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Société

Mariage «orfi», mariage de «moutà¢a», deux appellations pour un mariage temporaire et «halal»

«Cette pratique est illégale, aussi bien au niveau du droit tunisien que de la charia»

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Mariage orfi 2012 07 16

Connu sous le nom de «sigheh» en Iran, ce qu’on appelle zawaj Al moutâa (mariage de plaisir) est reconnu comme légal par une partie des chiîtes mais il est prohibé par les sunnites. Il s’agit d’un mariage temporaire entre un homme et une femme qui pourra durer entre une heure et… toute une vie, et pour la légitimation duquel il suffit de l’aval d’un religieux. Il est pratiqué et autorisé en Iran, pays où les relations sexuelles avant mariage sont également interdites. Sur ce sujet comme sur d’autres, le clivage entre chiites et sunnites est de mise. Si les premiers considèrent que ce type de mariage n’a jamais été interdit du temps du prophète Sidna Mohammed, mais seulement du temps de Omar Ibnou Alkhattab, qu’aucun homme, qu’il soit calife ou non, ne peut donc l’interdire. Les sunnites, eux, le condamnent sous l’argument que cette union a été interdite par le Prophète lui-même. L’appellation change, mais mariage moutâa et mariage orfi (coutumier) signifient la même chose. A signaler que ce dernier est pratiqué depuis des années par les salafistes au Maroc, en Algérie, en Tunisie ainsi qu’en Egypte. Ils proposent aux jeunes, pour ne pas consommer leur union dans le péché, de signer un contrat, devant deux témoins, afin de légitimer leur union devant Dieu.

«Cette pratique est illégale, aussi bien au niveau du droit tunisien que de la charia», s’insurge Dalenda Larguèche, directrice du Centre de recherche, d’études, de documentation et d’information (CREDIF) à Tunis.
Interrogée par «le Point.fr» en février dernier, l’historienne ajoute que ces jeunes hommes profitent de l’ignorance de femmes qui ne connaissent pas bien la charia et les croient ainsi sur parole lorsqu’ils leur promettent un véritable mariage régulier dans le futur.

Cette pratique se propage même au Maroc, dans certaines grandes villes, notamment dans les milieux estudiantins. Le mariage dit «misyar» (facilité) aura tendance, selon certaines sources, «à se répandre, en catimini, dans certaines villes marocaines, à l’instar de Casablanca, Rabat et Marrakech. Celui-ci impose à l’épouse de renoncer partiellement ou entièrement à ses droits matrimoniaux (la pension, le partage des biens…) mais le plus souvent, dans les faits, le divorce ne tarde pas à s’annoncer. Car l’épouse finit par se plaindre de mener une vie séparée de celle de son mari qui a toujours eu le droit de se rendre chez elle, à toute heure de la journée ou de la nuit uniquement pour assouvir ses besoins sexuels qu’il juge «licites».