SUIVEZ-NOUS

Au Royaume

Abderrahman Rifai, DG de Gold Roots consulting

L’ingénieur agronome qui n’a jamais cédé à  la fatalité. Diplôme d’ingénieur agronome en poche, il a accepté plusieurs emplois mal rémunérés avant de trouver sa voie.

Publié le


Mis à jour le

Rifai abderhaman 2012 02 24

Il était mal parti, Abderrahman Rifaï, DG de Gold Roots consulting (GRC), cabinet d’études dans la filière fruits et légumes basé à Agadir. Benjamin d’une famille de sept enfants dont le père est garde forestier au grade de caporal, il est né à Ain-Karia, à 10 km de Meknès. L’école c’est pas la porte à côté. C’est à dos d’âne qu’il s’y rend, si l’animal n’est pas affecté à une autre tâche. Bref, il a fallu cavaler depuis qu’il est venu au monde. Malgré tout, il n’a jamais baissé les bras. Très tôt, Abderrahman Rifaï a compris qu’il n’y a guère de salut sans effort personnel et d’implication dans les études pour se frayer un chemin dans la vie. Après le primaire et le secondaire à Meknès où la famille s’installe, il obtient un Bac «sciences expérimentales» en 1991 et s’inscrit sans hésiter à l’Ecole nationale d’agriculture (ENA) de Meknès car, sans ressources financières, il n’a pas la moindre chance de poursuivre ses études en France où il a longtemps rêvé d’y aller. La petite bourse de 255 DH par mois est la bienvenue et, fort heureusement, le gîte et le couvert sont offerts.
En 1997, Abderrahman Rifaï obtient son diplôme d’ingénieur agronome et croit que des horizons plus heureux vont s’ouvrir devant lui. Erreur, le marché du travail est saturé. Il doit alors trouver une parade rapidement car il a fait la bourde de se marier avant même de trouver une situation.
Mais Abderrahman est le contre-exemple des diplômés chômeurs. Il refuse la «fatalité» bien de chez nous d’aller grossir les rangs de ceux qui continuent encore à faire le siège du Parlement pour réclamer des postes de fonctionnaires. La solution ? Il va plutôt prendre son bâton de pèlerin pour faire du porte-à-porte à la recherche d’un travail.

Sa première grande mission, la relance de l’Association des producteurs de banane

Pendant six mois, il sillonne sa région natale avant qu’on ne lui propose un poste de directeur technique au domaine Laghzaoui à Sefrou. Le problème est qu’il doit faire la navette entre Meknès et le lieu de son travail et les conditions ne lui permettent pas de s’acquitter convenablement de sa tâche. Il jette l’éponge au bout de quelques mois et rejoint l’Association des producteurs de banane du Maroc (Aproba) comme directeur. Il s’installe alors à Kénitra, mais le nouveau salaire n’est guère reluisant : tout juste 3 500 DH nets par mois. Néanmoins, il prend sa mission au sérieux, restructure l’association et recrute de nouveaux membres pour arriver à 400. Ses employeurs le lui rendent bien en améliorant sa situation financière si bien qu’il reste fidèle au poste jusqu’en 2001.
C’est à ce moment-là qu’il choisit de s’embarquer dans une création d’entreprise. En association avec un ingénieur de sa promotion, il crée Sfi Agri, une société spécialisée dans les fournitures agricoles dont il prend le tiers du capital. Cette société installée à Kénitra commence à prendre son envol. Mais au bout d’un moment, il comprend qu’il n’a pas de marge de manœuvre pour gérer l’entreprise comme il l’entend. Abderrahman Rifaï vend ses parts et, en 2005, décide d’aller s’installer à Agadir où il commence par gérer Felah conseil, un bureau d’études et de conseils pour les agriculteurs. Une année plus tard, on lui confie la création d’une société appelée Hortigal spécialisée en fer galvanisé. Pendant une année, il installe l’entreprise, recrute du personnel et achète les équipements.

Progressivement, il s’est forgé une mentalité d’entrepreneur

Abderrahman Rifaï prend goût à la création d’entreprise. Et c’est en 2007 que la chance va lui sourire. Après avoir bien tâté le terrain, il crée sa propre entreprise, en l’occurrence GRC. Alerté par les expériences du passé, il n’y met guère beaucoup d’argent et se contente de libérer le quart des 100 000 DH exigés, à l’époque, pour une SARL. Il fait de nouveau du porte-à-porte mais, cette fois-ci, c’est pour chercher des clients qui veulent bien lui confier l’étude de leurs projets agricoles. Malgré le réseau qu’il s’est constitué, il doit se contenter au départ de petits dossiers entre 6 000 et 10 000 DH. Ce qui fait que la première année, le chiffre d’affaires dépasse à peine les 200 000 DH. Il s’accroche et diversifie son activité avec la création, en 2008, de Trofel, un concours ouvert aux producteurs de fruits et légumes. Il obtient le parrainage du ministère de l’agriculture ainsi que le soutien actif de plusieurs organisations professionnelles, dont l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel), l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (Aspam) et l’Association des producteurs et exportateurs de maraîchage du Maroc (Aspem).
Aujourd’hui, ce concours, qui permet de récompenser l’excellence dans cette filière, en est à sa quatrième édition (novembre 2011). Tous les frais d’organisation sont pris en charge par les sponsors dont le Crédit Agricole et Maroc Export.Grâce à cette manifestation devenue un rendez-vous pour tous les opérateurs de la filière fruits et légumes, GRC s’est offert une nette visibilité dans le secteur agricole. Aujourd’hui, il a plusieurs pôles d’activités comme le conseil, la qualité et la formation et se spécialise dans le conseil en agrégation qui lui ouvre de belles perspectives, compte tenu de la mise en œuvre du Plan Maroc vert. Preuve que les marchés sont de plus en plus nombreux, le cabinet emploie une bonne dizaine de personnes en plus des experts auxquels il recourt pour chaque contrat signé.