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Les confessions de Ahmed Osman

Attentat de Skhirat : il était au courant mais n’a pas osé le dire à  Hassan II.
La réintroduction du bicaméralisme au Maroc avait un objectif politique.
Il s’est résolu a quitter la présidence du parti et ne souhaite pas retourner au gouvernement.
L’entrée du PJD dans le jeu politique sera une expérience assez positive.

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La Vie éco : Le congrès du RNI a été reporté quelques jours seulement avant la date prévue, pourquoi ?
Ahmed Osman : Nous l’avons reporté à  la demande de plusieurs coordinateurs régionaux. Plusieurs éléments entrent en jeu, et même matériellement, il y a des problèmes qui ne dépendent pas de nous : logement, repas, organisaton matérielle, sans oublier les listes de participants qui ne sont pas toutes arrivées…

Combien de participants prévoyez-vous pour ce congrès ?
Pas moins de 4 000.

Pour quel coût ?
En général, c’est un peu élevé : entre 400 et 450 millions de centimes.

Et vous comptez vous retirer de la présidence du parti à  l’issue de ce congrès ?
Je l’ai annoncé depuis plus d’un mois. C’est une initiative que j’ai prise moi-même, personne ne m’y a obligé.

Vous maintenez votre décision ?
à‰videmment, pas mal de nos militants et cadres ne partagent pas ma décision de retrait, mais finalement, c’est le congrès qui va décider. Cela fait 30 ans que j’ai créé et que je dirige ce parti.

Et si les congressistes vous demandent de rester ?
Je peux rester sous une forme ou une autre.

Comme «président fondateur» par exemple ?
La plupart insistent là -dessus. Certains parlent de «président fondateur» ou «d’honneur», mais on peut trouver une formule. Le problème n’est pas là .

Plusieurs noms de successeurs éventuels sont cités. Avez-vous trouvé un accord concernant le futur dirigeant du RNI ?
Pour le moment non.

Qui est votre favori ?
C’est difficile à  dire. Il y a plusieurs candidats. L’essentiel est que le président soit désigné de manière démocratique.

Mustapha Mansouri et Mustapha Oukacha sont les noms les plus récurrents…
Peut-être y aura-t-il d’autres candidats.

Mohamed Aujar, par exemple ?
L’on dit qu’il est possible qu’il se présente. Pour le moment, ce sont les trois noms qui sont cités.

En acceptant de quitter la tête du parti, vous avez exigé un quitus concernant vos trente années de gestion. Vous avez des choses à  vous reprocher ?
Je n’ai rien à  me reprocher, c’est une chose qui se fait, que tous les partis font normalement.

Vous trouvez normal que l’on ne vienne pas vous demander des comptes…
Tout le monde peut demander des comptes, c’est évident. Quant à  l’argent du parti, nous en avons durant la période des élections mais nous sommes peut-être le seul parti à  avoir redistribué tout l’argent à  ses candidats, aussi bien ceux qui ont réussi que ceux qui ont échoué, à  l’exception d’une somme symbolique gardée pour le fonctionnement du parti. D’ailleurs, cela a gêné plusieurs formations : Mohand Laenser, du Mouvement populaire, nous a félicités mais nous a fait savoir que nous lui avions causé des problèmes car nous avons pris une initiative assez inattendue.

On retient que vous n’avez rien à  vous reprocher, mais que vous voulez quand même un quitus ! Le RNI est-il prêt pour les élections de septembre ?
Aujourd’hui, nous nous préoccupons essentiellement du congrès. Nous allons essayer d’être prêts pour septembre. Nous avons toujours eu des résultats appréciables.

Pensez-vous faire partie du prochain gouvernement ?
Nous avons d’excellents rapports avec tous les partis politiques y compris le PJD. L’idée de faire entrer le PJD dans le jeu politique est une idée que nous avons proposée depuis pas mal de temps, à  certaines occasions. Pour le Maroc, ce sera une expérience assez positive.

Quels sont les partis qui, selon vous, constitueront la future coalition gouvernementale ? Le PJD, le RNI…
Nous n’excluons personne. Cela dépend de plusieurs choses.

