Société
L’Ecole de deuxième chance débarque au Maroc
250 élèves en difficulté scolaire bénéficieront, grà¢ce à l’Ecole de deuxième chance (E2C), d’une formation pour une meilleure insertion sur le marché du travail.
L’idée est séduisante et ambitieuse : implanter des écoles de la deuxième chance au Maroc pour les jeunes en situation d’échec scolaire, à l’instar de ce qui se fait en Europe. En tout cas, les préparatifs de cette implantation vont bon train, et tout porte à croire, selon les porteurs de ce projet, que la première «Ecole de deuxième chance» (E2C) élira domicile dans la zone industrielle du quartier Sidi Bernoussi et ouvrira ses portes en septembre prochain à l’occasion de la rentrée scolaire 2010-2011. Qui bénéficiera de ces écoles ? Quel genre de formation offrent-elles ? Qui dispensera cette dernière ?
Notons d’abord que le concept d’E2C est européen, il a été proposé par Edith Cresson (commissaire européen de 1995 à 1999) dans le cadre de l’Union européenne et a été adopté en France à partir de 1995. Objectif : offrir de nouvelles opportunités aux jeunes entre 18 et 24 ans, qui n’ont pas pu mener leur scolarité jusqu’au bout et qui se trouvent donc dépourvus d’une formation leur permettant une insertion dans le marché du travail. On dénombre en moyenne 20,5% de jeunes âgés de 18 à 24 ans qui ne vont pas au-delà du premier degré de l’enseignement secondaire. Depuis, ces écoles de deuxième chance connaissent un franc succès en France, quelque 4 500 stagiaires y suivent leur formation, sur 41 sites implantés dans 12 régions et 25 départements. Chez nous, c’est l’Association NeôMaroc, créée par des Marocains et des Français ayant de fortes attaches avec le Maroc, qui travaille, depuis 2006, pour l’introduction de ce concept au Royaume tout en l’adaptant aux spécificités du pays. La première E2C, qui sera installée dans la ZI de Sidi Bernoussi sur un terrain de 12 000 m2, accueillera, à partir de la prochaine rentrée scolaire, 250 élèves âgés de 14 à 22 ans, tous en situation scolaire difficile. La formation, qui durera de 1 à 3 ans, touchera les métiers du bâtiment, de la mode, de l’art culinaire, du service et de l’espace vert. Elle sera sanctionnée par un diplôme reconnu par le ministère de l’éducation nationale. Avec cette dernière, l’association porteuse du projet a signé une convention en vertu de laquelle le ministère enverra des formateurs (en plus de ceux formés par l’association au Maroc et en France). Les lauréats de cette école, et des autres écoles qui seront créées par la suite dans d’autres régions du pays, auront le choix entre lancer leur micro-entreprise grâce à une pépinière d’entreprises partenaires au projet, ou se regrouper dans une SCOP (société coopérative de production). D’ores et déjà, quelques partenaires dans le domaine de l’entreprise adhèrent au projet, parmi lesquels Manpower, la CGEM ou encore le groupe Rahal. Le budget pour la réalisation de cette première E2C à la marocaine est estimé à 31 MDH, dont une contribution de l’INDH s’élevant à 3 MDH. Le reste sera assuré par des partenaires financiers aussi diversifiés que l’UE, le Conseil régional Ile de France, le MEN, la Fondation Mohammed V pour la solidarité ainsi que des entreprises marocaines et françaises. La grande question reste posée, malgré la bonne volonté des initiateurs de ce projet : Que peuvent faire une, ou même plusieurs E2C pour les nombreux élèves marocains (400 000) qui quittent chaque année, pour une raison ou une autre, l’école au Maroc ? On n’est pas devant de simples difficultés scolaires, mais devant une véritable hémorragie, à laquelle le MEN marocain essaie d’apporter quelques solutions, genre plan d’urgence. Mohamed Aziz, le coprésident de l’Association NeôMaroc et le chef du projet E2C au Maroc (qui vit en France depuis 33 ans), reconnaît n’avoir pas de solution miracle. Mais, au moins, il compte «participer aux grands efforts qui se font dans son pays pour sauver les jeunes de la marginalisation suite à leurs déboires scolaires». Lutter contre la déperdition scolaire est en effet un autre défi.
