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Les prémices du syndrome Amaoui

Sans parler encore de crise ouverte entre la FDT et l’USFP, on peut déceler un syndrome Amaoui déjà à l’œuvre.

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En décembre 2002, commentant la décision prise par l’USFP de créer une nouvelle centrale syndicale, la Fédération démocratique du Travail (FDT), nous nous demandions (voir La Vie économique du 6 décembre 2002) pour combien de temps encore l’idylle entre le parti et le syndicat durerait avant que l’évolution cyclique ne reprenne de nouveau son cours inexorable.
Il semble que l’histoire s’accélère. Sans parler – pas encore? – de crise ouverte ou d’affrontement entre la FDT et l’USFP, on peut déjà déceler ce que notre collègue Larbi Lakhal (voir ci-dessus) appelle le syndrome Amaoui («les troupes sont à moi»).
Cette évolution cyclique s’explique par une imbrication très étroite entre le parti et le syndicat. Les vieux militants du parti et de la centrale dirigée par Mahjoub Benseddik ont tous en mémoire le film de la relation tumultueuse entre l’UNFP et l’UMT, durant les années soixante et soixante-dix. Il en avait résulté une paralysie du parti. La crise qui n’avait trouvé son issue qu’avec la création de l’USFP, en 1972, et celle de la CDT, en 1979.
Mais quelques années plus tard, le même scénario allait se répéter entre le parti et la direction syndicale. On sait dorénavant comment Mohamed Noubir Amaoui imposait les siens à la direction du parti et exigeait, à chaque congrès national du parti, un quota de syndicalistes amaouistes au comité central et au bureau politique. Le point d’orgue fut le retrait de l’aile syndicale amaouiste du VIe congrès national de l’USFP en mars 2001.
M. Amaoui avait créé son parti, le Congrès national ittihadi (PCNI), présidé par le numéro deux de la CDT, Abdelmajid Bouzoubaâ. Et l’USFP créa une nouvelle centrale syndicale qui lui était (en principe) inféodée, la FDT, dirigée par un membre du bureau politique du parti, Taïeb Mounchid.
Indispensable séparation
Il est maintenant avéré que le couple USFP-CDT portait en lui les germes de sa propre rupture. Une évolution condamnée à se reproduire tant que la relation incestueuse entre le parti et le syndicat se poursuivait. La séparation organique entre les deux structures demeure le seul moyen de briser ce cycle infernal.
Or, même si bon nombre de dirigeants syndicalistes avaient suivi Noubir Amaoui, il n’en reste pas moins qu’à la lecture de la liste des membres de la commission administrative élue par le VIe congrès du parti, on découvre qu’un certain nombre de premiers responsables syndicaux ont été élus (Abderrahmane Chennaf, Taïeb Mounchid, Houcine Kafouni, Ahmed Hssaïni). Ce qui montre que le parti n’était pas encore prêt au désengagement entre le syndicat et le parti.
L’expérience du Parti communiste français (PCF) est édifiante à ce sujet. Il y a huit ans déjà, il avait décidé que le secrétaire général de la CGT (une centrale syndicale qui a toujours été organiquement liée au PCF et dont le SG était membre de droit du bureau politique du parti) ne fasse plus partie ni du bureau politique, ni même du comité central du PCF. Aujourd’hui, le lien organique s’est dissous. La CGT demeure la principale centrale syndicale en France. Si elle était restée organiquement liée au PCF, ce dernier l’aurait entraîné dans sa chute.
A moins, donc, d’une séparation de corps, précédant l’indispensable dissolution du lien organique unissant l’USFP et la FDT, on n’a pas besoin d’être devin pour prévoir la suite des événements. La voie est connue. Il faut aujourd’hui le courage politique de l’emprunter avant qu’il ne soit trop tard