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Pouvoirs

Le nouveau virage de l’Algérie

Quand le Conseil de sécurité de l’Onu parle de «solution politique», l’Algérie évoque le «règlement», or, la nuance est de taille.
Elle cherche, par tous les moyens, à obtenir de départ d’Alavaro De Soto.

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Le vote, à la quatrième commission de l’ONU, dite de «décolonisation», a été perçu par la diplomatie algérienne comme un revers difficile à avaler. C’était la première fois qu’il y avait vote et le résultat est largement favorable au Maroc. Les chiffres : 89 abstentions contre 52 pour la résolution algérienne. Mais l’analyse affirmée est plus sévère pour Alger. Seuls deux membres permanents du Conseil de sécurité, la Chine et la Russie, ont soutenu la résolution algérienne. Aucun pays de l’Union européenne, aucun pays arabe, 18 pays africains sur 52 : la moisson est maigre pour Alger.
Cependant, il ne faut pas donner à ce vote plus d’importance qu’il n’en a. La question du Sahara relève du Conseil de sécurité et pas de l’Assemblée générale.
Au Conseil de sécurité, l’affaire ne s’annonce pas mieux pour l’Algérie. Le 31 octobre, celui-ci a renouvelé le mandat d’Alvaro De Soto en vue d’une solution politique négociée, acceptée par les parties concernées.
Alger use alors de méthodes usuelles mais non moins déconcertantes. Ainsi, la résolution du Conseil de sécurité appelle à une solution politique, l’Afrique du Sud et la diplomatie algérienne transforment le mot solution en règlement. La nuance n’est pas futile, elle est même importante. Le règlement peut être imposé par une résolution aux parties. Or, c’est à ce niveau que le gain le plus important de la diplomatie marocaine a été réalisé.
Il faut se rappeler que le plan Baker II, qui faisait de l’autonomie une période transitoire avant un référendum avait été rejeté par le Maroc. Le Conseil de sécurité avait clairement affirmé par la suite qu’une solution politique n’était envisageable que si elle avait l’agrément des deux parties et qu’il n’était pas question d’imposer quoi que ce soit.
C’est cette résolution qui a poussé Baker à jeter l’éponge. Le Texan avait fait le siège de la Maison Blanche sans réussir à emporter l’adhésion de l’administration Bush.
Aujourd’hui, Alger mène une guerre ouverte contre De Soto. Le ministre des Affaires étrangères algérien a récemment annoncé publiquement que «De Soto sera remplacé par une personnalité américaine de premier choix».
Alger tient absolument à remettre la pression sur l’Administration américaine pour une solution imposée ou le retour au processus référendaire. Tous les moyens sont utilisés et en particulier la manne pétrolière. Alger fait du chantage aux intérêts économiques, non pas dans les discussions secrètes mais dans les cénacles diplomatiques. Alger fait feu de tout bois pour créer une situation de tension dans la région. Elle sait que le temps joue contre ses projets; or, la solution politique négociée, c’est laisser le temps au temps.
Malheureusement, au Maroc, on ne suit pas toutes les évolutions avec l’intérêt qu’il faut. Ainsi, si la reconnaissance de la RASD par l’Afrique du Sud a été largement commentée, il n’y a pas eu une seule ligne pour relever que l’Albanie et l’ex-Yougoslavie avaient retiré leur reconnaissance à la République des chimères. Ainsi, il n’y a plus aucun pays, sur le continent européen, celui des Droits de l’homme, à reconnaître le rejeton algérien.
La presse a aussi passé sous silence la déclaration de Saïd Saadi, le patron du RCD algérien, selon laquelle plus de 90 % des Algériens n’ont aucun intérêt pour l’affaire du Sahara. C’est pourtant là qu’in fine l’histoire va se jouer. Question vitale pour le peuple marocain, le Sahara n’est qu’une question de pouvoir en Algérie. Cependant, il y a un bémol : les agents du Polisario infiltrés au Sahara profitent des espaces de liberté pour provoquer les autorités marocaines. Celles-ci sont gênées aux entournures et ne réagissent pas pour le moment, de crainte d’une atteinte à «l’image du Maroc». Jusqu’où sont-elles prêtes à accepter ce nouveau bras de fer ? A Rabat on est clair là-dessus : entre l’intégrité territoriale et l’image du Maroc le choix est fait.

Si la reconnaissance de la RASD par l’Afrique du Sud a été largement commentée au Maroc, il n’y a pas eu une seule ligne pour relever que l’Albanie et l’ex-Yougoslavie lui avaient retiré leur reconnaissance. Aujourd’hui, plus aucun pays en Europe ne reconnaît la République des chimères.