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Influences

Stock de sang: à peine 4 jours de réserves

Le Maroc a besoin quotidiennement de 1 000 dons pour assurer son autosuffisance. Avec des stocks dans le rouge, la pénurie risque de s’aggraver à l’approche de Aid Al Adha et des vacances estivales.

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Célébrée cette année sous le thème « Sang, plasma : partageons la vie, donnons souvent ! », la journée mondiale du donneur de sang a eu lieu le 14 juin. Elle représente une occasion idoine pour sensibiliser l’opinion à la nécessité de dons de sang réguliers pour assurer la disponibilité de cette matière vitale pour ceux qui en ont besoin. Aujourd’hui, aucun produit ne peut se substituer au sang humain, d’où l’importance de cet acte généreux. Si la transfusion sanguine permet de sauver des vies, au Maroc, nombreux sont les patients qui n’y ont pas accès à temps. L’or rouge est toujours en pénurie chez nous.

Le don de sang en chiffres

Ce geste n’est pas encore devenu un réflexe chez les Marocains. En 2022, 339 579 dons ont été collectés au niveau national. Le pourcentage des dons par rapport à la population est de 0,92 %. « Le Maroc reste encore loin des recommandations minimales de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui stipulent qu’il faut qu’au moins 1% de la population donne du sang », souligne Tayeb Himdi, médecin spécialiste et chercheur en politiques et systèmes de santé. « Pour atteindre ce taux minimum, le Maroc a besoin de 370 000 dons par an, soit 1000 dons par jour » précise-t-il, notant que « la moyenne actuelle dans les pays développés est quatre fois supérieure à celle du Maroc, à 3,9% ».

« Les réserves au niveau national varient actuellement entre 3 et 4 jours, alors que l’OMS recommande un stock minimum de sécurité de 7 jours. L’idéal est d’avoir 10 à 12 jours de stock du sang », indique Himdi qui assure que ces réserves risquent de chuter à l’approche de Aid al Adha et des vacances estivales. « Durant la saison estivale et pendant les fêtes, les stocks de sang atteignent des niveaux inquiétants alors que les besoins sont toujours très importants. C’est une période sensible, avec une diminution de la fréquentation des structures de prélèvement », mentionne Himdi, qui fait savoir que le niveau des réserves diffère d’une région à une autre. « La forte consommation de sang est enregistrée de manière générale dans les villes de Casablanca et Rabat, où la demande est très élevée », relève-t-il, ajoutant que « la moyenne nationale des donneurs volontaires est de 93%, ce qui laisse près de 7% de dons comme dons de compensation ». Face à cette pénurie de sang au Maroc, Tayeb appelle à digitaliser le secteur et à faciliter l’expérience du don de sang. « Il faut également sensibiliser les gens aux bienfaits du don de sang aussi bien pour le donneur que pour le patient », poursuit-il.

Chaque don de sang peut sauver trois vies

C’est ce que nous affirme Tayeb Himdi, en détaillant les différents usages des produits sanguins collectés. D’une part, pour répondre aux situations d’urgence, comme pour stopper des hémorragies pendant les accidents de la route, l’accouchement et les interventions chirurgicales… D’autre part, pour soigner les maladies chroniques, notamment les cancers, l’insuffisance rénale, les anémies héréditaires et autres. « Sans oublier les médicaments dérivés du sang, à partir par exemple des protéines extraites du plasma, qui permettent notamment de soigner les patients atteints de trouble de la coagulation, de déficit immunitaire ou encore de maladies auto-immunes ».   Les dons de sang sont bénéfiques non seulement pour les personnes dans le besoin mais aussi pour les donneurs. « Le don de cette matière vitale stimule la circulation sanguine et régénère des cellules sanguines (globules rouges, globules blancs, plaquettes). Il baisse également le taux de fer présent dans le corps, ce qui prévient les maladies cardio-vasculaires et les cancers », conclut-il.