Pouvoirs
Les projets du nouveau recteur de l’IRCAM
Ahmed Boukous, linguiste de 57 ans, remplace Mohamed Chafik à la tête
de l’IRCAM
Il entend faire valider la graphie tifinagh par l’organisation internationale
«ISO-Unicode».
On le savait trop fatigué pour supporter encore ses lourdes fonctions à la tête de l’Institut royal pour la culture amazighe (IRCAM). Moins de deux années après sa nomination par S.M Mohammed VI, en janvier 2002, en qualité de recteur de l’institut, Mohamed Chafik remet, à 76 ans, le flambeau à un autre défenseur invétéré de la langue et de la culture amazighes au Maroc: Ahmed Boukous. Formateur, chercheur et intellectuel, le nouveau patron de l’IRCAM, 57 ans, est docteur d’Etat en linguistique. Il occupait déjà le poste de directeur du Centre de l’aménagement linguistique à l’institut.
Pour rappel, l’IRCAM a vu le jour par dahir, suite au discours royal prononcé à Ajdir le 17 octobre 2001. L’adoption, quatorze mois après le discours d’Ajdir, de la graphie autochtone tifinagh est la plus grande réalisation de l’IRCAM. Les alphabets arabe et latin ont ainsi été écartés au profit de la graphie originelle, le tifinagh, vieille de près de 3000 ans.
Le nouveau recteur, M. Boukous, continuera l’action amorcée par son prédécesseur. «Pendant une année, nous avons sous la direction de M. Chafik lancé les premières structures de l’institut. Il nous faut maintenant devenir une institution moderne, professionnelle, opérationnelle et performante».
S’il est un projet qui lui tient particulièrement à cœur c’est bien la validation de la graphie tifinagh par l’organisation internationale ISO-Unicode, chargée de la standardisation de toutes les graphies à travers le monde.
Un nouveau manuel de langue amazighe
Côté enseignement de l’amazigh, un chantier expérimental a été ouvert cette année avec l’enseignement de cette langue dans 317 écoles, disséminées, dit M. Boukous, «aussi bien dans les régions amazighophones qu’arabophones». Mais avec quels moyens pédagogiques, quels formateurs et quels manuels scolaires pourra-t-on dispenser l’enseignement de l’amazigh ?
Les cadres de l’IRCAM ont certes contribué à la formation des instituteurs et des inspecteurs pour l’enseignement de l’amazigh. «Nous allons continuer le travail de formation en vue de l’approfondissement sur le plan pédagogique et didactique». Un seul manuel est actuellement à la dispositions des instituteurs et concerne seulement les activités orales dans l’apprentissage de cette langue. Mais un nouveau manuel sera prêt dans les prochaines semaines; il concerne «l’apprentissage de l’amazigh par la lecture, l’écriture et des exercices».
Pour ce qui est de la généralisation de l’enseignement de la langue amazigh à tous les niveaux scolaires, et dans tout le pays, comme le réclame le tissu associatif amazigh, ce sera fait de manière progressive.
Le même tissu associatif exprime avec insistance une autre revendication : la reconnaissance constitutionnelle de l’amazigh comme langue nationale et officielle au même titre que la langue arabe. «La constitutionnalisation de l’amazigh est une question qui devrait faire l’objet d’un consensus entre les différents partenaires institutionnels et associatifs. Il est vrai que la reconnaissance officielle de la langue amazighe contribuera à lui donner une plus grande importance au niveau institutionnel», reconnaît le nouveau recteur de l’IRCAM
