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Société

Les réseaux sociaux : Questions à Waffae Hajjani, Coach humaniste certifiée et professeure en leadership, Soft Skills et développement personnel

«Les réseaux sociaux sont une monnaie d’échange contre-productive dans les relations parents et enfants».

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Les reseaux sociaux 1

La Vie éco : Quel est l’impact des réseaux sociaux sur les relations familiales ?

Les avis sont partagés : certains experts, études à l’appui, pensent que les réseaux ont un impact négatif sur les relations familiales et pensent que les liens se sont littéralement dématérialisés : «l’extimité» affichée sur les murs de Facebook a dénaturé la nature intime et privilégiée des liens familiaux.

D’autres pensent au contraire que les réseaux sociaux permettent de nourrir les relations familiales en particulier dans le cas de l’éloignement géographique des membres d’une même famille pour cause de travail d’un des parents ou de départ pour les études des enfants. Les réseaux sociaux permettent de partager un quotidien au-delà des contraintes du temps et de l’espace.

Au-delà de ces clivages, je pense, d’après mon expérience auprès des parents que je reçois dans mon cabinet, que la préoccupation de la majorité d’entre eux réside dans une question très simple : Comment limiter les effets négatifs des réseaux sociaux sans pour autant priver mon enfant de vivre avec les évolutions technologiques de son temps ?

Conscients en effet de l’importance de rester ouverts à ces outils, les parents semblent perdus quant au mode d’emploi avec leurs enfants, étant souvent dépassés par ces derniers en termes d’accès et d’utilisation de ces plate-formes électroniques.

Et quelle est l’attitude des enfants par rapport aux réseaux sociaux ?

De leur côté, les jeunes que j’accompagne sur ce sujet, souvent à la demande des parents, semblent très satisfaits des relations familiales. Ils semblent aussi avoir compris que, tant que les résultats scolaires sont au rendez-vous, les parents semblent plus enclins à les laisser vaquer à leurs activités virtuelles. Réel levier de motivation, cette monnaie d’échange est à mon avis contre-productive car elle peut renvoyer un message contradictoire. En effet, comme me l’a dit un jeune de 12 ans une fois : «Si les réseaux sociaux sont si ‘‘nocifs’’ pourquoi mes parents me disent que si j’ai des bonnes notes j’y aurais droit ? Est-ce que tout d’un coup leurs inconvénients disparaissent avec les bonnes notes ?». Implacable comme l’est toujours la logique des enfants.

En tant que coach, que conseillez-vous aux parents ?

 Ce que j’explique aux parents, c’est que les réseaux sociaux sont faits sur un mode attractif pour les jeunes et qu’ils leur permettent de répondre à leur besoin de reconnaissance et à leur instinct grégaire avec les amis.

Au-delà du fait d’interdire ou de «motiver», les réseaux sociaux, comme tous les autres aspects de la relation parents-enfants, pourraient être l’occasion d’accompagner nos enfants vers une responsabilisation bienveillante : comprendre leur besoin et leur attirance, leur expliquer les risques à partager certaines photos ou informations, établir avec eux des règles (pas de portable à table), créer des moments off (sans TV, sans téléphone, sans wifi), rentrer dans leurs réseaux en partageant avec eux des photos, des articles, des vidéos, s’intéresser à ce qu’ils publient…Enfin et c’est le dernier point que je voudrais évoquer : combien de parents, preuve d’exemplarité et de cohérence, répondent à des coups de fil ou des mails professionnels pendant l’heure du dîner ou lors des moments passés en famille ? Il suffit d’observer autour de nous pour nous rendre compte que nous avons souvent nous aussi le nez dans nos écrans, au feu rouge, au restaurant, en récupérant nos enfants de l’école ou en assistant à leurs activités sportives… Prenons garde à continuer à regarder nos enfants quand ils nous parlent, quand on donne un biberon à notre bébé, ou simplement quand ils sont là, car souvenez-vous que c’est dans le regard des parents que se construisent les enfants.