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L’étape du congrès franchie avec succès pour le RNI et l’USFP

Fort effet de séduction du nouveau RNI. En moins de quatre mois, il a enregistré 65000 nouveaux adhérents. L’USFP comme le RNI ont opté pour la social-démocratie, en tant que référentiel idéologique adapté au contexte marocain. Les deux partis ont renouvelé leurs organes et mis en place leurs instances dirigeantes à l’issue d’un débat riche et fructueux.

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RNI

RNI et USFP. A priori, rien ne rassemble ces deux partis, ni dans leur histoire, encore moins dans leur sociologie et le contexte de leur création. Pourtant, ces deux partenaires de la majorité gouvernementale ont, tous les deux, procédé au renouvellement, pour ne pas dire à la reconstruction de leurs organes. Cela a pris six mois pour le RNI avec la création de nouvelles organisations, et tout un mandat pour l’USFP qui a refait toutes ses structures depuis la base jusqu’au sommet. Les deux partis ont également adopté, ou plus précisément, confirmé leur référentiel idéologique qu’est la démocratie sociale (ou la social-démocratie, selon la terminologie consacrée). Le RNI et l’USFP ont, enfin, tenu leur congrès en même temps les 19, 20 et 21 mai. Mais les similitudes s’arrêtent là.

En effet, alors que l’USFP sort encore d’une zone de turbulences, le RNI est apparu plus serein, ouvert sur l’avenir et surtout soudé et homogène, malgré la diversité des origines territoriales et socioéconomique de ses militants, ce qui s’est répercuté sur son comportement, notamment, pendant ces six derniers mois. Le RNI nous a habitués, depuis peu, à moins de discours et plus d’action. Il a eu l’occasion de confirmer cette démarche lors de son sixième congrès. Cela s’est reflété dans le discours d’ouverture du congrès. Ainsi, on est loin des speechs idéologiques enflammés, de logorrhées populistes vides de sens et de positionnements politiques tranchés. Le discours d’ouverture du congrès, prononcé par le président Aziz Akhannouch, a été plus dans la pratique, avec en filigrane une démarche de proximité et une promesse d’action participative. Un discours qui marque la fin d’une étape, celle de la préparation des outils de travail, et le début d’une autre, celle de l’action. Cela rejoint parfaitement le thème choisi pour le congrès : «C’est ici que tout commence…». Un mot d’ordre qui incite, en même temps, les instances du parti, à savoir le bureau politique, le conseil national, les coordinations régionales, la fédération nationale des jeunes et celle des femmes, les organisations professionnelles et les ministres à se mettre, sans plus tarder, au travail. Une organisation parfaite, donc, et un timing précis. C’est ce qui a marqué ce rendez-vous. Tout s’est déroulé comme prévu et programmé. Autre signe de l’engagement collectif : les militants ont dû veiller, le premier jour, jusqu’à une heure très tardive, 2 heures du matin, pour éplucher, débattre et amender, quand il le fallait, les textes fondateurs du nouveau RNI qui devaient être soumis le lendemain au vote du congrès. En effet, les quatre commissions ont achevé leurs travaux tard dans la nuit du 19 au 20 et leurs rapports ont été soumis, à l’heure, à l’approbation des congressistes.

Affluence record

Ces réunions ont enregistré une forte participation des congressistes avec plus de 800 participants à la commission juridique, plus de 200 à la commission politique, 118 pour celle du programme du parti et plus d’une centaine ont pris part aux travaux de la commission financière. Les amendements proposés ont porté sur quelques points techniques, qu’il s’agisse des statuts ou de règlement intérieur. Le fond qui a déjà fait l’objet d’un large débat a été conservé. Mais il fallait tout repasser au crible pour ne pas laisser de place à l’erreur. C’est le moins que l’on pouvait attendre d’un RNI qui a déjà démontré, ces derniers mois, qu’il est capable de se mobiliser efficacement.

