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Influences

Une greffe à  l’étranger pour un malade marocain a coûté 3 MDH !

Pour le même prix, on pourrait prendre en charge trois greffes de moelle
du même genre dans d’autres pays européens.

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A lors que, sur le terrain, les acquis de l’assurance maladie obligatoire (Amo) se consolident et que le régime d’assistance médicale aux économiquement démunis (Ramed) doit entrer en vigueur en janvier 2007, le secteur médical a été secoué par l’annonce par la CNSS de la première prise en charge en France d’une greffe de moelle osseuse pour un montant de 3 MDH. Si le principe est louable, les procédures sont à  améliorer.

Pour le professeur Mohammed Khattab, chef du service d’hémato-oncologie pédiatrique à  l’hôpital universitaire d’enfants de Rabat, la greffe de moelle osseuse est un traitement indispensable, curatif dans 25% des cancers. Par ailleurs, le Pr Khattab alerte les organismes gestionnaires sur le fait qu’avec 3 MDH on pouvait prendre en charge au moins trois greffes de moelle osseuse dans d’autres centres en France, mais aussi en Espagne ou en Italie.

Il est indispensable aujourd’hui, insiste-t-il, dans le cadre de la rationalisation des dépenses, que la Cnops et la CNSS disposent de médecins-conseils et d’une base de données sur les centres agréés, en Europe, au Maroc ou ailleurs, qui font la greffe de moelle osseuse, avec un tableau comparatif des prix.

Pour le Pr Said Benchekroun, chef du service d’hématologie au CHU Ibn Rochd, auteur de la première greffe de moelle osseuse au Maroc, le malade pris en charge par la CNSS en France avait besoin d’une allogreffe, qui fait appel à  un donneur. Si cette technique n’a pas encore cours au Maroc, aujourd’hui les compétences marocaines en matière de greffe de moelle existent, les textes de loi régissant le prélèvement, le don et la conservation d’organes ou de tissus sont au complet, avec leurs décrets d’application qui sont autant de facteurs pour faire profiter plus de malades de cette alternative thérapeutique.

Pour le Pr Khattab, l’autogreffe est pratiquée au Maroc de façon régulière depuis 18 mois. Quant à  l’allogreffe, son démarrage est imminent, surtout avec la construction et l’équipement au niveau du centre hospitalier Ibn Sina de Rabat d’un grand centre d’hémato-oncologie pédiatrique.

Pour les spécialistes marocains, un des principaux problèmes des greffes est le rejet. En effet, chaque individu a des caractéristiques qui lui sont propres. Ses tissus sont génétiquement définis et son système immunitaire est programmé pour éliminer tout élément étranger au corps. L’ensemble des caractéristiques des tissus est appelé «système HLA». Lorsque l’on greffe un organe qui répond aux critères HLA, on dit qu’il est compatible. Dans ce cas, le corps du receveur l’accepte, les défenses immunitaires ne détruisent pas cet organe, et il est reconnu comme appartenant à  l’organisme. C’est ce qui fait la difficulté et la cherté d’une allogreffe, nécessitant un donneur et un receveur.