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Société

Femmes : bilan mitigé à  New-York

Des acquis enregistrés, mais la situation globale s’est aggravée.
Le Maroc a fait bonne figure aux Nations unies.

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Dix ans après la conférence de Pékin, des centaines de militants des droits de l’homme en général et de la femme en particulier se sont retrouvés au siège des Nations Unies à New York, le 1er mars, pour un bilan. Résultat ? Réaffirmation des principes de la plateforme de 1995 et constat alarmant: la situation des femmes dans le monde a empiré ces dix dernières années. Pauvreté galopante, santé hésitante, violence accrue, discrimination persistante… Cependant, on reconnaît les acquis : de plus en plus de femmes instruites, de femmes dans le monde du travail, de lois anti-discriminatoires, mais pour les militantes ce n’est pas assez. Un rapport remis par une coalition de 150 ONG accuse les gouvernements d’avoir trahi les promesses faites à Pékin.

Les critiques sont venues de l’intérieur
Pour une fois, le Maroc a été relativement bien accueilli. Le speech de Yasmina Baddou, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de la solidarité et des personnes handicapées, a été applaudi. Elle a parlé d’une stratégie en cours d’élaboration, basée sur le partenariat entre secteurs privé et public et visant à établir la parité.
Toutefois, un groupe de vingt-quatre associations marocaines a publié un communiqué contestant le rapport remis par le Maroc à New-York et appelant le gouvernement à faire de l’égalité homme-femme un principe constitutionnel et à ratifier le protocole facultatif de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Bassima Hakkaoui, députée PJD et membre de la commission des secteurs sociaux, désapprouve la manière de faire de ces associations. «On ne devrait pas laver notre linge sale en public», dit-elle. Pour elle, le Maroc ne doit pas s’endormir sur ses lauriers. «Il y a tout un travail à faire sur l’application de la Moudawana, particulièrement sur la durée d’application des jugements», dit-elle. Jeannine de Brocard, qui a travaillé pendant 30 ans sur la question des femmes à Genève en tant que représentante au Conseil international des femmes, s’enthousiasme de cette «prise de conscience» des femmes africaines et arabes. La représentante du réseau est-africain pour l’avancement des femmes estime, elle, que «nous avons de bonnes lois mais leur application reste handicapée par le manque de moyens».
La leçon de Pékin est donc que le législatif n’est qu’un pas. Kee Siew Min, Malaisienne de 32 ans, militante contre la violence à l’égard des femmes, ironise: «C’est bien beau de dire que les lois instituent l’égalité homme-femme, mais tout reste encore à faire si l’homme a le droit de répudier sa femme par un simple SMS», dit-elle.
Les interactions islam et droits des femmes ont fait l’objet de débats menés par les représentantes d’ONG non-musulmanes. Pour beaucoup, la femme musulmane doit arracher ses droits et non attendre qu’on les lui donne.
Enfin, un hommage a été rendu au travail des ONG sur le terrain. Mais on s’accorde à dire que les associations seules ne peuvent pas tout faire. Un meilleur avenir pour la femme est certainement dans une collaboration entre les gouvernements, les ONG et les instances de l’ONU, une sorte de partenariat intelligent.