétaire général, espérant ainsi garder l’unité de ce qui reste de ce parti. En un peu plus de 20 ans d’existence, cette formation qui se targue de sa «légendaire» démocratie interne, n’aura finalement connu que deux secrétaires généraux qui se sont relayés, cinq mandats durant, à sa tête. Le PJD ouvre ainsi le bal des congrès des formations politiques.
L’USFP, acculé à l’opposition, vient de programmer une réunion de son conseil national ce 20 novembre pour entamer les préparatifs du prochain congrès national du parti, le 11e de son histoire. Là, par contre, il est fort probable que le parti change de tête. Élu au poste en décembre 2012, et au terme de deux mandats successifs, Driss Lachguar ne devrait certainement pas chercher à rempiler. Aucune date n’a encore été annoncée pour le congrès. Ce qui n’est pas le cas chez le RNI. Toujours pragmatique, le chef de file de la majorité affirme qu’il tiendra son congrès national ordinaire les 4 et 5 mars 2022.
Cette annonce, faite il y a quelques jours, intervient dans le cadre du respect des lois fondamentales et internes du parti et en vue de renouveler ses institutions nationales et de contribuer à la production intellectuelle et politique qui prennent en considération les enjeux et les perspectives de la prochaine étape.
Une fois au gouvernement, après un peu plus d’une décennie d’attente, le PAM pourra enfin s’occuper du parachèvement de ses instances dirigeantes. Depuis la tenue de son quatrième congrès, en février 2020, son conseil national ne s’est réuni qu’une seule fois pour donner son feu vert à la participation au gouvernement. Quant au bureau politique dont la composition n’est pas encore complétée, il doit attendre la tenue d’une réunion, le 27 novembre à Marrakech, pour l’achèvement de sa formation.
A l’Istiqlal, Nizar Baraka, après avoir su fermer habilement la parenthèse Hamid Chabat, sans doute l’étape la plus populiste de l’histoire du parti, s’apprête à mettre en jeu son poste. De l’avis général, l’avènement du petit-fils du fondateur à sa tête aura finalement été la meilleure chose qui soit arrivée au parti. Non seulement il a pu mettre fin aux dissensions internes, mais il fait réaliser à l’Istiqlal une remarquable percée électorale, principalement dans le cas de son bras syndical. Elu 6e secrétaire général du doyen des partis politiques au Maroc en octobre 2017, Nizar Baraka reste, à ce jour, l’un des rares hommes, sinon le seul, du parti à faire le consensus, même si ses décisions sont parfois contestées. Preuve en est cette tension, sans doute alimentée par des ambitions personnelles, perceptible principalement au niveau du groupe parlementaire à la première Chambre. Mais, semble-t-il, les choses devraient bientôt rentrer dans l’ordre dès la signature par les trois formations de la coalition gouvernementale de la charte de la majorité. Pour ce qui est du congrès, aucune date n’a encore été annoncée, bien que les quatre années du mandat actuel se soient déjà écoulées. Le parti a néanmoins décidé de tenir la prochaine session de son conseil national, à distance, le samedi 27 novembre 2021. Au MP, un autre parti historique, c’est silence radio.
Tout ce que l’on sait c’est que le parti réunit son conseil national en janvier et que ce dernier devrait décider la tenue, probablement vers le milieu de l’année prochaine, de son 14e congrès. Rien ne filtre non plus sur un probable maintien au poste de l’éternel secrétaire général, Mohand Laenser, donné sur le départ à plusieurs reprises. Ce qui n’est pas le cas à l’UC. Le secrétaire général de l’UC Mohamed Sajid, après un peu plus de six ans à la tête du parti, a annoncé récemment la mise en place d’une commission chargée de définir la feuille de route du parti et de renouveler ses organes en prévision du prochain congrès national. Il faut dire que le parti connaît une situation organisationnelle un peu particulière. Pour commencer, il aurait déjà dû organiser son congrès il y a deux ans. Ce qui, de fait, le met en situation d’infraction aux dispositions de la loi organique relative aux partis politiques. Son conseil national qui, en théorie, devait se réunir en deux sessions par an, ne s’est plus jamais réuni depuis sa formation en … 2015. Là encore, rien de paraît à l’horizon quant à la succession de l’actuel secrétaire général. Le seul prétendant au poste qui n’a d’ailleurs pas hésité à mener la fronde contre le chef du parti au point d’appeler officiellement à la tenue d’un congrès extraordinaire a été éjecté du parti. Driss Radi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été radié pour conduite contraire aux règlements de la formation.
Le PPS a tenu son dixième congrès, le dernier, en mai 2018. Le prochain se tiendra donc vers la mi-2022. A la tête de la formation depuis 2010, le secrétaire général Nabil Benabdellah a déclaré récemment en public qu’il ne compte pas rempiler et que, plus encore, il aurait déjà prévenu le parti et sa direction qu’il ne va pas se présenter à sa propre succession. Mais sait-on jamais, lui-même a tenu à préciser que les statuts qui avaient été changés en 2013 permettent la possibilité de faire trois mandats. Cependant, il semble que c’est une alternative difficilement tenable devant les appels de plus en plus pressants au changement au sein de cette formation de gauche (20 sièges à la première Chambre) qui, après plus de 20 ans au gouvernement, doit totalement se refaire maintenant qu’il est à l’opposition.
On retiendra également la préparation du congrès d’un autre parti, le FFD. Cette petite formation de gauche attire l’attention depuis qu’un certain Hamid Chabat, ancien patron de l’Istiqlal et auparavant du bras syndical l’UGTM, qui a décidé de la rejoindre à la veille des dernières élections du 8 septembre. Aujourd’hui, selon certaines indiscrétions, il s’apprête même à en prendre la tête et la doter de son propre bras syndical.
