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Congrès houleux pour le Mouvement populaire : Laenser cèdera-t-il son fauteuil ?

2 500 congressistes attendus au XIe congrès du parti prévu du 11 au 13 juin.
Mohand Laenser annonce officiellement sa candidature et certains l’accusent de détourner le processus pour s’assurer un second mandat.
L’ancien ministre, Mohamed Boutaleb, mène la résistance et envisage de se présenter contre l’actuel secrétaire général.

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C’est un XIe congrès agité qui attend le Mouvement populaire du 11 au 13 juin. Décisif, il le sera pour deux raisons. La première : c’est ce congrès qui jettera les bases de la préparation du parti haraki, bien mal en point, depuis maintenant trois ans, aux législatives de 2012. Des décisions qui y seront prises dépendront le positionnement et la stratégie électorale du parti : Seconde raison : le congrès sera l’occasion de laver le linge sale, dont le tas a pris des proportions insoupçonnées ces derniers temps. Depuis quelques semaines, en effet, des voix au sein des instances dirigeantes se sont élevées pour critiquer Mohand Laenser, secrétaire général du parti depuis mars 2006, à l’issue de la fusion entre Mouvement populaire (MP), Mouvement national populaire (MNP) et Union démocratique (UD).

Mohand Laenser : «Je n’ai jamais affirmé que je me représenterais pas»

Ce dernier, joint au téléphone par La Vie éco, minimise la contestation. Il ne s’agirait que d’un «groupuscule de deux ou trois personnes que je connais qui véhiculent ce genre de discours». Et pour prouver qu’il reste serein, M. Laenser annonce aujourd’hui haut et fort qu’il est bien candidat à un deuxième mandat.
Et c’est, entre autres, un des points qui fait jaser ses détracteurs. Parmi eux, Mohamed Boutaleb, l’ancien ministre de l’énergie et des mines dans le gouvernement Jettou et membre du bureau politique. Plutôt ex-membre puisque, il y a un mois, M. Boutaleb a signifié verbalement à Mohand Laenser et Mahjoubi Aherdane qu’il se retirait des instances où il siégeait. Sans aller jusqu’à parler de démission, M. Boutaleb confirme, en tout cas, qu’il a fait part aux concernés de ses inquiétudes quant au déroulement des préparatifs du congrès. L’homme ne s’en cache pas et n’hésite donc pas à annoncer la couleur à la veille du XIe congrès.
Que reproche-t-on exactement à la direction du parti ? Premier élément de discorde : le fait même que Mohand Laenser se représente au poste de secrétaire général. «Je ne suis pas contre la candidature de M. Laenser, rectifie M. Boutaleb, mais depuis 2008  je ne cesse de dire qu’il faut absolument qu’il y ait d’autres candidatures car c’est cela qui marquera le changement profond au sein de la famille harakie». Pour l’ex- ministre, «il y a aussi cet engagement moral pris par M. Laenser de laisser la place à une nouvelle élite qu’il n’a malheureusement pas respecté». Des propos que l’actuel leader dément catégoriquement : «Je n’ai jamais déclaré de telles choses à ce sujet, tout au plus j’avais dit, il y a sept mois, quand on m’avait posé la question sur mon éventuelle candidature, que ma décision n’était pas encore prise». Pour M. Laenser, non seulement sa candidature est légitime mais elle est nécessaire en l’état actuel du parti. «Ce n’est pas par volonté de m’accrocher à mon siège, justifie-t-il, mais parce que l’intégration du parti, suite à la fusion des trois formations, a besoin encore d’être consolidée». Est-ce à dire qu’il n’y a vraiment pas de relève possible au sein du MP ? A entendre M. Laenser, c’est effectivement cela. «Il y a certes beaucoup de potentialités au sein du parti, mais malheureusement nous n’avons pas eu le temps de préparer cette relève à jouer le rôle que nécessite actuellement le maintien de la cohésion car il y a encore des rivalités entre les militants des trois composantes et il faut encore du temps pour véritablement unifier le MP».
Autre élément de polémique, les modalités pratiques pour le choix des 2 500 congressistes. Il y a quelques semaines, en effet, au moment de constituer la commission nationale chargée des préparatifs du XIe congrès, les instances du parti avaient voté une charte stipulant, notamment, que les congressistes doivent être élus à l’échelle provinciale ou locale.

Des congressistes choisis par la base ou par le haut ?

Quant à la répartition des 2 500 congressistes sur les différentes provinces ou communes, il était convenu qu’elle se fasse sur la base des résultats (le nombre de sièges obtenus) par le parti dans les localités en question. Aujourd’hui le camp mené par M. Boutaleb dénonce un détournement de ce processus de la part de Mohand Laenser. «Le secrétaire général, accuse un membre du bureau politique, a fait en sorte que les congressistes choisis le soient de tel manière à s’assurer d’être réélu». Faux, rétorque Mohand Laenser, pour qui l’élection des congressistes en régions s’est globalement passée dans la plus grande transparence. Certes, dit-il, «je n’ai pas assisté aux 83 congrès tenus dans les provinces et je n’ai pas la prétention de dire que tous les congressistes ont été effectivement choisis conformément aux règles du jeu qu’on s’est fixés, mais si entorses il y a eu, je n’y suis pour rien». «Que l’on m’apporte des preuves !», lance-t-il.
Pour l’actuel SG du MP, l’heure n’est pas à la polémique et il y a des priorités. «Au lendemain de la fusion, nous avons opté pour une structure consensuelle dictée par la nécessité de gérer la transition et de ménager toutes les sensibilités, explique M. Laenser. Mais aujourd’hui cette phase est dépassée et nous devons gérer le MP comme étant véritablement un seul parti avec une direction unique».
La refonte des statuts du parti sera d’ailleurs l’un des principaux points à l’ordre du jour du congrès. Les 2 500 congressistes harakis devront se prononcer sur un nouveau texte qui propose, entre autres nouveautés, la création d’un nouveau poste de président-fondateur qui irait, bien entendu, à Mahjoubi Aherdane, avant de passer à l’élection de son nouveau et unique patron, le secrétaire général. Mohand Laenser restera-t-il seul sur le ring ? Pas sûr. Mohamed Boutaleb, sans aller jusqu’à annoncer officiellement sa candidature, n’écarte pas la possibilité de mener la bataille, fort, affirme-t-il, du soutien de très nombreux militants. Il s’agit notamment de ceux qui, il y a deux semaines, adressaient à M. Laenser une pétition pour manifester leur soutien à M.Boutaleb lorsque ce dernier démissionna du bureau politique. Faites vos jeux…