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Société

Politique d’immigration et d’asile : ce qui a été fait depuis 2013

Une stratégie nationale de l’immigration et de l’asile avait été adoptée en décembre 2014. Education, logement, santé, emploi et formation professionnelle…, les actions qui ont été menées à ce jour pour améliorer les conditions des migrants.

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Politique immigration et asile

Onze programmes, 4 objectifs stratégiques, 27 objectifs spécifiques à atteindre, plus de 80 actions à mener…, ce sont là quelques défis que devait relever la stratégie du Maroc en matière d’immigration et d’asile.

Tout a commencé quand, en septembre 2013, fut rendu public un rapport du Conseil national, des droits de l’Homme (CNDH) sur les migrants et les réfugiés au Maroc. Trois mois plus tard, et sur instructions du Souverain, le gouvernement adoptait officiellement en conseil la stratégie nationale en la matière. Cette dernière, pour commencer, s’étant fixé quatre objectifs majeurs, à savoir la facilitation de l’intégration des immigrés en situation régulière, la mise à niveau du cadre réglementaire, l’adaptation du cadre institutionnel marocain à la question de la migration et, enfin, la gestion des flux migratoires dans le strict respect des principes fondamentaux des droits de l’Homme. C’est ainsi que pour la première fois apparut dans le paysage institutionnel et administratif marocain tout un département ministériel dédié aux affaires de la migration. Un département qui a travaillé depuis deux ans aux côtés d’un comité interministériel, lui aussi dédié à la question, afin de déployer rapidement les éléments de la stratégie. Deux ans plus tard, et au moment où pour la première fois le Maroc célèbre ses migrants à travers une semaine entière en marge de la Journée internationale des migrants, le moment est propice à un premier bilan d’étape. Qu’est-ce qui a été réalisé depuis 2013 en matière de gestion des affaires de la migration au Maroc ? Evidemment, le grand public retient d’abord les faits les plus visibles parce que spectaculaires mais non moins importants. C’est particulièrement le cas des opérations de régularisation dont les résultats ne sont pas minces. Durant l’année 2013, 551 demandeurs d’asile au Maroc ont vu leur situation régularisée. Selon le ministère chargé des affaires de la migration, durant 2014 et jusqu’à fin novembre 2015, quelque 550 nouvelles demandes on été déposées par des Syriens et 63 autres par des ressortissants d’autres pays. Pour ce qui est des migrants en situation illégale au Maroc, la dernière opération, close en décembre 2014, avait permis quelque 27600 demandes dont plus de 90% ont été acceptées.

Mais au-delà de ces opérations, le déploiement de la stratégie de 2013 à aujourd’hui s’est traduit par un certain nombre d’actions et mesures importantes dont certaines ont vocation à changer le quotidien de cette frange de la population puisque touchant directement des questions vitales telles que le logement, l’emploi, la scolarité des enfants, la formation, la santé et bien d’autres. Déjà en 2015, la loi de finances avait ouvert l’accès au logement à faibles VIT (140 000 DH) et au logement social (250 000 DH) pour les étrangers résidant au Maroc. Courant 2015 aussi, et au même titre que les citoyens marocains, les migrants se sont vu ouvrir les portes d’accès à quelque 129 établissements de formation professionnelle, ce qui a permis à ce jour à quelque 460 étrangers de bénéficier desdites formations. De même, courant 2015, ce sont quelque 7 400 enfants étrangers qui ont pu s’inscrire dans le système éducatif national et près de 4 660 jeunes étrangers qui ont pu intégrer, entre 2013 et 2015, des programmes d’enseignement non formel pilotés par une quarantaine d’associations. Sur le registre de la santé, la plus grande avancée est incontestablement l’ouverture de l’accès au RAMED pour les réfugiés démunis, sans oublier l’accès à plus de 8 programmes spéciaux de santé permettant ainsi aux migrants de bénéficier des prestations médicales ou encore d’aides humanitaires directes. On peut citer à ce niveau les 6 000 étrangers couverts par des programmes du Croissant rouge marocain en collaboration avec une vingtaine d’associations.

Bien que ces aspects soient les plus vitaux, il n’empêche que la stratégie a également été déployée de sorte à faciliter l’intégration des migrants dans la société marocaine à travers des activités éducatives et culturelles leur permettant d’appendre et de comprendre la langue et la culture marocaines, de tisser des liens avec leur environnement sociétal à travers les loisirs, les colonies de vacances (380 bénéficiaires parmi les enfants de migrants) et l’accès à tous les programmes destinés aux jeunes Marocains. C’est un fait: depuis l’annonce en 2013, le déploiement de la stratégie nationale de l’immigration et de l’asile est une réalité palpable sur le terrain à travers des actions concrètes qui ont permis d’améliorer nettement la condition des migrants au Maroc. Cela dit, les défis des années à venir seront probablement plus grands et plus difficiles à relever. Le cas de l’Europe est là pour rappeler qu’aucun pays seul ne peut y faire face. C’est probablement pour cela que l’Etat marocain, parmi les leviers de réussite de sa politique, a clairement mis l’accent sur la nécessité de s’inscrire dans une gouvernance régionale et internationale de la question.