Pouvoirs
Chabat ou El Fassi, quelle conséquence pour le gouvernement ?
Un remaniement ministériel est exclu. Hamid Chabat n’a pas l’intention de chambouler le gouvernement.

Pour la petite histoire, ce congrès extraordinaire ne devait probablement pas être décidé si Abbas El Fassi, le secrétaire général sortant, s’y était pris autrement au moment des négociations de formation du gouvernement. Le congrès n’était pas à l’ordre du jour au départ. On pouvait attendre janvier 2013, date du congrès ordinaire. Mais les négociations de formation du gouvernement ont attiré à Abbas El Fassi le courroux des militants. Ses détracteurs ont commencé à préparer son éviction. Le comité exécutif a trouvé une parade : un congrès extraordinaire. Du coup, certains analystes estiment que s’il est élu au poste de secrétaire général, Hamid Chabat devrait s’empresser de rectifier cette erreur. En d’autres termes, faire pression sur le chef du gouvernement pour le contraindre à un remaniement ministériel. Réaction de l’intéressé : «On ne peut pas se permettre de chambouler la marche du gouvernement. Ce n’est dans l’intérêt de personne. De toutes les manières, changer des personnes par d’autres personnes n’est jamais une solution». Ce qui laisse entendre clairement que malgré qu’il l’ait critiqué à maintes reprises, Hamid Chabat, s’il est porté à la tête du parti, n’a pas l’intention d’exiger un remaniement ministériel. Il va sans dire que dans le scénario où c’est Abdelouahed El Fassi qui est élu, le problème n’est même pas posé. Il ne faut pas non plus s’attendre à un quelconque changement à ce niveau. Bref, Nizar Baraka, Fouad Douiri, Abdellatif Maâzouz et les autres restent en poste. Pour le moment.
Maintenant, si Hamid Chabat est nommé secrétaire général, il y aura certainement un changement d’attitude de la part de l’Istiqlal. «Le ton ne sera plus le même. Les décisions prises par le parti ne seront plus mesurées, concertées et surtout modérées. Nous aurons droit à des annonces qui partent dans tous les sens, à des déclarations à chaque coin de rue, sans passer par le comité exécutif», affirme un dirigeant du parti. De l’avis des observateurs, il faut ainsi s’attendre à un rééquilibrage des rôles et une plus forte présence et l’espace médiatique des deux principaux de l’allié principal du PJD au gouvernement, l’Istiqlal. Le populiste chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, se trouvera ainsi côte-à-côte avec un alter ego en la personne du tout aussi populiste tumultueux Hamid Chabat. Dans ce cas, affirme un proche de ce dernier, «nous n’aurons plus à craindre que l’Istiqlal reste effacé devant le PJD. Notre parti cessera d’être une variable d’appoint pour redevenir un élément central dans l’équation gouvernementale».
