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Diplomatie

Maroc-Israël : Des promesses et des prérequis

Les relations entre le Royaume et l’Etat hébreu sont sur la voie de la consolidation. Le potentiel est certes conséquent, encore faut-il le fructifier. La question du Sahara revêt un caractère central dans cette dynamique. L’avis de deux éminents analystes israéliens.

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Les récents déplacements de hauts responsables israéliens au Maroc ne laissent pas indifférents les grands commentateurs et observateurs des relations internationales, particulièrement au niveau de l’État d’Israël. Et toutes les analyses convergent en relevant que la relation multidimensionnelle entre Rabat et Tel-Aviv est sur la voie du raffermissement. C’est ce qu’a relevé, dans une intervention sur une chaine de télévision israélienne, le géopolitologue Meir Masri qui considère que ces relations «ont atteint des niveaux sans précédent et qu’elles vont au-delà d’une normalisation». En effet, pour ce maître de conférences à l’Université hébraïque de Jérusalem, il faut d’ores et déjà parler d’un «partenariat stratégique au plein sens du terme», puisque couvrant des dimensions économiques, sécuritaires, militaires, de renseignement, etc.

Or, cela répond, souligne l’expert en relations internationales, à l’impératif d’un intérêt commun à développer des relations bilatérales multidimensionnelles. Meir Masri, qui est aussi président fondateur de Middle East Pact, souligne en outre que ce partenariat stratégique revêt également une dimension géopolitique, notamment en ce qui concerne la présence d’Israël sur la carte du continent africain.

D’ailleurs, concomitamment avec la consolidation en marche de la relation bilatérale, Israël compte sur l’appui du Royaume, «qui a de profondes relations avec les pays africains», pour entrer à l’UA. Du coup, la coopération prendrait une caractéristique triangulaire. Ce qui fait dire à l’universitaire que «les horizons du développement de la coopération bilatérale sont sans limite», surtout que ces relations sont aussi fondées sur des socles sociohistoriques, voire humains, entre les deux peuples.

Libérer le potentiel !

Dans cette vision optimiste, Dr Eran Lerman, vice-président du Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS) abonde dans le même sens, en soulignant que «les deux pays partagent de nombreux intérêts communs et ont construit de solides relations», qui devront se raffermir davantage. Et si aujourd’hui ces relations évoluent de manière exponentielle et que les perspectives de la coopération bilatérale sont prometteuses, on peut s’attendre à leur raffermissement, estime l’ancien haut responsable de la politique étrangère et des affaires internationales au Conseil de sécurité nationale du cabinet du Premier ministre israélien. Et de citer la visite au Maroc du président de la Knesset, Amir Ohana, qui démontre, selon lui, que les socles sont forts.

Toujours est-il que, note E. Lerman, le potentiel ne pourrait être «libéré» sans des «relations diplomatiques complètes», ce qui «ouvrirait de nouvelles voies de coopération» sur les plans économiques (exploration gazière, technologies de l’eau, etc.), sécuritaires et autres. Mais cela passera, nécessairement, par la «reconnaissance officielle d’Israël de la souveraineté du Maroc au Sahara», insiste notre expert. Autrement dit, Israël a tout intérêt à franchir le pas.

Ce jeudi justement, à Rabat, le président du Parlement israélien, Amir Ohana, a affirmé que l’État d’Israël devrait aller de l’avant pour la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. «Je l’ai dit avant et je le redis maintenant, en tant que président de la Knesset, très clairement : Israël devrait aller de l’avant vers cet objectif de reconnaissance de la marocanité du Sahara, tout comme notre allié le plus proche, les États-Unis d’Amérique», a déclaré le haut responsable israélien, à l’issue d’un entretien avec le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami.