Pouvoirs
En Couv’. Quand le Maroc se fraie une place dans la cour des grands
Ces dernières années, et dans la lignée de la politique africaine du Royaume, la FRMF s’est imposée sur le continent, engrangeant une série d’accords de partenariats avec ses homologues africaines.
C’est à partir de 2015 que la Fédération royale marocaine de football (FRMF) s’est lancée dans une grande dynamique de coopération avec ses homologues africaines, et ce, en signant quatre accords de partenariat avec les fédérations du Burkina Faso, de la Gambie, du Rwanda et du Burundi. Un effort qui s’est accentué au fil des années pour atteindre, l’année suivante, plus d’une quarantaine de conventions. Or, compte tenu de leur impact sur le football africain, l’écrasante majorité de ces conventions ont été reconduites en 2019.
Le Maroc en acteur international incontournable
Des conventions qui couvrent plusieurs aspects de la coopération et à travers lesquels la FRMF partage son «know how» et son «vécu» en matière de gestion de la chose footballistique, notamment en ce qui concerne la construction d’infrastructures sportives ainsi que les centres de formation sportive. Mais pas que. Le volet partenariat trouve également son expression à travers des programmes de formation des staffs administratifs des 44 fédérations d’Afrique subsaharienne avec lesquelles la FRMF est liée. Outre ces aspects, on retiendra également les stages de perfectionnement en faveur des arbitres du continent.
Et ce n’est pas uniquement sur ce front que le Royaume déploie ses moyens, et surtout ses idées, pour assurer son rayonnement au niveau continental. En effet, le Maroc s’illustre depuis quelques années dans l’organisation de grands événements, notamment footballistiques. La Coupe d’Afrique des femmes, organisée l’année dernière, est une nouvelle preuve de sa capacité à tenir les paris. Le succès rencontré par cette édition 2022 a entraîné dans son sillage l’annonce de celle de 2024.
Ce choix du continent n’a, en fait, rien de fortuit, puisqu’il s’inscrit en droite ligne avec la «doctrine diplomatique» du Royaume, notamment en relation avec sa profondeur africaine. Et son pendant, qui est le développement d’un partenariat Sud-Sud gagnant–gagnant.
Les trois éditions du Mondial des clubs, à dimension internationale, et particulièrement la toute dernière, ont fait la démonstration grandeur nature que le Maroc n’a rien à envier aux pays disposant de davantage de moyens financiers, alors qu’il compte surtout sur le génie de ses enfants. Quelques semaines après le «recours» de la FIFA au savoir-faire marocain, toutes les équipes ont travaillé d’arrache-pied pour relever le défi. Le succès était au rendez-vous et l’image du Maroc, en tant que terre d’accueil, en est sortie grandie. Les stades aux standards internationaux, les infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, sanitaires et hôtelières sont en appoint. Or, c’est fort de ses atouts humains et de la politique de développement qu’il mène tous azimuts qu’il arrive à négocier les tournants et que les autres nations font appel au Royaume. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si de plus en plus d’équipes du continent viennent y jouer leurs matchs de qualification quand leurs stades ne sont pas homologués par la CAF, ou encore qu’elles y organisent leurs camps de concentration.
Le Royaume des Exploits et des ambitions
Et ce n’est pas fortuit, non plus, que le Royaume se présente en grand favori pour l’organisation de l’édition 2025 de la Coupe d’Afrique des Nations. Une compétition avec laquelle il renoue en tant que pays hôte après l’édition de 1988. Un dossier qui, n’en déplaise à certains, défie toute concurrence. De la même manière que le Maroc vient d’annoncer se joindre à l’Espagne et au Portugal pour accueillir la plus grande fête du football mondial en 2030, et ce, après la tentative de 2026 où il avait à en découdre avec le trio des Amériques : États-Unis, Canada et Mexique. Les réactions enregistrées suite à cette annonce, à quelques exceptions dissonantes près, ont été unanimes à saluer sa portée historique, puisque cette candidature porte en elle la dimension africaine et méditerranéenne de l’approche marocaine.
