Pouvoirs
Le PJD et Forces citoyennes se serrent les coudes
Les dirigeants des deux partis se sont rencontrés trois fois en deux ans.
Une alliance qui dépasse le cadre conjoncturel.
Un travail d’affinement technique s’impose au préalable.

Un pacte de coopération et d’actions communes: c’est le résultat des tractations qui ont eu lieu au mois d’octobre dernier entre les dirigeants des deux partis, le Parti de la justice et du développement (PJD) de Saâd Eddine El Othmani et Forces citoyennes (FC) de Abderrahim Lahjouji. Le pacte n’a pas encore été signé, mais les deux partis ont convenu de la création de deux équipes de travail composées des experts des deux formations politiques pour se pencher sur quelques dossiers économiques, dont la Loi de finances de cette année.
Cette rencontre n’est pas la première du genre, et tout porte à croire que le rapprochement entre la formation islamiste et le parti libéral de l’homme d’affaires et ex-patron de la CGEM est en passe de devenir une alliance dépassant le simple cadre conjoncturel.
L’alliance électorale pour 2007 n’est pas exclue par les deux partis
Flash-back : en 2003, quelque temps après les élections communales, les dirigeants du PJD et ceux de Forces citoyennes se rencontrent pour échanger leurs points de vue et évaluer les résultats du scrutin. Rien de plus ordinaire, sauf que les deux partis se rendent compte, selon leurs dirigeants, qu’ils partagent les mêmes convictions et Å“uvrent pour les mêmes objectifs : celui, d’abord, de voir s’instaurer un paysage politique marocain empreint d’une plus grande moralité. Une année plus tard, en mai 2004 et sous l’impulsion de Lahcen Daoudi, membre du secrétariat national et député du parti, les deux formations appellent à une journée sur l’Accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et les Etats-Unis. Une sorte de journée de réflexion qui a été, par ailleurs, sanctionnée par un communiqué final o๠les deux partis déclarent appuyer sans équivoque l’initiative privée et le libéralisme solidaire. L’économie marocaine, avaient rappelé les deux partis, doit se doter des meilleurs outils pour mieux s’intégrer et ce de la manière la plus profitable pour les intérêts du pays, dans l’économie mondiale.
Octobre 2005 : un accord de partenariat est conclu qui attend la signature. M. Lahjouji, que nous avons rencontré pour en savoir plus sur ce rapprochement, nous dit assumer tout à fait cette alliance et n’éprouver aucune gêne à la tisser avec un parti, même islamiste, mais prônant un islam modéré, qui partage avec le sien «les mêmes exigences morales : transparence, éthique, honnêteté. Voilà la première passerelle qui a permis la mise en Å“uvre de ce rapprochement que nous voudrions traduire en actions.» Cette moralité n’existe t-elle qu’au PJD ? Ou serait-ce plutôt l’avenir prometteur d’un parti islamiste ayant le vent en poupe qui séduit Lahjouji dans la perspective des prochaines échéances électorales? «D’abord, précise M. Lahjouji, c’est un parti qui s’est ouvert sur nous et nous avons répondu à cette ouverture. Ensuite, chacun de nous, c’est vrai, a sa vision de la politique, mais nous avons des convictions économiques, politiques et culturelles libérales partagées, mais d’un libéralisme solidaire et non pas déchaà®né et sauvage, o๠le social et l’éthique ne sont pas de vains mots. Un libéralisme responsable et civique».
Que disent de ce rapprochement les dirigeants du PJD et pourquoi spécialement avec Forces citoyennes ? «M. Lahjouji est connu pour son intégrité et sa moralité. C’est en outre un parti jeune porteur d’espoir et son engagement est complètement tourné vers l’avenir.» Est-ce à dire que les dirigeants des autres partis sont dénués de cette moralité ? «Les autres partis sont indisponibles et trop occupés», tranche M. Daoudi.
Une alliance électorale entre les deux partis pour les prochaines législatives de 2007 ? Rien n’est exclu, répond M. Lahjouji, et d’ajouter : « Nous pensons à des commissions dans ce sens, mais, au préalable, un travail d’affinement technique de notre vision des choses s’impose pour que nos équipes se connaissent et s’apprécient mieux ». M. Daoudi, lui non plus, n’écarte pas cette hypothèse. Mais tout dépend, selon lui, du mode de scrutin qui sera adopté, proportionnel de liste, majoritaire à un seul ou à deux tours. «L’essentiel est de dégager une majorité parlementaire et un gouvernement homogène», conclut-il.
Exigences morales, intégrité… des termes qui reviennent dans les déclarations des deux partenaires pour expliquer le rapprochement entre les deux partis.