Si le PJD, le RNI et la Mouvance populaire avaient à  former un gouvernement, pensez-vous que vous pourriez le diriger ?
Je n’y tiens pas. J’ai été Premier ministre pendant huit ans, et aussi président du Parlement pendant 8 ans, j’ai aussi occupé toutes sortes de fonctions.

Votre carrière est certes riche , comment a-t-elle commencé ? Comment s’est passée votre première rencontre avec Hassan II ?
Le défunt Roi Mohammed V avait décidé, de concert avec le Mouvement nationaliste, de désigner les cinq meilleurs élèves du Maroc pour accompagner le Prince héritier dans sa scolarité. C’est comme cela que j’ai été choisi, à  l’époque, pour rejoindre le Collège royal de Rabat. Cela m’a posé un problème au départ car j’avais déjà  commencé mes études dans la section mathématique alors que le Prince héritier faisait un Bac philosophie. Hassan II n’était pas fort en mathématiques, il appréciait la philosophie et les lettres. A mon arrivée à  la gare de Rabat, j’ai été accueilli par Mehdi Ben Barka chez qui j’ai passé le week-end avant de rejoindre le Collège royal.

Que pouvez-vous dire sur Mehdi Ben Barka ?
C’était quelqu’un d’extraordinaire. D’ailleurs, il était devenu, très jeune, un leader de l’Istiqlal. Il avait des valeurs et était extrêmement compétent. Il y a toujours eu un malentendu concernant Ben Barka: il se dit encore que c’est Hassan II qui avait ordonné sa liquidation, ce qui est faux. Hassan II avait les meilleures relations possibles avec Mehdi Ben Barka au moment o๠ce dernier a été tué. Ils étaient certes opposés aussi bien sur le plan idéologique que concernant les choix politiques du pays, mais le défunt Roi avait changé de position vis-à -vis de Ben Barka et avait même décidé de le convoquer et de l’impliquer dans des responsabilités.

Vous semblez cependant insinuer que la responsabilité de sa mort revient à  la partie marocaine…
Je pense qu’il s’agit de personnes qui étaient contre la réconciliation entre Ben Barka et le Roi, certainement Oufkir et son entourage. D’ailleurs, j’ai eu, à  ce sujet, nombre de problèmes avec sa Majesté quand j’étais directeur du Cabinet royal : des gens me renseignaient sur les complots d’Oufkir, et feu Hassan II ne voulait pas y croire. Un jour, il m’a envoyé Ahmed Bahnini, notre professeur au Collège royal, pour me demander de ne plus lui parler de Oufkir. Il s’est rendu compte de son erreur après les tentatives de coup d’Etat. J’ai aussi été contacté maintes fois par quelqu’un d’Oujda qui s’appelle Touhami et qui est aujourd’hui installé en France. Il m’écrivait des lettres concernant des évènements qui finissaient par se produire. Je pense qu’il entretenait des rapports avec un certain nombre de services secrets étrangers. Je communiquais toutes ces informations au Roi. Un jour cependant, je n’ai pas osé le faire. Il avait écrit : «Le coup d’Etat aura lieu le jour o๠Mohamed Abdelouahab chantera». Je m’étais dit que ce n’était pas la peine de le dire au Roi car il allait se moquer de moi. J’ai failli m’évanouir le jour o๠j’ai vu Mohamed Abdelouahab à  Skhirat…

Ce Touhami est toujours installé en France ? Que fait-il aujourd’hui ?
Oui. Il doit avoir des affaires à  gérer. Il me contacte encore, de temps en temps. C’est extraordinaire, car même maintenant, il est tellement bien renseigné : il me parle des activités de Driss Basri.

Driss Basri ! Pourquoi vous ?
Sans doute parce que j’ai été son ennemi numéro un.

Vous n’avez pas eu de chance avec les ministres de l’intérieur !
C’est parce que je disais certaines vérités.

Qu’est-ce qui vous opposait ?
Un tas de choses. Même pour le Sahara, il avait pris des dispositions, il s’occupait de ses affaires, favorisait certains Sahraouis au détriment d’autres.

On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’un conflit personnel…
Driss Basri a fait trop de mal, beaucoup de fautes, d’erreurs. Dans ses interviews, il a tout fait porter au défunt Roi. Il faut assumer ses responsabilités.

