SUIVEZ-NOUS

Société

«Ousboue el farass», le grand rendez-vous des amoureux du cheval à Dar Es-Salam

Les adeptes des sports équestres ont suivi du 3 au 9 juillet la 33e édition de la Semaine du cheval à l’espace hippique de Dar Es-salam. Rencontre avec de jeunes cavaliers et des promoteurs de métiers nouveaux liés au cheval.

Publié le


Mis à jour le

Messe du cheval a Dar Es salam

«Ousboue el farass», c’est un peu la messe du cheval, un championnat du Maroc toutes catégories, et donc un baromètre du niveau des deux disciplines de dressage et de saut d’obstacle au Maroc. Durant la journée comme en nocturne, les concours se sont succédé, pour le plus grand plaisir du public. Un public avec de grands amoureux du cheval et de l’équitation, mais aussi de tous ceux qui viennent profiter de cet espace pour passer du bon temps en famille. D’ailleurs, une navette a assuré quotidiennement le transport entre plusieurs quartiers de Rabat, Salé, Témara et l’enceinte hippique de Dar Es-Salam.

Simo et Rayane

Pas loin de la piste qui sert de parcours pour le concours du saut d’obstacles, nous avons rencontré Sami Charkaoui, 16 ans, ainsi que Rayane El Ouarzazi, 18 ans. Tous les deux sont cavaliers et représentent l’espoir de l’équitation nationale. Ils concourent dans l’épreuve réservée aux juniors et jeunes cavaliers, une compétition avec des obstacles de 1m35 de hauteur. «Nous avons Rayane et moi un parcours identique. Toute la famille, à commencer par les grands-parents, monte des chevaux. On est né dedans. Moi, j’ai commencé à monter des poneys à partir de l’âge de 4 ans», lance d’emblée Sami. Des petits poneys nos deux cavaliers sont passés aux chevaux. Ils se sont entouré de coachs de qualité, à l’image de Farid Amenzer, Simo Azzoum, mais également le champion Abdelkebir Ouaddar. «C’est un sport où l’on ne peut pas réussir si on n’est pas aidé. Ces trois entraîneurs nous ont apporté un énorme savoir-faire», ajoute Rayane. Et le résultat est là.

Rayane participe déjà aux compétitions internationales : des concours en Bulgarie, Espagne, Portugal et récemment en Algérie, pour les finales des mondiaux des jeunes. Nos deux jeunes cavaliers ne ratent pas les concours nationaux et internationaux qui ont lieu au Maroc. Sami et Rayane évoquent également leurs rapports avec les chevaux. «La relation avec le cheval a été primordiale dans mon choix de ce sport. On développe un rapport intime avec la monture, un feeling très fort. C’est magique», souligne Sami. Les deux cavaliers n’hésitent pas à citer «Kebir» (Abdelkebir Ouaddar) comme un modèle pour eux, «un cavalier exceptionnel qui a gagné des prix prestigieux comme Hermès en France, mais qui a également permis au Maroc de participer pour la première fois aux Jeux olympiques».

Si on rencontre beaucoup de cavaliers à Dar Es-salam, on croise aussi des patrons de clubs d’équitation, qui viennent encourager leurs cavaliers, mais également parler de leurs clubs. C’est le cas d’ElYassini Mohammed, fondateur de la Ferme équestre, un club d’équitation situé à Dar Bouaâzza, dans la banlieue sud de Casablanca. «Depuis qu’on a créé ce club il y a 27 ans, nous nous sommes donné comme mission de transmettre la passion du cheval à tout le monde. Nous avons conçu un espace sans portes pour tous ceux qui veulent découvrir l’endroit, toucher les chevaux…», précise M. El Yassini. La Ferme équestre qui s’étale sur trois hectares et dispose d’une soixantaine de chevaux travaille beaucoup avec les écoles et organise des événements autour du cheval ainsi que des stages pour les enfants durant les vacances. M. El Yassini pense que les sports équestres doivent profiter à un plus grand nombre de Marocains, petits et grands. «Le droit d’entrée au club est de 1000 DH par an et prévoit des cours selon un planning spécial pour ceux qui veulent pratiquer le cheval durant toute l’année. Quant à ceux qui veulent faire de la monte, que ce soit pour une promenade, acquérir une technique ou pour un cours, c’est 150 DH de l’heure. La barrière argent doit être allégée afin de permettre à la classe moyenne de pratiquer la monte. Il faut démocratiser l’accès au cheval», conclut-il.

Bienvenue chez les chuchoteurs

La Semaine du cheval regroupe les plus grands cavaliers du Maroc, du fait qu’elle est la grande finale des compétitions qui ont lieu toute l’année. Majid Djaidi fait partie du top 10 des cavaliers de haut niveau du pays. L’homme a gagné plusieurs compétitions tout au long de sa jeune carrière dont le Grand prix Mohammed VI du saut d’obstacles, en 2011 et 2014. S’il est présent à Dar Es-Salam pour la grande compétition des sénior, il est là également comme entrepreneur du cheval. En plus d’une école d’équitation qu’il a développée au sein du prestigieux club de l’Etrier de Casablanca, il a également déployé deux autres activités intimement liées au cheval : le «horse coaching» et l’équithérapie. «Le horse coaching est un concept très développé aux Etats-Unis et en Europe. On part du principe que le cheval est un être exceptionnel, qui a un sens très développé. Le cheval parvient à refléter les émotions de ceux qui sont autour de lui», explique M. Djaidi. Et d’ajouter : «Ce programme est assuré par une équipe de chuchoteurs qui vient de France. On met le manager ou le chef d’entreprise au milieu d’un rond de 18 mètres de diamètre. Ce qui correspond à la bulle du cheval. Le cheval scanne la personne et reflète ses émotions. De là, un diagnostic est établi». Le problème du manager est ainsi identifié. Le «horse coaching» permet ainsi, selon M. Djaidi, d’aider le manager à adopter un comportement de leadership. Quant à l’équithérapie, elle s’adresse à des personnes aux besoins spécifiques. «Nous travaillons avec des personnes souffrant d’autisme ou de handicap mental ou physique. Elles sont contentes de cette thérapie qui passe par un contact avec les chevaux», conclut M. Djaidi.

La Semaine du cheval est un grand rendez-vous sportif. Pour les amateurs et professionnels des sports équestres, il fait partie des trois grands moments de l’année, à côté du Morocco Royal Tour et de la Coupe du Trône. Selon plusieurs professionnels rencontrés sur place, le potentiel de développement des disciplines comme le saut d’obstacles et le dressage est important. Abdelkebir Ouaddar a bien montré la voie…
Younes Baamrani