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Pouvoirs

Note de cadrage PLF 2023 : Akhannouch fixe le cap

Le 5 août, le Chef de gouvernement a envoyé la lettre de cadrage du Projet de loi de finances (PLF) aux différents départements ministériels. Une lettre qui trace les priorités tout en mettant en avant les choix qui en seront le contenu.

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En lisant le document de 14 pages relatif à la lettre de cadrage du PLF 2023, les analystes y sont allés chacun de son propre couplet et selon sa propre grille de lecture. Sachant surtout que certains l’auraient prise pour le PLF proprement dit. Seulement voilà, 14 est une goutte dans la mer des centaines de pages qui devraient être en phase d’élaboration par les différents départements ministériels. Mais tout en gardant présent à l’esprit le fond et les priorités qui sont déclinés dans la lettre de cadrage. Puisque c’est elle qui constitue la philosophie même de ce que devrait être le Projet de la loi de finances.

Texte et contexte

Certains avancent l’idée de la prudence du Chef de gouvernement Aziz Akhannouch, d’autres y voient des ambitions plutôt contrariées par les éléments exogènes de nature conjoncturelle. Lesquels renvoient autant à une situation domestique qu’internationale.

Or, au regard de la situation économique autant sur le plan national que de par le monde, il est clair que les incertitudes demeurent encore prégnantes. Sans omettre de vue les tensions géostratégiques qui en rajoutent aux doutes quant au retour bref au statu quo ante d’avant les crises. Notamment sur fond des confrontations entre la Russie et l’Ukraine. Avec tout ce que cela a charrié au niveau international et dont les effets ont été pour le moins dévastateurs, avec la pression sur les prix des produits pétroliers et le marché des céréales. Ce qui n’a pas manqué d’impacter la facture énergétique. Et ce n’est certainement pas demain la veille que l’état des lieux actuel sera plus clair. Par ailleurs, il n’est pas anodin d’ajouter les deux années de pandémie dont le coût a été exorbitant, sur fond de l’effort consenti par l’Etat en vue de réduire les impacts sur de larges pans du tissu sociétal qu’économique du pays. Encore faut-il additionner l’une des pires sécheresses, doublée de la raréfaction de la ressource hydrique, que le Maroc ait connues sur les dernières années. Avec une telle ribambelle de contraintes, autant en déduire que les marges de manœuvre, sur le plan budgétaire, restent plutôt limitées.

L’État social pour objectif

Ceci étant, et nonobstant les contraintes budgétaires qui s’annoncent, le gouvernement par le truchement de la lettre de cadrage s’engage à garder le cap sur le social. Plus particulièrement, mais pas uniquement, deux dossiers structurants. A savoir la réforme de la Santé et la généralisation de la couverture sociale. Deux chantiers, faut-il le rappeler, actés sur Hautes instructions royales. Qui plus s’inscrivent dans le cadre d’un plus large choix, puisqu’ils sont émanations et leviers pour la consolidation de l’Etat social. Auxquels il faudra ajouter la poursuite d’une autre réforme non moins structurante qui est celle de l’Education.

ne dimension tout aussi importante et la lettre de cadrage du PLF ne manque pas de souligner est celle relative à la toute nouvelle charte de l’investissement, dont le caractère cardinal est qu’elle tend à le promouvoir dans une double perspective. D’abord, parce que la création d’emplois passe inéluctablement par son truchement et, ensuite, du fait que l’ambition est de lutter contre les disparités spatiales. Surtout que certaines zones attirent davantage d’investissements, alors que d’autres, plus nombreuses, sont à la traîne. Bien entendu, il est clair que les recommandations du Nouveau modèle de développement constituent la charpente de l’approche gouvernementale pour l’élaboration de ce qui devrait être considéré son premier PLF, sachant que la LF de l’exercice précédent a été établie à cheval entre deux mandats. Or, c’est justement à l’aune de la mouture finale du PLF qu’on jugera des choix du gouvernement. A partir du moment qu’on n’en est pas là encore, on devrait patienter un peu !

Surtout que d’ici là, personne ne serait en mesure de scénariser la situation notamment liée aux éléments exogènes qui risquent de peser. Toujours est-il que la lettre de cadrage offre néanmoins une certaine visibilité, voire une lisibilité quant aux priorités que se fixe le gouvernement pour l’exercice en devenir. L’espoir est qu’on puisse avoir de bonnes nouvelles en cours de route !

Certaines priorités en quelques lettres

• Le renforcement des bases de l’État social. Ce dernier passe, entre autres, par la généralisation des allocations familiales, l’accélération de la mise en œuvre du Registre social unifié, la poursuite de la mise à niveau du secteur de la Santé, etc.

• La relance de l’économie nationale. Celle-ci passe, principalement, par la promotion de l’investissement public et privé, la mise en œuvre de la nouvelle charte de l’investissement, le renforcement de la stabilité et de la justice fiscale par le truchement de la mise en œuvre de la loi-cadre relative à la réforme fiscale, etc.

• La consécration de la justice spatiale. Celle devant passer par la consolidation de la régionalisation, la poursuite des projets majeurs relatifs, notamment, à la réforme de l’administration, et bien entendu, davantage d’efficacité en ce qui concerne la réforme des CRI, etc.

• La récupération des marges de manœuvre financières en vue de garantir la durabilité des réformes. Ceci passe, notamment, par plus d’efficience et d’efficacité en les orientant vers des domaines à fort impact social et économique, la rationalisation des dépenses, mais aussi la réduction de ces mêmes dépenses relatives des véhicules, de construction ou d’aménagement des sièges administratifs. Autant dire que les différents départements ministériels sont invités à se serrer la ceinture, etc.