Outre ses qualités organisationnelles, le Maroc rayonne aussi au niveau des résultats sportifs. On en a pour exemple la place de choix qu’occupent ses clubs, particulièrement à l’échelle continentale, avec des équipes telles que le WAC, le Raja, l’ASFAR, la Renaissance de Berkane ou encore le FUS de Rabat. Des équipes qui se sont illustrées en remportant plusieurs sacres au cours des dernières années, que ce soit dans le cadre de la Champion’s League africaine ou encore la Coupe de la Confédération, voire la Super Coupe, et qui, chemin faisant, participent du rayonnement du Maroc et constituent une force d’appoint à sa diplomatie sportive.
De l’influence aussi dans les instances…
Dans le même ordre d’idées, il est tout aussi opportun de relever la présence influente du Maroc dans les instances footballistiques sur le continent et à l’international, en la personne du président de la FRMF, Fouzi Lekjaa, en place depuis 2014, et, trois ans après, vice-président de la CAF, où il occupait plusieurs postes de responsabilité, dont celui de premier vice-président, président de la commission des finances et vice-président de la commission d’organisation des compétitions interclubs et de la gestion du système d’octroi des licences de clubs au sein de la Confédération africaine. Mieux encore, en 2021, il est élu au conseil exécutif de la toute puissante FIFA.
C’est d’ailleurs fort de ces nombreux atouts que le Royaume est devenu, au fil des dernières années, un acteur incontournable sur l’échiquier du football mondial, voire une pièce maîtresse dans le concert des nations sur le front sportif. Or, quand on adosse cette dimension à la dynamique imprimée par le Roi Mohammed VI à la diplomatie marocaine dans son ensemble, on comprend, aisément, pourquoi le Maroc dérange, particulièrement son voisinage. Et là, pas besoin de rappeler tous les effets d’entraînement qui ont suivi l’épopée des Lions de l’Atlas au Mondial du Qatar 2022, en gravant le nom de l’équipe nationale dans le Top 4 à l’échelle internationale. D’ailleurs, la petite phrase qui a circulé à la fin du Mondial résumait la force du soft power national «si l’Argentine a gagné la Coupe du monde, le Maroc en a gagné le cœur». Or, cela ne relève pas que de l’affect, puisqu’il a engendré un engouement sans précédent dans le moteur des recherches, dont le «Big google», du mot Maroc. Si cet intérêt avait commencé timidement au démarrage du Mondial, la mi-décembre a vu les statistiques se démultiplier au fil des matchs qui ont suivi.
Aux yeux des observateurs, il s’agissait d’un couronnement d’un parcours certes, mais surtout le prélude d’un nouveau récit où le sport s’allie à tous les éléments constitutifs de l’image Maroc.
Un joli coup…
Samedi 25 mars, l’équipe nationale de football accueillait, dans l’enceinte du Stade Ibn Battouta à Tanger, son homologue du Brésil. Un événement à plus d’une dimension. D’abord, c’était la première sortie des Lions de l’Atlas devant le public marocain après l’épopée du Qatar et, en suite, il s’agissait quand même de la Seleçao, première puissance au classement de la FIFA. Or, c’est dans la foulée que la FRMF recevait la Commission d’inspection de la CAF en relation avec les dossiers de candidature pour l’organisation de la CAN 2025. En arrivant vendredi 24 mars, la délégation de l’instance panafricaine aurait eu tout le loisir, et jusqu’au dimanche 26, de s’enquérir de l’état des lieux des infrastructures des villes d’Agadir, Marrakech, Casablanca, Rabat et de celles de la ville du Détroit. Un joli coup de marketing en direct où le Maroc n’a pas à chercher sur les rayons des make-ups. La délégation aura vu les villes, les stades et l’ambiance avec le public, venu des quatre coins du Royaume, à Tanger. Pas besoin de photo.