Société
La violence contre les femmes : un problème de santé publique
Impliquer les jeunes dans la lutte contre les violences fondées sur le genre, tel est l’objectif de l’Association marocaine pour les droits des femmes. A travers une série d’actions, l’AMDF donne la parole aux jeunes, notamment à travers un parlement parallèle.
L’Association marocaine pour les droits des femmes lance la campagne des «16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles» à sa manière. Tout d’abord à Marrakech, le 23 novembre, où les jeunes de l’association ont mis en place et animé un stand dans le cadre de l’édition 2019 de cette campagne. Une action mondiale onusienne qui a été placée cette année sous le slogan : «Masculinités positives : les hommes et les garçons rejettent la violence faite aux femmes et aux filles». Quatre jours plus tard, à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca, l’AMDF a organisé la deuxième séance du parlement parallèle pour l’égalité et la lutte contre les violences fondées sur le genre, qui a eu pour thème cette année : «Les violences à l’encontre des femmes et des filles : un problème de santé publique». Le lendemain, l’association a organisé un point de presse où les jeunes discutent des violences faites aux femmes et aux filles en se concentrant sur le rapport de la violence à la santé. «Aujourd’hui, il est important de donner la parole aux jeunes qui sont engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles afin qu’ils puissent parler de leur engagement, partager leurs opinions et leurs expériences», explique Najat Razi, présidente de l’association.
Maître mot : la parité
Le parlement parallèle initié par l’Association marocaine pour les droits des femmes est formé de 30 membres, tous des étudiants, et où la parité parfaite est respectée. «L’AMDF a organisé une activité de sensibilisation au sein de l’Université Hassan II de Casablanca l’année dernière, sous forme d’un parlement parallèle. Cette activité a connu un grand succès et a permis de consolider le groupe des jeunes de l’AMDF. Cette année, le groupe des jeunes lance une deuxième séance parlementaire autour du thème “Violences faites aux femmes et aux filles en tant que problème de santé publique”. Il s’agit d’une activité de sensibilisation qui est organisée dans une institution universitaire à Casablanca, et qui permettra de mobiliser les jeunes étudiants et les inciter à mener des actions de prévention et lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles», explique-t-on du côté de l’association.
Quatre axes ont été retenus par les jeunes : le mariage des mineurs, la prise en charge des victimes des violences physiques et psychologiques, l’interruption volontaire de la grossesse ainsi que la prévention. «Ce qui est inadmissible, c’est qu’un enfant, censé être encore à l’école, qui découvre à peine son corps, se trouve ainsi embarqué dans une entreprise aussi complexe que celle du mariage, avec des conséquences qui peuvent lui être mortelles», explique Zineb Makboul, licenciée en droit, membre de la section jeunes de l’AMDF et responsable en son sein de l’axe «Mariage des mineures». Et d’ajouter : «Les jeunes sont en interaction avec la réalité. Ce sont eux qui doivent décider de l’avenir de ce pays». Oumaima, Jmad, autre jeune de l’association, est coordinatrice de projet : «Le parlement montre que les jeunes peuvent prendre la parole pour aborder des questions de société. Il s’agit là d’étudiants qui ont été sensibilisés et formés sur les violences basées sur le genre et leurs impacts sur la santé publique». Ces jeunes, au nombre de trente, travaillent également sur leur entourage. Une sorte de contamination positive, qui passe par l’éducation par les pairs, et qui fait que le message passe vers d’autres personnes. «Le parlement est une activité qui a du succès, puisque le groupe de l’année dernière continue à s’impliquer. Les activités traitent aussi bien des politiques publiques que des représentations sociales. A l’avenir, on compte travailler dans des lycées, des collèges, voire des écoles primaires pour permettre au message de la lutte contre la violence basée sur le genre de toucher un plus grand nombre, notamment les nouvelles générations», conclut Oumaima Jmad.
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