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Pouvoirs

Istiqlal vs PJD : la crise gagne le Parlement

Retiré du gouvernement ou pas, l’Istiqlal reste à  la tête du Parlement. Avec tous les pouvoirs que cela lui confère.

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parlement1 2013 05 17

A première vue, rien n’avait changé ce lundi 13 mai sous la coupole du Parlement. Les députés ont continué à interroger les ministres pendant la traditionnelle séance des questions orales. Les partis de l’opposition se sont presque tous dit non concernés par ce qui venait de se passer deux jours auparavant. Que l’Istiqlal ait annoncé son retrait du gouvernement est une affaire qui ne concerne que la majorité. Le RNI comme le PAM ou l’USFP se sont néanmoins dit très préoccupés par la situation politique, économique et sociale à laquelle a conduit l’absence de cohésion et d’entente au sein de la majorité. Voilà pour les faits.

Dans les coulisses, l’initiative de l’Istiqlal a bien eu son prolongement au sein du Parlement. Abdallah Baha, ministre d’Etat et secrétaire général adjoint du PJD, a tenu à se réunir avec les députés de son parti pour leur faire transmettre un seul message : le temps est à la retenue. Dans l’autre camp, les députés de l’Istiqlal ont tenu à traduire dans les faits la décision de leur parti. N’étant, pas encore, dans l’opposition et n’étant plus totalement dans la majorité, les élus du parti de la Balance n’ont eu d’autre choix que de demander un temps mort. Une missive a été adressée, en ce sens, au président de la Chambre, l’Istiqlalien Karim Ghellab, pour lui demander de surseoir, en attendant une issue à cette crise de la majorité, à la programmation des textes de loi pour examen, débat ou vote aussi bien devant les commissions qu’en séances plénières.

Seulement, entre la décision et sa mise en œuvre, il y a un pas qu’il est difficile de franchir. A la première réunion de la commission de la justice, mardi 14 mai, il s’est avéré qu’il n’était pas évident de retarder l’action du Parlement sur demande des députés de l’Istiqlal. La direction du parti a donc été contrainte à faire marche arrière. Hamid Chabat qui s’est réuni avec les deux groupes parlementaires leur a demandé de continuer à travailler normalement : débattre, amender et voter les textes de loi en cours d’examen dans les deux Chambres.

Ceci n’est qu’un avant- goût de ce qui pourrait se passer sous la coupole dans les jours à venir. Sauf si M. Benkirane réussit à reformer sa majorité, soit avec les mêmes acteurs politiques ou avec de nouveaux partis. Dans ce dernier cas, il faudra s’attendre à une opposition plus virulente et bien plus structurée, si l’Istiqlal en fait partie. Il n’est pas non plus exclu que les deux membres de la Koutla, une fois réunis dans l’opposition, ressuscitent cette alliance. Bien sûr, et jusqu’au renouvellement des instances de la Chambre, à la mi-mandat, l’Istiqlal reste à sa présidence avec ce que cela suppose comme pouvoir sur son fonctionnement et sur la marche du processus législatif.

L’autre cas de figure qui se présente étant une mise en minorité de la coalition gouvernementale avec le retrait effectif et définitif de l’Istiqlal. Dans ce cas, à moins que soit engagée une procédure de destitution du gouvernement par une motion de censure, le traitement des projets de loi, et principalement le projet de Loi de finances, posera réellement problème. Auquel cas, il faudra puiser des solutions dans la Constitution. Ce qui sera encore une fois un véritable exercice démocratique et un test de la bonne marche des institutions.