Revenons à  vos relations avec feu Hassan II. Après les attentats de Kénitra et Skhirat en 1971 et 1972, vous êtes devenu directeur du Cabinet royal puis Premier ministre. Un signe de confiance, a posteriori…
Je suppose. Dans l’avion, lorsque nous avons commencé à  être bombardés, le Roi a pensé que c’était des Libyens. Je lui ai dit que c’était Oufkir notre Kadhafi à  nous. Je lui ai dit «Majesté, je vous en supplie, dès que nous atterrissons, allez vous cacher quelque part». Le Roi leur a dit : «Dites-leur que je suis mort». Grâce à  quoi nous avons cessé d’être bombardés.

Que s’est-il passé ensuite ?
A ma descente d’avion, j’ai dit à  Hassan II : «Majesté, vous allez voir. Comme d’habitude, les membres du gouvernement seront là , à  vous attendre, seulement, vous ne verrez pas Oufkir parmi eux parce qu’il concocte d’autres choses». Quand nous sommes descendus d’avion, le gouvernement était bien là  et il n’y avait pas Oufkir. Le Roi, comme je le lui avais conseillé, est parti se cacher. Heureusement pour lui. Par la suite, de chez moi, j’ai vu des avions bombarder le Palais royal. Hassan II ne se méfiait pas assez de Oufkir, pas plus que de Dlimi…

C’est-à -dire ?
J’ai essayé à  plusieurs reprises d’attirer l’attention de Sa Majesté sur un certain nombre d’éléments : une fois, j’ai reçu une lettre d’un officier de Taza par l’entremise de Abdelmajid Belmahi qui était, à  l’époque, ministre de la santé. Ce dernier était venu me voir à  3 heures du matin. Il m’a remis ladite lettre que je devais remettre au Roi en mains propres. Le lendemain matin, j’ai téléphoné à  Sa Majesté pour l’en informer. Ahmed Dlimi est alors venu me demander la lettre. Je me suis excusé en lui disant que je m’apprêtais justement à  rentrer chez moi car je l’avais oubliée à  la maison. En réalité, je voulais éviter que Dlimi soit l’intermédiaire. Sa Majesté m’a alors téléphoné et m’a reproché ma méfiance vis-à -vis de tout le monde. Il m’a ordonné de l’attendre à  Dar El Makhzen. Quand il est venu, je suis monté à  côté de lui dans sa voiture, et il m’a demandé : «O๠est la lettre ? Lis-la-moi». Cet officier y racontait une réunion tenue par Oufkir la veille, à  Fès, au cours de laquelle il avait annoncé qu’il allait tuer le Roi. J’ai été très gêné car Sa Majesté m’avait demandé de ne plus lui parler de Oufkir. J’ai su par la suite qu’il lui avait montré la lettre et que le général Oufkir lui avait juré sur le Coran que c’était faux…

Revenons à  votre carrière politique, qui commence en 1955. Vous avez été conseiller juridique au cabinet de feu Mohammed V. A partir de cette date, votre ascension a été très rapide, et vous avez pu, entre autres, mettre la main à  la pâte dans la conception de plusieurs Constitutions…
En 1972, en tant que directeur du Cabinet royal, j’ai eu cette occasion. La Constitution de 1972 est la plus importante à  mon avis, parce qu’elle a été élaborée par un ensemble de personnalités politiques. J’étais le coordinateur des travaux, et les réunions se tenaient tantôt au Cabinet royal, tantôt chez moi avec Allal El Fassi, Abdallah Ibrahim, Abderrahim Bouabid, etc. C’est une Constitution qui a été préparée avec l’aide des chefs de partis. J’ai également eu l’occasion de participer à  celle de 1975, puis à  celle de 1992. Cette dernière était avant-gardiste car elle donnait des pouvoirs plus importants au Parlement. Ainsi, jusqu’en 1992, le Premier ministre présentait son programme devant le Parlement qui le discutait, puis le Premier ministre entamait son travail. En 1992, nous avons prévu que le programme en question devait être voté par le Parlement après avoir été présenté par le Premier ministre, ce qui signifie qu’en cas de non-adoption du programme, le Roi serait obligé de changer de Premier ministre.

