Pouvoirs
Compact II, quand le modèle américain inspire le gouvernement
Conclu le 30 novembre 2015 entre le gouvernement marocain et les états-Unis, le deuxième Compact II arrive à son terme. Additionné au Compact I, ce sont un milliard de dollars qui ont été investis. Ce modèle de management à l’américaine pourrait bien constituer une source d’inspiration.
Les chiffres du CompactII parlent d’eux-mêmes : 460,5 millions de dollars injectés pour l’amélioration du capital humain, ainsi que dans la valorisation du foncier. Ils en disent long sur l’étendue, mais aussi l’importance de ce programme, dont le premier Compact était focalisé sur la modernisation, entre autres, des secteurs de l’agro-industrie, la pêche et l’artisanat. Non seulement en liaison avec ses impacts directs, mais surtout avec les effets d’entraînement qu’il devra susciter sur la durée.
Sur ce point, le gouvernement s’est engagé à poursuivre la dynamique enclenchée en vue de pérenniser les modèles développés et déployés. D’ailleurs, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, qui s’exprimait lors de la cérémonie de clôture du Compact II, tout en se félicitant des résultats probants enregistrés, a tenu à préciser que cette dynamique sera maintenue et qu’il a invité les ministres de son cabinet à garder le cap. En fait, l’un des défis à relever est justement de capitaliser sur les acquis en inscrivant la pérennisation de la dynamique dans la durée et, in fine, la duplication des projets à plus large spectre. A ses yeux, au-delà des aspects matériels de ce programme, c’est surtout le modèle du management des projets qui doit être une source d’inspiration pour les responsables dans les différentes administrations. Un modèle de gestion qui se base sur l’écoute des attentes et des besoins, le diagnostic permanent des situations, l’établissement de feuilles de route pour les projets, la précision dans l’exécution et l’impératif de la prise en compte du facteur temps. Il va de soi que le suivi et l’évaluation s’imposent en cours de route tout comme au terme de la mise en œuvre des projets. On retrouve là, à peu de chose près, une démarche suivie par le RNI qui dirige le gouvernement. Aller sur le terrain, recueillir les attentes et les besoins des citoyens, élaborer une feuille de route et l’inscrire dans le programme gouvernemental.
Approche participative
C’est d’ailleurs ce qui a prévalu dans le cas du «Lycée Attahadi», au titre de l’activité «Education secondaire». Il y était question de déploiement d’un modèle intégré qui a connu l’implication des élèves, leurs parents et du corps enseignant sur la base de la promotion d’une approche participative dans la gouvernance des établissements scolaires. L’exemple n’est pas fortuit. Le gouvernement, nous le savons tous, vient d’entamer la mise en œuvre d’une longue et laborieuse réforme de l’enseignement, principalement de l’école publique. Un chantier qui a vu la réhabilitation et l’équipement de 90 établissements scolaires dans trois régions cibles : Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès et Marrakech-Safi. Outre les aspects relatifs à la réhabilitation physique de ces établissements, le programme, mené en étroite collaboration avec les AREF de ces régions, a été accompagné de la formation de 6.000 cadres pédagogiques et administratifs, ainsi que le développement et la numérisation de 26 modules de formation continue et leur mise en ligne sur la plateforme «E-Takwine». Le programme a également concerné le renforcement du système d’information «Massar» et celui de l’évaluation des acquis des élèves, mais aussi le développement d’une approche d’entretien et de maintenance des infrastructures et équipements scolaires. Par ailleurs, et en vue d’assurer la pérennisation de ce modèle, devant être étendu à d’autres régions du Royaume, l’année 2021-2022 a connu l’organisation de plusieurs séminaires et ateliers de formations afin de capitaliser sur les expériences et renforcer la mobilisation des différents acteurs. Pour mieux appréhender les résultats obtenus, trois journées régionales ont été organisées en mai 2022. L’occasion pour les parties prenantes de partager les expériences en vue d’identifier les facteurs de succès, leurs limites, leurs impacts et les conditions à réunir pour leur duplication future.
Le tout sur la base des Accords d’exécution signés entre l’Agence, les départements ministériels et les établissements publics bénéficiaires. Or, chaque accord définit clairement les rôles et les responsabilités de chacune des parties. De la même manière qu’il précise «les mécanismes et les instances de coordination et institue, au sein des entités publiques concernées, des Unités de gestion de projets (UGP) qui sont des structures ad hoc mobilisées pour la mise en œuvre du projet en coopération avec l’Agence MCA-Morocco».
La même démarche a été observée dans le cadre de l’activité «Productivité du foncier», notamment le foncier industriel. Un chantier qui a été mené avec l’appui du ministère de l’Industrie dans l’élaboration du projet de loi portant sur l’aménagement, la gestion et la valorisation des zones industrielles.
Enseignements et «best practices»
Aussi a-t-il été question d’un diagnostic de pas moins de 114 zones industrielles, sur une superficie de plus de 10.000 hectares, conjugué à des recommandations pour l’amélioration de leur performance globale. Les résultats étaient au rendez-vous, notamment via le renforcement de l’offre au niveau de la Région Casablanca-Settat à travers la réhabilitation/extension ou la construction de 3 parcs industriels selon un modèle de PPP. Au niveau de la démarche, l’Agence MCA a commencé par un diagnostic rigoureux, faisant suite à une enquête pilote au niveau de plusieurs ZI. Elle a consisté en la réalisation d’un relevé de l’état des infrastructures et des services au niveau de ces ZI, ainsi que l’organisation d’ateliers participatifs in situ, mais aussi d’entretiens avec divers acteurs locaux et régionaux concernés. Préalablement, des formations pointues ont été délivrées aux personnes qui allaient se charger de ces enquêtes. Sur la base des résultats récoltés, le plan d’action a été élaboré et décliné sur les zones pilotes de Had Soualem et Sahel Lakhyayta ou encore la zone industrielle de Bouznika, selon un modèle de PPP, aussi bien pour l’aménagement que la commercialisation et la gestion desdites zones. Par ailleurs, et dans le but de faire le point sur les réalisations, un séminaire a été organisé, lundi dernier à Rabat, s’articulant sur les enseignements tirés et des «best practices» identifiées. L’objectif étant de pérenniser les acquis et la duplication des démarches testées dans lesdits projets pilotes.
Compact, un programme à gros impact
«Le Compact II constitue une consécration du partenariat stratégique entre le Royaume du Maroc et les états-Unis d’Amérique, en tant que levier du développement alliant les investissements et la mise à niveau des infrastructures dans des secteurs stratégiques, aux réformes institutionnelles et structurelles dans lesquelles s’est engagé le Maroc sous la conduite de S.M. le Roi». Les mots du chef du gouvernement résument l’esprit et l’importance de ce programme qui a changé la vie de plusieurs dizaines de milliers de bénéficiaires des projets pensés et actés conformément aux priorités nationales.
Pour la PDG de la MCC, Alice Albright, le Compact «favorise la croissance économique au Maroc, en construisant et réformant les secteurs de l’éducation et du foncier pour répondre aux besoins grandissants du secteur privé en personnel qualifié et améliorer la productivité des zones rurales et industrielles. Nous prévoyons que le Compact améliore la vie de plus de 800.000 Marocains».
Scellé il y a une quinzaine d’années, le MCA Maroc a mobilisé, en deux temps, une enveloppe de 1 milliard de dollars. Soit, selon les responsables américains, le «plus gros budget de l’histoire de ce programme».