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Hassan Jouhadi : «Protéger les jeunes et prendre en charge les fumeurs»
Pour ce spécialiste de l’oncologie, les patients en sevrage tabagique doivent être pris en charge par des spécialistes à travers des techniques médicamenteuses.

Les différents programmes nationaux de lutte contre le tabac ont-ils produit l’effet escompté ?
Selon les statistiques officielles, le Maroc est passé d’un taux de 24% de fumeurs de plus de 18 ans à un taux de 13% entre 2000 et 2020, soit une réduction de 10 points. Maintenant, il faut poursuivre l’effort en agissant sur plusieurs leviers. Le premier, c’est d’éviter le piège de la première cigarette chez le jeune adulte. Cela passe par la protection de ces jeunes par la sensibilisation par l’affichage, la réglementation, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, etc. Le deuxième volet consiste à essayer de faire perdre cette habitude de fumer et dire aux jeunes que nous n’avons pas pu empêcher d’accéder à la cigarette. Et parfois, il faut aussi aider les patients à abandonner le tabagisme en leur offrant des produits de substitution, mais aussi des consultations spécialisées.
Arrêter de fumer est une souffrance que beaucoup n’osent pas franchir. Ces produits alternatifs peuvent-ils aider ?
Les signes de sevrage sont désagréables : des frissons, des maux de tête, des nausées et des palpitations. Il faut combler cela avec de la nicotine, sous forme de patchs, de comprimés à libération rapide ou encore de produits inhalés ayant la capacité de s’absorber rapidement dans le sang. C’est un vrai problème qui doit être pris en charge par des spécialistes parce qu’il y a des techniques médicamenteuses, des techniques de comportements… Le besoin d’être aidé est plus que jamais requis pendant cette phase. Nous essayons justement de développer cela avec le ministère de la Santé, des consultations avec des pneumologues spécialisés, des tabacologues et des psychologues également.
Les produits alternatifs ont-ils montré leur efficacité cliniquement parlant ?
Il faut analyser les risques inhérents à chaque produit. Parce qu’autant sur certaines études, on a des effets positifs, que ce soit pour des dérivés nicotiniques, le tabac chauffé ou au niveau du snus, autant il y a d’autres effets secondaires qui apparaissent.
En matière de santé, il est très difficile d’avoir un avis tranché au bout de trois ou quatre ans sur un produit. On se donne souvent du temps parce que les effets secondaires arrivent 20 ou 30 ans après.
Quid de la réglementation à l’international ?
La FDA américaine a validé certains produits. La Suède est aussi le seul pays européen à avoir donné son aval à certains produits alternatifs comme le snus, l’Angleterre suit le même exemple. Les Japonais adhèrent plus au tabac chauffé, un produit alternatif qui élimine la combustion et chauffe à une température beaucoup plus basse. Résultat, l’exposition aux composantes toxiques est réduite de 95% selon les études. Au Canada, les autorités étaient au début totalement contre l’entrée au pays des cigarettes électroniques ou le tabac chauffé. Aujourd’hui, elles disent qu’il ne faut plus bloquer l’accès à l’utilisation de ces produits.
