Influences
Transformation digitale : “l’Etat n’a pas le choix”
Mehdi Fakir, commissaire aux comptes et consultant en digital, a livré sa perception sur les enjeux que l’Etat doit prendre en compte à l’ère de la transformation digitale.

“Faut-il avoir peur du rapport entre le service public et les données personnelles l’ère de la transformation numérique ?”. C’est la question à laquelle Mehdi Fakir, consultant en fiscalité, en management mais aussi en digital, devait apporter des éléments de réponses. Son intervention a eu lieu, ce mercredi 13 mars 2019 à Casablanca, lors de la deuxième édition du Moroccan Consumer day. Un événement organisé par le site d’information conso News.
L’expert ne doute pas. Pour lui, “il ne faut pas avoir peur”, dans la mesure où l’Etat a pour rôle de “veiller au bien-être de la collectivité, de l’organiser et de la protéger, en imposant les règles”. “Lorsque l’Etat s’immisce dans les libertés des citoyens, il devient un Etat autoritaire, ce qui est contraire aux principes de la démocratie”, a-t-il justifié.
En outre, selon l’expert du digital, “dans ce contexte de transformation, l’Etat a surtout pour mission de maintenir sa souveraineté. Ce phénomène universel est en train de remettre en question les concepts classiques de l’économie et de la société. Ce qui rend compliquée la tâche de l’Etat pour instaurer de l’ordre”.
“l’autorité de l’Etat est menacée”
Pour illustrer que la mission de l’Etat devient de plus en plus difficile dans le contexte actuel, le commissaire aux comptes a donné pour exemple les montages fiscaux des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), en s’appuyant sur le digital, “que les Etats ont du mal à traquer”. Un retard qui prive les caisses de l’Etat de montants stratosphériques. Ainsi, même “l’autorité de l’Etat est menacée”, a-t-il constaté.
Ce changement met en cause en effet même le concept de l’Etat de droit. Pour cause, dans le contexte présent de la révolution numérique “il est compliqué d’appliquer la règle de droit alors que les juridictions, notamment au Maroc, ne jurent que par les éléments matériels”, a-t-il estimé.
En donnant l’exemple de l’Estonie, un petit pays qui a pu se développer grâce à sa révolution numérique, Mehdi Fakir a conseillé aux décideurs étatiques d’”intégrer ce levier de la transformation digitale dans la conception du nouveau modèle de développement, aujourd’hui au stade de la réflexion”. Et d’ajouter que “l’Etat, sur cette question, n’a pas le choix, si l’objectif est de rendre plus efficiente son action pour mettre fin à la corruption et de la bureaucratie”.
