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Société

Rentrée scolaire : Entre manuels, fournitures et nouveaux programmes

Les vacances ne sont pas encore finies, mais on a déjà la tête dans la rentrée 2023-2024. Les librairies ont déjà changé de look. Aussi, cette rentrée sera marquée par plusieurs nouveautés. Explications.

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C’est encore le calme dans cette librairie au centre-ville de la métropole. Même si ça ne grouille pas encore de monde, l’on sent déjà que le retour aux pupitres pointe à l’horizon. Le ton est donné à l’entrée de cet espace d’habitude investi par les amateurs des ouvrages littéraires et des sciences humaines. En effet, en lieu et place des dernières œuvres, ce sont les cartables qui trônent sur les étals. Interrogé sur ce calme annonciateur de la cohue en perspective, le caissier, passant en revue quelques factures, nous répond : «Ça va vite arriver !», tout en ajoutant que certains parents, en vue de s’éviter le tohu-bohu du début de septembre, préfèrent se procurer les fournitures de leurs enfants à l’avance. Au milieu de cet espace, c’est le grand étalage des affaires scolaires. Au rayon papeterie, il y a de tout : des manuels aux gommes en passant par les cahiers et autres stylos, crayons… Signe particulier néanmoins, le matos pour la peinture qui fait une irruption assez remarquable, notamment sur les vitrines des différentes librairies de la place. Côté prix, la responsable de la librairie nous affirme qu’il n’y aurait pas de flambée particulière en ce qui concerne les manuels du système public, puisque les autorités compétentes veillent au grain, de même qu’elles subventionnent les éditeurs pour réduire la pression sur les parents d’élèves. Rassurante, elle nous déclare : «Fort probablement, il n’y aura pas de hausse vertigineuse, quand bien même les prix des intrants, le papier en particulier, auraient grimpé ces derniers temps. Ce qui s’est répercuté surtout sur les manuels importés». Pour le reste du pack de la rentrée, c’est la loi du marché qui prévaut, ainsi que la qualité, sinon la renommée des marques. En fait, à titre illustratif, pour les cartables, ça peut aller de 200 dirhams à plus de 900 dirhams. Et puis, il y a plus ! Pour un pack à la mode, comportant un sac, une trousse et un lunch bag, il faut vraiment casser la tirelire : on n’est pas loin de 1.300 dirhams. Mais, il va sans dire qu’on n’est pas obligé de se ruiner pour «ressembler» aux autres. Sauf que, parfois, il s’agit d’une équation qui relève du sociétal, voire du sociologique. Une autre paire de manches !

SOUS LE SIGNE DE L’INFLEXION
Cela dit, loin des affaires scolaires, cette rentrée 2023-2024 sera placée sous le signe d’une nouvelle inflexion : le lancement effectif du projet «Écoles pionnières» dans les établissements primaires publics. Un projet, pour rappel, qui entre dans le cadre du déploiement de «la Feuille de route 2022-2026 pour une école de qualité pour tous». Et ce, en visant l’amélioration de la qualité des apprentissages de base, la réduction de la déperdition scolaire et l’épanouissement des élèves, lit-on dans un document, mis en circulation en mai dernier, du ministère de l’Éducation nationale.

Pour sa phase du démarrage, ce projet, tendant à jeter les bases de «l’école publique du futur», concerne 630 écoles dans les milieux urbain, semi-urbain et rural. La population cible est assez conséquente, puisque ce sont pas moins de 322.000 élèves qui devront en bénéficier sous l’encadrement de quelque 11.000 enseignants, comme l’a rappelé, en juillet dernier, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, lors d’une rencontre avec les représentants des associations des parents et tuteurs d’élèves. Toujours est-il que ce projet sera élargi, graduellement, à raison de 2.000 établissements primaires publics par an. Autrement, l’horizon est prometteur et la réussite du projet dépendra de l’implication de tous les intervenants concernés. Basé sur une approche participative, ce modèle vise, en fait, «une transformation globale de la performance des établissements qui repose sur l’engagement volontaire de l’équipe pédagogique et la mise à disposition de ressources pédagogiques, numériques et matérielles au service de la réussite des élèves». Autre caractéristique, il ne s’agira pas de lancer le projet et laisser le corps encadrant naviguer à vue. C’est qu’il est prévu de mettre en place «un dispositif de formation certifiante et d’accompagnement de proximité pour aider les enseignants à adopter des pratiques efficaces en classe», dont l’impact est démontré scientifiquement.

Or, pour s’assurer de la bonne marche de la mise en œuvre, la «roadmap» retenue prévoit, également, de faire le suivi régulier des améliorations des apprentissages des élèves. L’objectif étant de pouvoir procéder à des évaluations objectives de l’opérationnalisation du modèle «Écoles pionnières».
Les motivations ne sont pas en reste. En effet, dans le but de mobiliser les personnes et les institutions qui vont porter le projet, la mise en œuvre des diverses composantes dudit modèle permettra aux établissements d’obtenir le label «École pionnière», qui donne droit à des incitations matérielles pour les membres des équipes pédagogiques, doublées d’une indemnité individuelle de 10.000 dirhams nets par an, en conformité avec l’accord signé le 14 janvier dernier entre le ministère de tutelle et les partenaires sociaux.


LANGUE AMAZIGHE, LA GÉNÉRALISATION…

Bonne nouvelle. C’en est fini avec les tergiversations des deux derniers gouvernements. En effet, l’année scolaire 2023-2024 sera marquée par la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe prévue pour cette rentrée, comme cela a été annoncé, le 1er juin dernier, par le ministre de l’Éducation nationale. Si aujourd’hui cette composante de l’identité nationale est enseignée dans 1.066 établissements scolaires, bénéficiant à quelque 330.000 élèves, au département de tutelle, on prévoit d’aller plus loin encore. Concrètement, on tend à atteindre progressivement 12.000 établissements à l’horizon 2030. Ce qui équivaut à pas moins de 4 millions d’élèves. Pour ce faire, il va bien falloir revoir à la hausse l’effectif du corps enseignant. Sur ce point, l’équation est claire : alors qu’on était à 200 enseignants par an, ce nombre a été doublé et, au fur et à mesure que cette généralisation se déploie, on ira certainement vers plus…