Mais jamais aucun Premier ministre n’a été rejeté par le Parlement…
Non, mais la Constitution a apporté un changement majeur. D’ailleurs, c’est une Constitution qui n’a pas été appliquée puisqu’en 1996 il y a eu un changement, avec l’instauration des deux Chambres, alors que Hassan II, que Dieu ait son âme, était contre le bicaméralisme. Il avait prévu la deuxième Chambre pour donner plus de poids à  l’opposition, tout simplement.

Vous avez vécu le bicaméralisme de la Constitution de 1963, puis le monocaméralisme, puis encore une fois le système bicaméral tel qu’il se présente aujourd’hui. Quel est le système le mieux adapté au Maroc, le plus efficace ?
Le plus efficace, c’est une seule Chambre. Les deux Chambres n’ont de raison d’être que dans certains pays. Par exemple, aux Etats-Unis, qui sont une fédération d’Etats, le Sénat est très important. Chez nous, le système bicaméral a un défaut : c’est le seul au monde o๠les deux Chambres ont pratiquement les mêmes attributions. Il faut qu’il y ait une complémentarité, sinon, on perd du temps : lorsqu’on veut changer deux ou trois lignes, il faut trois ou quatre mois. Je ne suis pas contre le bicaméralisme, au contraire, mais il faut que les attributions des deux Chambres se complètent. Je suis persuadé que si SM Hassan II était encore en vie, il aurait changé ce système : il serait revenu au monocaméralisme ou bien aurait changé les attributions des deux Chambres pour faire en sorte qu’elles se complètent.

Avec une deuxième Chambre à  représentation territoriale ?
Pourquoi pas ?

Si, aujourd’hui, vous êtes appelé, comme en 72 ou 96, à  participer à  l’élaboration d’une nouvelle Constitution, quels seraient les changements essentiels à  opérer selon vous ?
J’ai toujours insisté sur le fait que la Constitution doit prévoir la démocratisation du système. Par exemple, je ne suis pas contre le Premier ministre actuel, mais la critique qu’on lui fait est qu’il n’appartient à  aucun parti politique, qu’il a été désigné par Sa Majesté, et puis au sein du gouvernement lui-même, que les postes les plus importants sont donnés à  des gens qui n’ont aucune appartenance politique, aussi bien les Affaires étrangères que l’Intérieur ou les Habous, etc.

On reste étonné. Vous-même, vous avez été un Premier ministre technocrate…
Je ne suis pas contre les technocrates, mais, à  un certain moment, j’ai quand même pris des initiatives pour que, justement, la Primature ne soit plus entre les mains des technocrates. Cela peut arriver, d’ailleurs. Je cite souvent le cas de Raymond Barre : il a été un des meilleurs Premiers ministres français, mais il n’appartient à  aucun parti politique.

Après votre passage à  la Primature, vous avez occupé la présidence du Parlement de 1984 à  1992. Quel est votre souvenir le plus marquant de cette époque ?
C’était en 1990. Le Maroc traversait une situation économique délicate et les députés de l’USFP, de l’Istiqlal, ainsi que ceux du PPS menaçaient de voter une motion de censure à  l’encontre du gouvernement de Azeddine Laraki. La séance, qui a duré jusqu’à  6 heures du matin, promettait d’être très agitée. Sentant le danger venir, feu Hassan II, qui avait été informé par Driss Basri, alors ministre de l’intérieur, m’a téléphoné à  3 heures du matin, pour me dire de lever la séance. Je ne pouvais pas, parce que cela aurait créé des problèmes invraisemblables au Maroc, à  l’intérieur comme à  l’extérieur. J’ai donc donné la parole à  tout le monde : Ali Yata a parlé, M’hamed Boucetta, etc., et cela a permis de désamorcer la crise.

D’ailleurs, concernant Ali Yata, j’ai eu l’occasion de discuter avec Sa Majesté, et de recommander de le prendre en considération. Il n’a jamais voulu. Un jour, la décision a été prise en Conseil des ministres d’interdire le journal Al Bayane. A la suite du Conseil, j’ai demandé à  parler à  Sa Majesté et je lui ai dit : «C’est très mauvais d’interdire Al Bayane». Il a tenu compte de mes propos, et cela a été rapporté à  Ali Yata. Et il ne l’a jamais oublié. Un jour, lors de la réélection du président du Parlement, Ali Yata a demandé la parole et a dit à  M’hamed Boucetta, dont le parti, l’Istiqlal, présentait un candidat concurrent : M. Boucetta, je respecte celui que vous présentez, c’est un patriote, mais nous, nous avons un seul président, c’est le président de tout le monde, il ne favorise pas son parti, il tient compte de tous les partis politiques, etc., c’est M. Osman. C’est ainsi que j’ai été réélu.