En effet, en moins de quatre mois, le parti a enregistré par moins de 65 000 nouveaux militants encartés, 12 000 d’entre eux ont réagi sur le réseau de communication mis en place pour les adhérents. Le projet de statut du parti a fait, à lui seul, l’objet de près d’un millier de commentaires, observations et suggestions. De même et en l’espace de deux mois, 112 congrès et assemblées ont eu lieu dans les différentes régions, dont 83 congrès provinciaux ayant débouché sur l’élection des membres du conseil national, en plus de 12 congrès régionaux des organisations des femmes et des jeunes, en plus de cinq congrès des organisations parallèles. Sur la même période, le RNI s’est enrichi de deux nouvelles organisations professionnelles, l’une rassemblant les ingénieurs du parti, l’autre, ses avocats. Cette restructuration a commencé avec les consultations régionales et a permis de soumettre à l’approbation des militants l’ébauche des nouveaux statuts du parti à travers les canaux de communication que le RNI a mis à leur disposition, que ce soit via son site web ou le «Mobil RNIdirect».

Le congrès a donc clos ses travaux, samedi, avec l’élection du nouveau bureau politique composé de 20 membres élus, 6 nommés par le président et les membres siégeant ès qualité, soit un total de 37 membres. Là encore les membres du Conseil national, environ 300 membres dont 200 élus par le congrès en plus des membres ès qualité, ont décidé de leur plein gré de confier au président la délicate mission de proposer une liste de membres qui seront à même de relever le défi, au lieu d’élire un groupe hétéroclite qui aura des difficultés à travailler en parfaite symbiose. Une liste fermée a finalement été proposée au vote et a été investie séance tenante à l’unanimité. Après tout, comme l’a souvent répété le président, faire partie du bureau politique n’est pas un privilège mais une lourde responsabilité. Le RNI doit être sur tous les fronts et il y a parmi ses rangs des militants qui sont plus habiles sur le terrain et d’autres qui maîtrisent la subtilité et les rouages de la politique et chacun doit être là où il servira le mieux son parti et les citoyens. D’ailleurs, une fois nommé, le bureau politique s’est immédiatement mis au travail. Une réunion a donc été tenue samedi, à l’issue de laquelle le RNI a souligné, notamment, actualité oblige, que «la concrétisation du développement et du progrès dans la région d’Al Hoceima nécessite un climat de sécurité et de quiétude qui encourage la réalisation de projets de développement».

Nouvelle dynamique

Le RNI a, d’ailleurs, mis en avant «la nécessité d’interagir positivement avec ces revendications et avec toutes les initiatives visant à trouver des solutions efficaces, précisant qu’il a engagé un débat profond au sujet de ce mouvement de protestation, partant de son attachement aux constances de la Nation et aux principes qu’il ne cesse d’exprimer». Le bureau politique s’est, en outre, dit disposé à jouer pleinement son rôle, dans ce cadre, en tant que membre du gouvernement et en tant que formation politique agissante au sein de la majorité, appelant les élus locaux, qui sont des relais entre les citoyens et les institutions de l’Etat, à assumer pleinement leurs responsabilités envers les citoyens et à rester en permanence à leur écoute. Une réaction qui colle parfaitement à la nouvelle politique du parti qui est d’être présent sur le terrain et surtout attentif aux attentes et aux revendications des citoyens. Dans cette même logique, le RNI a annoncé son intention de créer, immédiatement, deux commissions qui se pencheront sur des solutions et initiatives de nature à développer les secteurs de l’enseignement et de la santé, en application de la vision du parti qui accorde la priorité à ces deux secteurs.

C’est un constat, le président du RNI a appelé, tout au long de ce congrès, tous les membres du parti à adhérer avec force à la dynamique du renouvellement et de restructuration enclenchée par leur formation politique. Une dynamique qui devrait se poursuivre avec la mise en œuvre de sa nouvelle politique de proximité et de sérieux, les militants du parti sont appelés à se rapprocher davantage du citoyen et à être à la hauteur de cette nouvelle dynamique du parti avec une présence quotidienne sur le terrain. L’action du terrain est, non seulement dans l’ère des temps avec les mutations que connaît le monde, mais également le seul moyen d’être vraiment au fait des attentes des citoyens. En effet, la responsabilité de l’homme politique de proximité, comme l’a précisé le président du RNI, doit se focaliser sur le citoyen pour trouver les solutions adéquates à ses problèmes et répondre à ses besoins. Et cela dans le cadre du nouveau pacte social du parti inspiré de la référence social-démocrate. Car, cette fois, le RNI a opté pour un référentiel idéologique clair et assumé : la social-démocratie avec ses valeurs de solidarité, d’ouverture et de liberté, mais également sur le volet économique, de l’encouragement de l’initiative privée.

