Société
Le don de sang : Questions à Mohamed Benajiba, Directeur du Centre national de transfusion sanguine et d’hématologie
«Nous ne pouvons qualifier le stock d’équilibré que s’il dépasse sept jours de consommation».

La Vie éco : Les Marocains sont-ils de plus en plus attachés à leur sang ?
Durant la période estivale, on enregistre toujours une baisse des dons et l’on passe donc par une période critique pour répondre aux besoins qui connaissent une augmentation. Les donneurs, en congé, sont peu disponibles pour le don de sang mais l’on peut dire que globalement les donneurs réguliers se font de plus en plus rares. Le Marocain ne dispose pas d’une culture du don de sang. C’est pourquoi à travers notre stratégie 2017-2020, nous avons l’ambition de les sensibiliser davantage et de promouvoir cet acte. Ceci dit, il faut souligner que la situation que connaît le Maroc durant l’été n’est pas une particularité puisque à travers le monde on enregistre une pénurie de sang durant ces mois…
Après l’appel lancé en août, quel bilan peut-on faire actuellement ?
Il y a eu une amélioration par rapport au début de l’été puisque l’on a atteint un stock de 4 300 poches. Maintenant, il faut dire que les quatre jours fériés d’Aid Al Adha n’ont pas été favorables à nos actions de redressement du stock. Mais là, il y a eu une reprise grâce à l’implication de la société civile. Ainsi, vendredi 8 septembre, l’association des comédiens a organisé une opération de don. Une initiative qui peut être suivie par d’autres associations.
Aujourd’hui, nous œuvrons dans le cadre de notre stratégie, et avec l’aide des associations, des réseaux sociaux ainsi que les partenariats que nous avons mis en place, pour assurer l’équilibre entre le stock et la consommation. Et la solution est de sensibiliser et fidéliser la population.
Est-ce qu’il y a un seuil déterminé permettant de parler ou pas de pénurie ?
En effet, dans la gestion des stocks, nous retenons trois niveaux : Premièrement, lorsque nous sommes à plus de sept jours de consommation, nous reconnaissons que le stock est constitué et équilibré. S’il se situe entre deux et cinq jours, nous lançons un appel aux dons et enfin lorsque l’on est à moins de deux jours, nous estimons que le don est obligatoire. Nous obligerons les citoyens à donner leur sang…
Quelles solutions peut-on envisager si les volontaires ne sont pas nombreux ? Peut-on aller jusqu’à rémunérer les donneurs de sang ?
Selon un texte de loi de 1994, le don du sang est gratuit. Donc déjà nous sommes face à une interdiction légale de la rémunération du donneur de sang. Par ailleurs, la rémunération n’est pas recommandée car elle présente de grands risques en matière de qualité du sang. Lors de l’entretien médical, le donneur peut taire ou esquiver certaines pathologies et certains actes médicaux pouvant altérer la qualité de son sang. Ce qui représente un risque transfusionnel certain…
Quels sont justement les donneurs contre-indiqués et que représentent-ils au Maroc ?
Ne peut donner son sang toute personne souffrant de maladies chroniques, de maladies sexuellement transmissibles, les personnes atteintes de cancers, de maladies cardiovasculaires, etc. Les personnes ayant fait des soins dentaires sont également à surveiller.
Selon nos statistiques, au Maroc, les personnes contre-indiquées représentent 40% des donneurs.
