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Fête du Trône. Amazigh, une identité réhabilitée

La décision royale d’instaurer le nouvel an amazigh comme jour férié est un acte politique majeur. C’est une invitation à la relecture de l’Histoire du Maroc.

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Ce communiqué du mercredi 3 mai eut l’effet d’une surprise. Non pas que la question sur laquelle il porte est nouvelle. Mais, alors que le débat annuel sur la fériérisation du Jour de l’an amazigh fléchit, le Roi décide d’y mettre fin une fois pour toutes. Le Souverain a, en effet, «décidé d’instaurer le Jour de l’an amazigh, jour férié national officiel payé, à l’instar du premier Moharram de l’année de l’Hégire et du Jour de l’an du calendrier grégorien», comme le précise le communiqué.

Dans ce cadre, le Roi a donné ses orientations au Chef du gouvernement pour prendre les dispositions nécessaires en vue de mettre en œuvre cette décision. Depuis, les calendriers des vacances officielles, y compris scolaires, pour l’année prochaine a(n)ticipent ce fait nouveau, mais se contentent de mentionner «à déterminer plus tard» en se référant à ce jour de congé chômé et payé. Mais au-delà justement de ce côté pratique, un jour de congé en plus sur la liste officielle des jours fériés, la décision royale est considérée comme révolutionnaire à plus d’un titre. «Un acte politique majeur», commentent plusieurs analystes.

C’est en premier lieu une invitation à une nouvelle lecture, ou une relecture, de l’Histoire de notre pays. Celle du Maroc en tant qu’État-nation. Faut-il souligner à cet égard qu’à lui seul, le choix de la graphie tifinagh représente un prolongement dans l’Histoire du Maroc de plus de 4.000 ans. Cette décision vient aussi renforcer notre enracinement africain et la consécration de notre africanité en tant qu’identité primaire et originelle.

La feuille de route du gouvernement
La célébration, le même jour et par tous les Marocains du Jour de l’an amazigh, vient mettre fin, et c’est une autre dimension de cette décision, du clivage maintenu et nourri des décennies durant de la composante amazighe de l’identité marocaine. Nul doute que la décision royale vient également renforcer une réalité palpable, dans tous les domaines, depuis l’intronisation du Souverain. Cette initiative royale, est-il souligné dans le communiqué, vient ainsi consacrer la sollicitude dont le Souverain ne cesse d’entourer l’amazigh «en tant que composante essentielle de l’identité marocaine authentique riche par la pluralité de ses affluents et patrimoine commun à tous les Marocains sans exception».

La décision est aussi à même de donner de l’élan à l’action gouvernementale en la matière. Dans son programme, le gouvernement accorde, en effet, une place qu’elle n’a jamais eu auparavant, à la promotion de l’amazigh. L’Exécutif a, dans ce sens, élaboré et entamé de déployer une feuille de route relative à ce chantier. Laquelle feuille de route prévoit 25 mesures portant sur des axes liés à l’administration, les services publics, l’enseignement, la justice, la culture et les médias audiovisuels. Pour ce faire, un Fonds de promotion de l’amazigh a été créé avec un budget de 1 milliard de dirhams. Près de 200 millions de dirhams ont déjà été engagés au cours de l’exercice 2022 et 300 millions de dirhams sont programmés dans le cadre de la Loi de finances 2023.

Le milliard de dirhams promis sera entièrement décaissé à l’horizon 2025. Une chose est sûre, le gouvernement est conscient que la reconnaissance de la langue amazighe ne peut se limiter aux droits culturels et linguistiques, mais doit aussi englober la contribution aux efforts visant à rattraper le déficit en développement économique et social.