Pouvoirs
PJD : Saad Eddine El Othmani reprend la situation en main
Les députés, dans leur écrasante majorité, ont fait fi des recommandations de Benkirane et des directives du MUR.

Ce qui se passe au PJD est intrigant à plusieurs égards. A l’écoute du message adressé aux membres du parti, et plus particulièrement ses députés, la veille du vote, en séance plénière, du projet de loi-cadre relatif au système de l’éducation et de la formation, tout le monde s’attendait à un scénario catastrophe. Il n’en fut rien. Certes, il y a eu des absents, 27 députés au total dont le chef du groupe démissionnaire, et des votes contre (deux en fait), mais le groupe parlementaire a voté en faveur du texte.
A quelques détails près. Les élus ont donc préféré, dans leur écrasante majorité, se conformer aux orientations de vote données par le secrétariat général. En cela, ils ont non seulement ignoré l’appel de Abdelilah Benkirane, mais ils ont également fait outre les «recommandations» du MUR, le bras idéologique de leur parti. «Cela s’appelle du pragmatisme», observent certains analystes. En effet, au moment où la direction et les élus se sont retrouvés face à deux options contradictoires, suivre leurs principes dûment inscrits dans les statuts et régulièrement ressassés par leurs bras idéologiques ou faire prévaloir l’intérêt du parti, ils ont choisi la deuxième option. Les intérêts avant les principes, donc.
Deuxième enseignement: en votant selon les directives du secrétariat général, les députés ont tenu à démontrer que le PJD est un parti d’institutions. Il va sans dire que l’ère du «zaïm» est révolue. Ce qui laisse entendre qu’un éventuel retour de l’ancien secrétaire général en sauveur, vœux exprimés par une frange des militants, n’est plus à l’ordre du jour. Cela d’autant que, autre enseignement de ce vote, le secrétaire général Saad-Eddine El Othmani, élu il y a un an et demi à 51% des votes (face au chef du groupe parlementaire démissionnaire qui a recueilli 49%), contrôle aujourd’hui avec le reste de l’équipe du secrétariat général l’ensemble du parti. Ce n’est pas sans fierté qu’il a, ainsi, annoncé devant un parterre de jeunes, réunis pour leur meeting annuel à Kénitra, que le PJD est «un parti d’institutions et non de personnes». Ces mêmes institutions qu’il a d’ailleurs veillé, lui-même, à mettre en place, il y a longtemps, en prenant les rênes du parti, en …2004.
