Pouvoirs
Ce qui attend le Maroc politique dans un an
Processus électoral, alliances partisanes, Premier ministre, répartition des pouvoirs, plusieurs questions à l’ordre du jour.
Politologues et membres de la société civile ont tenté d’apporter
des réponses au cours de quatre heures de débat.

Quelle sera la carte politique du Maroc à l’issue des législatives de 2007 ? A moins d’un an du rendez-vous électoral, les questionnements qui avaient accompagné les législatives précédentes reviennent avec acuité. Pourtant, l’expérience de 2002, qui a vu l’organisation d’élections «propres», aurait dû atténuer la fébrilité perceptible ces derniers temps, en ce sens qu’elle permettait au Royaume d’intégrer définitivement un processus normal de suffrage. Il n’en fut rien : la nomination d’un Premier ministre hors champ pour conduire une majorité politique ; l’arrivée de ministres encartés pour la circonstance ; la reconduction de domaines réservés, dans la continuité des ministères de souveraineté négociés entre la monarchie et la Koutla au lendemain de l’alternance ; le triste spectacle de partis se disputant les fauteuils ; et enfin l’auto-restriction observée par le PJD auront suffisamment brouillé les cartes pour que l’inquiétude des lendemains demeure.
A qui l’électeur accordera-t-il sa confiance ? Quel schéma les alliances enfanteront-elles ? Qui dirigera le gouvernement de l’après-Jettou ? Les partis politiques sont-ils capables de gérer efficacement le pays ? Le Premier ministre a-t-il réellement les pouvoirs pour jouer son rôle ? Les partis ont-ils des candidats valables ? La réforme de la Constitution permettra-t-elle de mieux cadrer l’équation monarchie exécutive/gouvernement fort ? C’est à toutes ces questions que nous avons demandé à des politologues, juristes et membres de la société civile de répondre. Organisé samedi 4 novembre, le débat(*) aura duré quatre heures sans que le sujet ne soit épuisé.
Pour autant, plusieurs conclusions en ont surgi. Ainsi, l’Etat, en ne donnant pas suffisamment d’information sur les élections (date, mode de scrutin), crée un manque de visibilité. Les partis politiques eux sont appelés à sortir de leurs discours démagogiques pour mieux séduire un électorat en perte de confiance.
Autre donnée à retenir, le PJD, quoique favori, devrait partager sa victoire avec les quatre grands partis du pays (USFP, Istiqlal, MP et RNI). Exit donc le spectre d’un gouvernement dirigé par les seuls islamistes. Dans tous les cas, le compromis sera de mise, quand ce n’est pas simplement le schéma de 2002 (PJD à l’opposition) qui risque de se répéter.
Concernant l’Exécutif, il y a unanimité sur le fait que le pays doit se doter d’un Premier ministre issu des urnes. Toutefois, on estime que les leaders politiques doivent passer la main. Enfin, sur le chapitre de la Constitution, si les avis restent partagés quant au timing d’une réforme, la nécessité de cette dernière est mise en exergue. Un credo général : le Roi doit continuer à gouverner, mais une répartition précise, et mieux équilibrée, des pouvoirs et tâches avec le chef du gouvernement est souhaitée, pour donner au gouvernement qu’il dirige les moyens de sa politique et le rendre comptable de ses actes devant les électeurs.
