Karim Tajmouati : Ingénieur de formation, banquier par passion

Diplômé de Supelec Paris en 1988, il passe quatre ans dans un bureau d’études avant d’embrasser une carrière de banquier.
Recruté par la BCM en 1992, il occupera plusieurs postes de direction et traitera les gros dossiers de financement des infrastructures.
En 2008, il rejoint le Crédit Agricole du Maroc pour accompagner la banque dans son développement.
Sa vie se confond avec l’histoire de la banque marocaine moderne et les grands tournants de ce métier ces dernières décennies. Pourtant, au départ, Karim Tajmouati, actuellement Dga du Crédit Agricole du Maroc, avait choisi les mathématiques puis l’électricité et ce seront de grandes rencontres avec d’illustres personnages qui vont imprimer à sa carrière la tournure qu’elle va prendre.
Karim est né à Alger en 1964 où son père était chargé d’affaires à l’ambassade du Maroc. Commence alors pour lui une transhumance qui va se poursuivre au gré des affectations. Paris, Bruxelles et Madrid seront des étapes qui vont meubler sa vie d’enfant et de jeune homme. C’est d’ailleurs dans la capitale espagnole qu’il passe avec succès un bac en mathématiques en 1982.
A partir de là, le jeune homme volera de ses propres ailes. On le retrouve alors à Paris au lycée Pasteur pour ses prépas maths sup-maths spé. Il prend son temps (trois années au lieu de deux pour choisir la grande école de son choix) pour rejoindre en 1985 l’Ecole supérieure d’électricité de Paris d’où il sort diplômé en 1988.
Il planche sur la réorganisation du ministère des travaux publics
Quand il rentre au bercail, il rencontre Rachid Belmokhtar, ancien ministre de l’éducation nationale, qui le recrute pour son cabinet d’études, IMEG. Durant cette première expérience professionnelle qui va durer tout de même jusqu’en 1992, il va travailler sur deux dossiers décisifs pour sa carrière : la réorganisation du ministère des travaux publics, qui sera rebaptisé ministère de l’équipement, et la conception d’un nouveau système d’information pour le compte du Trésor.
Karim Tajmouati en garde, d’ailleurs, un souvenir marquant car, dit-il, «j’ai rencontré des cadres parmi les plus brillants de ma génération qui avaient choisi le fonctionnariat pour servir l’intérêt général. J’ai admiré leur talent et engagement, même si je n’ai pas fait les mêmes choix. Mais que voulez-vous ? Chacun choisit, d’une manière ou d’une autre, son terrain de prédilection et, le plus souvent, ce sont des rencontres qui en décident ou, du moins, les favorisent».
Et justement, au bout de cette période, il va croiser un autre personnage qui va imprimer à sa carrière un nouveau virage : Abdelaziz Alami, l’ancien président de ce qui était encore à l’époque la Banque commerciale du Maroc (BCM). Recruté, il est très vite propulsé directeur du crédit à l’investissement. C’est le début d’une carrière fulgurante car non seulement il occupera d’autres postes comme directeur corporate puis directeur de la banque de financement mais connaîtra un moment de mutation décisif de la vie des banques marocaines. D’abord, le financement des infrastructures, domaine où aucune banque nationale ne s’était aventurée auparavant. Deux exemples lui viennent d’emblée à l’esprit. Il s’agit de la construction de la centrale électrique de Jorf Lasfar avec le consortium américano-suisse ABB/ CMS. Une grosse opération où sa banque était chef de file pour financer un projet de 2 milliards de DH, ce qui était une gageure à l’époque. Il fallait sortir des sentiers battus mais également convaincre d’autres banques de la place de suivre le mouvement. La seconde opération de taille fut l’accompagnement de tous les projets structurants de la Lyonnaise des eaux (aujourd’hui devenue Suez) qui venait de remporter le contrat de gestion déléguée de la distribution de l’eau et de l’électricité à Casablanca.
La fusion de BCM et Wafabank sera un moment fort de sa carrière
L’autre grand moment de la carrière de Karim Tajmouati a été, sans conteste, la fusion de BCM et Wafabank. Ce fut une des opérations qui vont rester certainement dans les annales de la vie financière du pays et de l’évolution du paysage de la banque dans le Royaume. Et cela n’a pas été sans de longues et lourdes négociations sur le terrain avec les différences de culture d’entreprise, même si les deux institutions ne sont pas éloignées ni dans le domaine d’activité ni dans la recherche de la performance. «Il fallait s’entourer de toutes les précautions pour réussir l’opération», explique encore M. Tajmouati. Cette exaltante expérience dans sa vie va durer jusqu’en 2008. Mais toute chose ayant un début et forcément une fin, c’est une autre rencontre qui va donner un autre cours à sa carrière. En effet, Tarik Sijilmassi, président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc (CAM), va lui proposer d’accompagner l’essor du CAM, au sortir d’une période de restructuration réussie. Et c’est ce qu’il fait depuis près d’une année et demie. Le mandat actuel de Karim Tajmouati est d’accélérer la réorganisation d’une banque qui achève sa mutation en banque commerciale sans oublier sa vocation qui est, de par la loi, d’accompagner la modernisation de l’agriculture du pays. Ce n’est pas simple, selon lui, car si l’enjeu est de mettre en place les mécanismes de pilotage en respectant les contraintes qu’impose toute logique de service public, il faut fonctionner de manière la plus performante possible pour mobiliser les moyens de développement du CAM mais aussi trouver les ressources pour financer une activité où le risque est plus présent qu’ailleurs. Un autre challenge…