Pouvoirs
Climat social : Benkirane essaie de maîtriser la contestation…
En attendant une loi sur la grève, la décision de ponction sur les salaires est irrévocable.

On l’aura noté, bien qu’elles continuent de faire le quotidien des Rbatis, les manifestations de protestation ont perdu en virulence et en intensité. Cette tendance s’accélère au fil des mois, depuis la nomination du gouvernement. Comment le gouvernement du PJD s’y est-il pris pour amortir le mécontentement de la rue, ou, pour reprendre les termes d’un cadre du PJD, «pour rationaliser la culture de la manifestation» ? D’abord, il a décidé que tous les postes de la fonction publique et dans les entreprises publiques et semi-publiques ne sont plus accessibles que par concours. Une circulaire de confirmation de cette tendance a été adressée, mi-novembre, à toutes les administrations et les entreprises dont l’Etat est majoritaire. Le chef du gouvernement s’est montré intraitable sur ce sujet, bien que les formations de l’opposition (le PAM notamment) et de la majorité (l’Istiqlal en l’occurrence) continuent d’insister sur l’obligation du chef du gouvernement de respecter les engagements de son prédécesseur pris envers les diplômés chômeurs signataires du fameux PV du 20 juillet. Cette généralisation des concours pour l’accès aux postes d’emploi dans l’administration publique et les entreprises publiques et semi-publiques a eu pour effet de réduire l’acuité des manifestations des diplômés.
La deuxième décision que le gouvernement a prise dans le sens d’apaiser les tensions sociales est celle de la publication de listes de bénéficiaires de la rente publique. Et ce pour donner l’impression de lutter contre la corruption et la prévarication. Ce fut le cas lors de la publication des agréments de transport, des listes des exploitants des carrières, des listes des occupants des logements de fonction et bientôt des listes des étudiants boursiers. Cela en plus de la réduction symbolique des prix des médicaments et interdiction aux enseignants relevant du ministère de l’éducation nationale de travailler dans les écoles privées et aux médecins de la santé publique d’officier dans les cliniques privées. Cela en plus de cette autre décision de faire la chasse aux fonctionnaires fantômes.
La troisième mesure phare étant la décision des ministres de l’intérieur, de la santé et de la justice de ponctionner les salaires des fonctionnaires en cas de grève. La décision a été appuyée par le chef du gouvernement de la manière la plus ferme. «Les grèves sont devenues une sorte de congé payé. Il n’est pas logique de verser le salaire des jours débrayés aux grévistes», a-t-il affirmé lors de son passage vendredi 30 novembre devant le Parlement. Il s’est décidé à ne pas revenir sur cette décision même si cela devait faire tomber le gouvernement. Du coup, les syndicats devront y réfléchir à deux fois avant de décider de nouveaux débrayages. Ils devront désormais en payer le coût. Est-ce pour autant que la CDT et la FDT ont décidé de mener une action commune de protestation un samedi, le 8 décembre en l’occurrence ?
