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Société

Procès d’Imlil : L’effroyable interrogatoire de Said Taoufik

Le procès d’Imlil se poursuivait, ce jeudi 13 juin, à la chambre criminelle relevant de la cour d’appel de Rabat. Plusieurs impliqués sont passé devant le juge. Parmi eux, Said Taoufik. Un ex-militaire dont les réponses ont choqué la salle.

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Ce jeudi 13 juin, le procès d’Imlil se poursuivait à la chambre criminelle relevant de la cour d’appel de Rabat. Après l’interrogatoire des principaux acteurs lors de la précédente audience, une dizaine d’accusés ont été interrogés par le juge Abdellatif El Amrani ce jour-là. Parmi eux, Said Taoufik. Son passage à la barre était le plus fluide mais également le  plus choquant.

Natif de 1996 à Ben Guerir, cet ex-militaire avait été condamné à payer une amende, en 2014, pour une affaire qui a trait à l’extrémisme. Cet antécédent a eu lieu avant son intégration à l’école des FAR, en 2015, à l’âge de 19 ans.

Contrairement à une grande majorité de ses co-détenus qui ont nié en bloc les accusations, Said Taoufik, lui, a répondu par l’affirmatif à bon nombre de questions qui lui ont été adressées.

“Suivais-tu l’actualité en Syrie ?”, “As-tu dit à Slaoui que tu as une expérience dans le maniement des armes ?”, “Tu t’es pris en photo au barrage de Massa avec une cagoule, en récitant des chants de Daech? », lui a demandé Abdellatif El Amrani. A toutes ces questions, il a répondu avec un “oui”, sans hésitation. 

Lorsque le juge lui demande s’il a reçu la vidéo montrant la décapitation des deux victimes scandinaves, il répond ainsi : “Oui. C’est Abou Layth Attitouani qui me l’a envoyée. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi je dois être là, mais pas lui. Il doit être ici”. Et Abdellatif El Amrani de lui assurer que cela sera fait.

Contre les croisés

“Es-tu toujours convaincu par le Jihad”, a demandé le juge. “Oui”, répond-t-il, d’une voix, qui a créé l’émoi dans la salle. Après cette question, le juge a passé la parole au représentant du ministère public, Khalid El Kardoudi.

Ce dernier, se basant sur les éléments recueillis lors de l’instruction, demande à l’accusé s’il a été en relation avec une personne d’origine Afghane, appartenant au Taliban. “Tout cela est vrai”, affirme-t-il. “Oui, j’ai une expérience dans la fabrication des explosifs, mais je ne l’ai jamais partagée avec quiconque”, ajoute-t-il.

Arrive ensuite le tour de son avocate qui lui demande ce qu’est le Jihad. Taoufik Said répond : “je ne suis pas un connaisseur de la question”. Et au président de lui poser une autre qiquestion : “Comment se fait le Jihad ?”. “Contre les croisés”, a-t-il répondu, froidement.

Oui, je peux tuer, sans discussion

Arrive ainsi le tour des avocats de la défense, qui lui ont demandé s’il est d’accord avec la méthode que les tueurs ont utilisé pour décapiter les deux victimes. “La méthode est incorrecte. Au lieu de tuer des femmes, il fallait tuer des hommes. je trouve illogique le fait de voir un américain qui tue mes frères en Syrie, se balader tranquillement dans mon pays”. “Peux-tu tuer?”, lui a été demandé. “Oui, je peux tuer, sans discussion” a-t-il rétorqué.

“Je n’ai jamais excommunié la société marocaine. Le régime, oui”. A-t-il répondu. A ce moment-là, l’avocat de la défense lui pose une dernière question : “qu’en est-il des forces de l’ordre ?” “Oui, ce sont des loyaux au régime”, a-t-il ajouté, avec détermination, avant qu’il soit renvoyé dans l’isoloir par le juge.