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Pouvoirs

La plupart des leaders politiques étaient des avocats

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La Vie éco : On remarque que les avocats font toujours partie des élites convoitées par les partis politiques…

Mourad Bakkouri : Le recrutement dans certains corps de métier est un phénomène qui date du lendemain de l’Indépendance. La plupart des partis politiques, surtout ceux qui appartiennent à la gauche, faisaient tout leur possible afin de recruter de jeunes cadres. Dans leur grande majorité, les cadres enrôlés étaient des lauréats des facultés de droit et surtout ceux qui ont choisi le métier d’avocat. Cette spécificité s’explique par le fait que ce métier matérialise la défense des citoyens contre tous les abus. A une période qui était caractérisée par une grande répression, l’argument était de taille. L’USFP et l’Istiqlal ont constitué pendant longtemps un réceptacle pour tous les jeunes avocats avides de justice et de démocratie. C’est ce qui explique l’hégémonie de ces deux partis sur la présidence de l’Association des barreaux du Maroc à la tête de laquelle ils s’alternaient. Il faut cependant nuancer ce constat, surtout en ce qui concerne les associations régionales des barreaux.

En effet, depuis quelques années, les bâtonniers de certaines villes sont des avocats parfois indépendants, appartenant souvent à la gauche, rarement aux partis de la droite. Aujourd’hui, on trouve des avocats affiliés à des partis comme le Mouvement populaire, l’Union constitutionnelle ou le Rassemblement national des indépendants sans qu’ils ne percent pour autant au niveau des associations des barreaux. Pourquoi cet engouement des partis politiques pour les avocats ? L’explication est toute simple. Au contraire des autres corps de métier, l’avocat est amené par le propre même de son travail à s’intéresser à la chose politique. D’ailleurs, la plupart des grands leaders qu’a connus le Maroc sur le plan politique ont été des avocats. Pour ne citer que ceux qui me viennent maintenant à l’esprit, je nommerai Abderrahim Bouabid, Maati Bouabid, Abderrahmane Youssoufi, M’hamed Boucetta… Actuellement, on peut citer Mohamed Elyazghi, Abbas El Fassi, Driss Lachgar, Mohamed Benjelloun. Historiquement, les partis politiques ont utilisé ces cadres dans leur confrontation avec l’Etat. Les partis voulaient montrer au Makhzen leur capacité à recruter également des élites. On remarque une quasi-absence des islamistes…

Cela a été vrai pendant plusieurs années. Maintenant, les islamistes ont une certaine représentativité au sein des associations des barreaux. Leur apparition est concomitante à l’existence d’un parti politique qui les représente. Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas d’avocats à la sensibilité islamiste mais qu’ils n’avaient pas de visibilité politique. Maintenant, cela a changé parce qu’il y a un parti politique auquel ils peuvent s’identifier. D’ailleurs, après les arrestations survenues au lendemain des attentats du 16 mai, plusieurs avocats ont manifesté leur sympathie aux personnes arrêtées en prenant en charge leurs dossiers. Mourad Bakkouri Membre du barreau de Raba.