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Pouvoirs

La Vie éco répond à  Al Alam: Tahiyyat Al Alam

Le rôle de la presse économique n’est pas d’opposer salariés à  employeurs. Il y a des vérités douloureuses qui interpellent. Dans l’intérêt de la nation, Il faut les dire.

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tahiat al alam 2011 04 22

La fébrilité affichée par le gouvernement en ces temps de dialogue social n’a d’égale que la maladresse avec laquelle certaines plumes tentent de défendre son Premier ministre. Dans son édition du 15 avril, La Vie éco avait titré en une: «Salaires : Abbas El Fassi a-t-il les moyens de ses promesses ?». Quatre jours plus tard, la presse économique a eu les honneurs d’un tir en bonne et due forme de la part de notre confrère Abdellah Bekkali, membre du comité exécutif de l’Istiqlal et rédacteur en chef d’Al Alam, le journal du parti. On présente notre ligne éditoriale comme celle d’une «dérive dans la défense de l’intérêt des entreprises», d’une «collusion avec les patrons» et on nous prie d’arrêter notre «militantisme visant à faire échouer le dialogue social». Si le commentaire est libre, si le débat est bienvenu, les accusations, elles, appellent réponse.

Il convient de dire à notre confrère de relire un peu plus attentivement ce que nous avons écrit et de prendre le temps de se détacher de sa logique populiste pour endosser sa casquette de citoyen marocain. Dans notre article, nous avons mis le doigt sur le fait qu’avant même que le dialogue social ne démarre officiellement, le Premier ministre a déjà engagé les finances de l’Etat à hauteur de 5,8 milliards de DH de surplus annuel, correspondant à la hausse de la masse salariale dans la fonction publique. Où est la «défense des intérêts de l’entreprise» dans ce cas ? De quelle entreprise parlons-nous ? Nous parlons de l’Etat et des finances publiques, nous parlons d’engagements pris dans la précipitation et qui risquent d’hypothéquer l’avenir. Défendre la hausse des salaires pour compenser la cherté de la vie c’est bien, mais que dire quand, en six ans, la masse salariale dans la fonction publique augmente de 35% alors que dans le même temps le coût de la vie, lui, n’a progressé, très exactement que de 12,7% ? Pire, pendant ce temps-là, la productivité du fonctionnaire n’a pas augmenté dans les mêmes proportions que les salaires. Pire, pendant ce temps-là, les coûts de la compensation explosent. Pire, en 2010, le Maroc a connu son plus lourd déficit depuis 2005, et en 2011 on se dirige vers le même chiffre. Pire, encore une fois, l’Etat doit s’engager dans quatre ans pour plus de 100 milliards de DH au titre de la réforme de son système de retraites.

Voilà donc les vérités que nous disons, cher confrère, et elles sont mues par l’intérêt national, car la dérive budgétaire est le plus dangereux des ennemis. Regardez la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Mais peut-être que vos soucis actuels sont plus terre à terre : la défense des décisions du Premier ministre, votre camarade militant, fût-ce au détriment de l’intérêt de l’Etat.