Revenons justement à  la création du RNI. Normalement on crée un parti pour entrer au gouvernement, mais vous avez demandé à  quitter le gouvernement quand vous avez créé le vôtre, pourquoi ?
Cela ne m’intéressait plus, j’étais resté trop longtemps au gouvernement.

Que répondez-vous quand on dit que le RNI est un parti de l’Administration ?
C’est une erreur de dire cela : il avait été créé à  l’époque avec l’encouragement de Sa Majesté, mais ce n’est pas un parti de l’Administration, au contraire : s’il y a un parti qui a lutté contre l’Intérieur et qui a subi ses exactions, c’est bien le nôtre. A tel point qu’un jour, vers le début des années 80, j’ai appris qu’il y avait une réunion au Secrétariat particulier de Sa Majesté. Abdelfettah Frej, le chambellan, avait convoqué les gens de notre parti pour signer un document contre moi. Nombre d’entre eux l’ont fait, mais une personne a eu une attitude noble: c’est Najib Zerouali, actuel ambassadeur en Tunisie, qui a non seulement refusé de signer, mais a fait à  ce sujet une déclaration aux médias.

Parmi «les partis de l’Administration», le RNI est le seul à  avoir relativement bien résisté aux récents changements politiques…
Nous pourrions être encore plus forts, malheureusement, nous avons des problèmes avec trois ou quatre personnes…

A l’origine, vous étiez tous des SAP, sans idéologie ou programme commun. Avec le temps, le RNI a-t-il réussi à  se construire une identité ?
Oui, bien sûr, nous avons un programme et des idées. J’irai même plus loin : nous avons eu l’avantage d’instituer la social-démocratie dès notre congrès de 1983. Depuis la disparition du mur de Berlin et de l’Union soviétique, il n’y a plus de droite ni de gauche. Les partis maintenant doivent s’occuper du développement économique et social.

Quel regard portez-vous sur l’expérience de l’alternance avec le gouvernement Youssoufi ?
Dans l’ensemble, c’était une expérience positive : faire appel à  l’opposition pour intégrer le gouvernement, c’est le principe même de la démocratie. D’ailleurs, Sa Majesté nous a consultés en tant que RNI, et nous avons été évidemment d’accord pour que l’expérience soit tentée. Nous avons fait partie du gouvernement en question.

Quel bilan faites-vous de l’évolution de la scène politique marocaine depuis ?
Nous recommandons que la Constitution soit appliquée et qu’il y ait un gouvernement géré par un Premier ministre politique, mais je n’exclus pas qu’un technocrate soit membre du gouvernement.

Comment jugez-vous le travail du gouvernement actuel ?
C’est difficile à  dire, je n’ai rien contre tel ou tel ministre. à‰videmment, c’est un gouvernement qui va changer à  la lumière des résultats des prochaines élections, et puis la remarque que les gens font souvent et que j’ai moi-même faite, c’est que la plupart des postes importants sont attribués à  des gens qui n’ont pas d’étiquette politique.

Qui voyez-vous comme Premier ministre en 2007 ?
(Rire). Il m’est difficile de répondre à  cette question.

Quels sont les profils les plus intéressants à  vos yeux ?
Je ne veux pas me prononcer, car si je dis quelque chose, cela va être interprété d’une manière ou d’une autre.

Comptez-vous vous retirer définitivement de la politique ?
Définitivement, c’est difficile à  dire, mais il y a beaucoup de choses que je voudrais voir et faire.

Quelles sont les plus grandes satisfactions de votre carrière ?
La Marche verte, le traité de Madrid… C’est moi qui ai guidé la Marche verte, SM Hassan II voulait le faire lui-même, mais, avec les ministres, nous l’en avions dissuadé.

Et vos plus grandes déceptions ? Vos regrets ?
Au vu des évènements que j’ai vécus, ou des responsabilités que j’ai assumées, en général, j’ai été satisfait.