Cela, en restant dans le contexte marocain. Le RNI s’accroche ainsi à un islam marocain, modéré, tolérant et de juste milieu. En somme, comme le précise cet analyste politique, «un parti véritablement centriste, ni libéral ni socialiste, ni conservateur ni moderniste, mais à la recherche d’un équilibre équitable entre les libertés individuelles de tous et la responsabilité de chacun envers tous». De toutes les manières, le parti maintient le débat ouvert, dans ses rangs, pendant les mois à venir pour affiner sa doctrine idéologique et finaliser sa charte sociale.

En même temps, et du côté de Bouznika, les militants du parti de la rose tenaient leur 10e congrès. La rencontre, à l’exception de quelques incidents mineurs, s’est déroulée dans une ambiance plutôt calme. De manière globale, les 1 500 congressistes qui se sont déplacés vendredi dernier à Bouznika ont pu accomplir leur mission sans heurts. Le fait qu’il n’y ait pas eu de challengers pour le poste de premier secrétaire a certainement contribué à apaiser les esprits. De même que la sortie des contestataires, surtout les dix membres du bureau politique, qui se sont déclarés peu avant le congrès, s’est finalement révélée une fausse alerte, sans plus. Et c’est sans surprise que l’unique candidat, Driss Lachgar, qui assure déjà la direction du parti depuis 2012, a recueilli 1 044 voix sur un total 1 202, alors que 158 voix restantes ont été annulées. Il a ainsi obtenu 86,85% des suffrages des 1500 congressistes réunis à Bouznika. Pour Driss Lachgar, «la réussite de ce 10e congrès insuffle une dynamique et un nouveau départ pour les socialistes».

Diplomatie parallèle

Sur le plan organisationnel, le premier secrétaire a dû faire, volontiers, quelques concessions. Les socialistes ont d’ailleurs su, souvent, trouver un terrain d’entente pour éviter autant que faire se peut les divisions dont ils ont tant souffert. Ainsi, les projets de décisions de nature organisationnelle qui ont été proposés pour validation au congrès ont finalement été amendés. En ce sens, le premier secrétaire ne pourra pas nommer, comme le voulaient ces projets, à hauteur du tiers les membres du conseil national du bureau politique.

Il a été finalement décidé que c’est le congrès qui élira désormais les membres de ces deux instances et, en même temps, le premier secrétaire pourrait nommer les experts et les cadres selon sa convenance dans un nouvel organe qui vient d’être institué, le secrétariat national qui ne dispose pas de compétences de nature décisionnelles.

On aura remarqué, au demeurant, le retour en force du conseil national et la disparition de la commission administrative dont la mission sera assurée par le conseil national composé de 300 membres, dont 10% des jeunes de moins de 35 ans. Bien sûr, ce congrès, qui a également adopté les rapports moral et financier ainsi qu’un communiqué final, a été une occasion d’examiner la donne politique nationale et internationale, ainsi que les orientations du parti et l’élaboration des recommandations pour préparer la future stratégie du parti. On notera la présence des dirigeants des principaux partis politiques de gauche en Afrique de l’Ouest, mais également le déplacement de Luis Ayala, secrétaire général de l’Internationale socialiste et Konstantin Woinoff, coordinateur général de l’Alliance progressiste, un réseau mondial des partis progressistes, sociaux-démocrates et socialistes fondé en 2013 et qui réunit 80 partis sociaux-démocrates et progressistes, syndicats et ONG. C’est pour dire qu’en matière de diplomatie parallèle, l’USFP n’a ménagé aucun effort. Par ailleurs, la conjoncture dans laquelle s’est déroulé le congrès a été marquée par la participation de l’USFP à l’actuelle majorité gouvernementale, en tant que choix décidé par les instances nationales compétentes du parti. Surtout après que les concertations, entravées pendant plus de cinq mois, ont confirmé que l’USFP a été et reste un composant nodal dans l’équation politique après les dernières élections législatives non seulement au niveau de la majorité gouvernementale, mais également au niveau de la polarisation intervenue lors de l’élection de la présidence de la Chambre des représentants.

Et Driss Lachgar de conclure que ce dixième congrès de l’USFP, tout en réitérant l’identité social-démocrate du parti et en se déclarant fier d’être au cœur de la gauche marocaine, «œuvre à ce que ses positions et initiatives soient empreintes de réalisme, et ce, à travers des slogans et des choix réalisables et des alliances et coordinations qui servent les intérêts des masses populaires et du pays sans contredire ses principes et son histoire».