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Au Royaume

Afifa Boutaleb : La femme qui forme des patrons.

Elle a été tour à  tour enseignante, journaliste, consultante avant de choisir sa voie.
Elle crée son cabinet en 1996 pour accompagner les managers dans un contexte de mutation
du secteur financier.
AOB consulting assure près d’une centaine de séminaires par an et 50 consultations à 
la demande des entreprises.

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Une paisible et inoffensive femme au foyer peut cacher une redoutable femme d’affaires. Afifa Ouazzani Boutaleb, aujourd’hui patronne du cabinet AOB consulting, n’a pas vu éclore ses qualités de manager et de meneur d’hommes comme «par enchantement», dit-elle. Cela est arrivé par paliers et le plus étonnant est qu’aucune des étapes franchies n’annonçait la suivante et encore moins l’ultime moment où elle s’est jetée à l’eau en créant, en 1996, son entreprise, AOB consulting, d’abord établie dans un petit appartement loué à 3 000 DH le mois avant d’élire domicile au Technopark. Mais Afifa Boutaleb ne dort pas sur ses lauriers et prépare la construction d’un siège social tout en se gardant de donner plus de détail, sur le projet. Quoi qu’il en soit, on est très loin, aujourd’hui, des timides débuts où elle mobilise 100 000 DH pour lancer son activité de conseil en économie financière et accompagnement des entreprises et de leurs patrons dans les introductions en Bourse, en plus des modules de formation.
Pourtant, Mme Boutaleb, qui a su choisir et le moment et le créneau pointu -l’information financière, au moment de la naissance de la Bourse moderne de Casablanca- tout comme elle a anticipé sur le choix de partenaires prestigieux, garde un côté quelque peu conservateur empreint de bon sens et de sagesse populaire où se mêlent humilité et superstition. Ainsi, quoi qu’on fasse, elle ne donnera jamais ni sa date de naissance ni son chiffre d’affaires. C’est à peine si elle lâche, un peu contre son gré, que sa société avait réalisé environ 1,5 MDH à l’issue de son premier exercice. Un bon départ, puisque, à l’époque, elle travaillait encore toute seule.

Entre 1984 et 1990, elle cesse toute activité pour s’occuper de sa famille
Aujourd’hui, en plus des douze personnes permanentes que compte le cabinet, elle fait appel à quelque soixante intervenants nationaux et à plusieurs experts étrangers pour animer séminaires, modules de formation et accompagnement de dirigeants d’entreprises dans des processus de mutation : fusion, nouvelle identité commerciale, changement dans l’approche des achats…
Pourtant, rien ne préparait Afifa Boutaleb à la vie effervescente d’un chef d’entreprise toujours à l’affût de marchés et en butte à la férocité de la concurrence. Née à Fès dans une famille conservatrice, elle fait un parcours sans faute d’élève studieuse. Quand elle passe un bac «B» (sciences économiques) à la Mission française, l’idée d’aller en Europe ou ailleurs pour ses études universitaires ne lui frôle pas l’esprit. Et c’est à Rabat qu’elle s’inscrit pour obtenir en 1974 une licence en «sciences économiques». Mais juste après son service civil à la bibliothèque de l’université de Fès qu’il fallait enrichir en ouvrages de référence, une occasion de suivre un cycle supérieur en France va s’offrir à elle. En effet, elle va accompagner son mari pour un long séjour dans l’Hexagone. Afifa Boutaleb ne perd pas de temps. Dès son arrivée, elle s’inscrit à la Sorbonne et sa thèse de 3e cycle portera justement sur le Fonds monétaire international alors que le Maroc était en plein plan d’ajustement structurel (PAS).
De retour au Maroc en 1984, elle choisit de s’occper de ses enfants dont des jumeaux. Cela va durer jusqu’en 1990, époque à laquelle elle enseigne la pensée économique à l’université Hassan II de Casablanca, au moment où une nouvelle licence est lancée pour former des étudiants en «communication en économie». Afifa Boutaleb va toucher un peu à tout puisque, pendant une période, elle est tour à tour journaliste et intervenante au centre de l’entreprise, lancé en 1993 par l’USAID pour dynamiser les PME. Elle sera effectivement directrice de la communication de ce programme.
Et c’est sûrement de cette expérience et à partir de cette date que va germer l’idée de créer un cabinet de consulting. L’époque est celle des introductions en Bourse. Elle résume ce moment : «J’ai rapidement réalisé qu’il y avait matière à se positionner sur l’information économique. A vue d’œil, il y avait une contradiction entre le fait que les chefs d’entreprise avaient un besoin de formation aux techniques économiques et qu’ils ne voulaient pas du tout le reconnaître. Certains ont même commencé des formations presque en secret. Il fallait alors démystifier les craintes».

Formation générale ou à la carte
Mme Boutaleb se rappelle que ses premiers clients étaient aussi bien dans les secteurs des assurances, des laboratoires pharmaceutiques mais aussi du bâtiment. Par la suite, elle a orienté son activité autour de deux pôles. Le premier comprend des modules qu’elle propose aux chefs d’entreprise et à leurs cadres, en fonction de ce qui se passe dans le monde et des nouveautés en matière de management. Il s’agit là de faire en sorte que les patrons d’entreprise puissent se recycler en permanence.
De l’autre côté, il faut suivre les entreprises et rester à leur écoute pour répondre à des besoins de formation ou de transformation de leurs entreprises, à différentes phases de leur évolution. Dans cette seconde voie, l’objectif est de déterminer les sujets, organiser les actions à entreprendre et inviter les intervenants les plus reconnus, au niveau national ou à l’étranger, pour assurer les modules de formation et d’initiation.
Ce qui est sûr, assure Afifa Boutaleb, c’est que «notre spécialité a atteint une phase de maturité et d’expertise qui n’a rien à envier aux cabinets internationaux. Aujourd’hui, AOB consulting assure près d’une centaine de séminaires par an et 50 consultations à la demande des entreprises et ce n’est pas un hasard si nous sommes certifiés ISO 9001».