Société
Les familles perplexes face à la vaccination des enfants et le report de la rentrée scolaire
• Certains parents, craignant les effets secondaires du vaccin, sont encore réticents • Ils invoquent la non-obligation spécifiée par le ministère de l’éducation nationale • Par ailleurs, les familles qui ont déjà payé les frais de scolarité appréhendent d’éventuels problèmes avec les écoles suite au report de la rentrée au 1er octobre.

Encore une rentrée scolaire perturbée. Si, l’an dernier, la rentrée scolaire suscitait des inquiétudes chez les parents quant à l’organisation des cours en présentiel et distanciel et le réaménagement des horaires, cette année, les craintes des familles sont liées à la vaccination de leurs enfants. En effet, le Maroc a lancé, le 31 août dernier, la vaccination des enfants âgés entre 12 et 17 ans suite à la hausse des cas de contaminations et en vue de prévenir une large propagation du virus dans les établissements scolaires.
Les questionnements des parents sont essentiellement liés à la nécessité de la vaccination de cette jeune population et aux effets secondaires du vaccin. «Dès l’annonce de la campagne de vaccination, mon secrétariat a été submergé par les demandes de rendez-vous. Les parents veulent avoir un avis médical avant d’emmener leurs enfants pour se faire vacciner. Je recevais et reçois encore plus d’une quinzaine de mamans par jour…», indique Dr. Berragueb, pédiatre à Casablanca. Et d’ajouter qu’«à chaque fois, j’ai dû expliquer aux familles l’utilité du vaccin et les sensibiliser à l’importance de se faire vacciner».
Dans le même ordre d’idées, le docteur Moulay Said Afif, président de la Fédération nationale de la santé, souligne que «la vaccination a permis de réduire le taux de mortalité infantiles et aussi, depuis de longues années maintenant, d’éradiquer plusieurs maladies infantiles. Ainsi, à titre d’exemple, on ne recense plus de diphtérie depuis 1990, plus de poliomyélite depuis 1987. *
Le vaccin anti-Covid est un vaccin comme les autres et permettra de protéger les enfants et de progresser sur la voie de l’immunité collective». Et de poursuivre : «Les parents se posent certes des questions, mais sur le terrain on note quand même une grande affluence dans les divers centres de vaccination et les données chiffrées en attestent». Ainsi, selon les indicateurs communiqués en début de semaine, 290 650 enfants ont été vaccinés depuis le début de la campagne. On notera que 163 240 ont choisi le vaccin de Pfizer et 127 410 ont opté pour le Sinopharm.
Le report de la rentrée scolaire perturbe l’organisation des familles…
Le professeur Afif tient à préciser que «très peu d’effets secondaires ont été signalés et même lorsqu’ils sont apparus ils ont été sans gravité aucune. Nous avons noté quelques cas de choc vagal sans gravité, de la fièvre ou encore une douleur au point d’injection. Il faut signaler qu’il s’agit d’effets secondaires identiques à ceux pouvant apparaître suite à tous les autres vaccins».
Outre les effets secondaires, certaines familles, se basant sur l’autorisation des parents et la non-obligation du vaccin spécifiées dans le communiqué du MEN, restent encore réticentes : «Pourquoi dire une chose et faire son contraire ? L’école de mes enfants nous a adressé un mail expliquant que les enfants doivent être vaccinés à la reprise des cours. Dans le cas contraire, ils devront suivre les cours en distanciel.
On ne comprend plus rien !», déplore une mère de famille. Pourtant, rétorque un directeur d’établissement privé, «les choses sont claires. En dépit du caractère non obligatoire du vaccin, il faut retenir que la vaccination est nécessaire, elle contribuera à la protection des enfants et évitera une large et rapide propagation du virus. J’ai moi aussi adressé le même courrier aux familles, parce que je ne souhaite pas, en cas de contamination, être contraint de fermer l’école et de perturber la reprise des cours».
C’est pour cela que le gouvernement a décidé, le lundi 6 septembre, d’un deuxième report de la rentrée fixant celle-ci au 1er octobre prochain. Ce qui a suscité des préoccupations chez plusieurs les parents.
Premièrement, les familles, notamment celles qui ont déjà payé les frais de scolarité du premier trimestre, s’interrogent sur la suite des événements : «Comment les écoles vont procéder ? Nous avons peur d’avoir des surprises en octobre», s’interroge un père de famille qui a dit avoir déjà contacté l’établissement scolaire de sa fille. Deuxièmement, se pose pour certains couples la garde des enfants durant les prochains jours et surtout comment les occuper.
Certains parents interrogés pensent organiser la journée pour en consacrer une partie à des révisions en vue de préparer la rentrée. D’autres, en particulier ceux qui sont en télétravail, envisagent de prolonger leur séjour dans leurs résidences secondaires à la plage. Et enfin, il y a les parents, notamment ceux dont les enfants doivent passer des examens en fin d’année, qui ne comprennent pas le report de la rentrée et qui s’inquiètent du retard en cours d’année sur les programmes. «C’était le cas l’an dernier déjà, alors va-t-on encore devoir faire face à cette même situation cette année ?!», conclut une mère de famille.
