Société
Des artistes à la rescousse contre l’abandon scolaire
Réhabilitation des écoles, acquisition de véhicules de transport scolaire, don de cartables… Ainsi s’investit Enfance Maghreb Avenir pour la lutte contre l’abandon scolaire. L’association a organisé la deuxième édition de EMA’rt pour lever des fonds et structurer un réseau de partenaires…
Vingt et un photographes, peintres et sculpteurs exposent collectivement, du 23 janvier au 27 février, leurs œuvres à l’auditorium Oasis. Ce vernissage, EMA’rt, est organisé en faveur de l’association Enfance Maghreb Avenir qui lutte, depuis sa création en 2005, pour la défense d’un des droits fondamentaux de l’enfant, à savoir celui d’aller à l’école. Une partie des revenus des ventes sera versée à l’association. Donc plus qu’une exposition, EMA’rt est un élan de solidarité des artistes pour soutenir la cause d’EMA : la lutte contre l’abandon scolaire. Et c’est également une action pour attirer l’attention des mécènes et du grand public pour venir en aide à l’école marocaine. «C’est la deuxième édition, la première a eu lieu en 2018. Outre l’aspect artistique et culturel, cet événement a permis de lever des fonds au profit de l’association. La précédente édition nous a permis d’avoir 450 000 DH. Pour cette année, il faudra attendre la fin février pour connaître le montant collecté», explique Najate Limet, fondatrice et présidente de EMA Maroc qui est une antenne de Enfance Maghreb Avenir France.
Antenne qui a pris l’engagement de soutenir l’école publique afin de garantir le droit à l’éducation. Concrètement, l’association œuvre pour l’aménagement et la création des établissements primaires publics dans les quartiers défavorisés. Par ailleurs, et toujours dans le souci de garantir le droit à l’éducation, EMA travaille également sur un projet de l’Ecole de la deuxième chance, située à Nouasseur. Assurant à la fois un apprentissage et une formation professionnelle, cet établissement devra accueillir une soixantaine d’élèves âgés de 17 à 20 ans. C’est un projet central pour l’exercice 2020 qui s’inscrit dans le cadre du partenariat liant l’association à l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Cependant, à son financement estimé à 2 MDH contribueront également des grands opérateurs privés.
La lutte contre l’abandon scolaire engagée par EMA a commencé en 2006. Depuis, l’association a procédé à la réhabilitation de 20 établissements primaires situés à Casablanca, Mohammédia et Marrakech. Pour 2020, elle envisage de restaurer une dizaine d’écoles supplémentaires. On retiendra également que chaque année, ce sont 11000 enfants qui sont suivis par Enfance Maghreb Avenir. Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’un programme du ministère de l’éducation nationale visant le remplacement des écoles en préfabriqué par des constructions en dur. «En effet, nous nous engageons à accompagner le ministère dans ce programme afin d’assurer aux élèves, mais aussi aux enseignants, des infrastructures adaptées et répondant aux normes. Ce qui n’est pas le cas actuellement, dans la mesure où les constructions en préfabriqué exposent les élèves et leurs enseignants à de gros risques sanitaires en raison de l’amiante», souligne Mme Limet. Et de poursuivre «qu’il faut également remédier à la vétusté des constructions existantes et les adapter aux besoins des élèves. En effet, il faut signaler que plusieurs écoles ne disposent pas de blocs sanitaires et n’ont pas de raccordement à l’eau courante». Ce qui justifie que les travaux réalisés par EMA ont essentiellement porté sur les structures sanitaires qui répondent aux normes fixées par la Banque Mondiale, sur le raccordement au réseau d’eau potable et d’électricité ainsi que la construction des murs d’enceinte et les espaces sportifs.
Tous les travaux de réhabilitation et d’aménagement ont été réalisés en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale et l’INDH.
Le programme avec l’INDH prendra fin en 2021 et sera impérativement reconduit en raison de l’importance de la problématique de l’abandon scolaire. Les actions d’Enfance Maghreb Avenir ont, aujourd’hui, profité à 13600 enfants, en particulier des petites filles qui ont pu être scolarisées ou maintenues dans le milieu scolaire. En dépit de la nette amélioration de leur scolarisation, les filles demeurent, selon les statistiques officielles, les plus touchées par l’abandon scolaire.
Le partenariat avec l’INDH s’étalera jusqu’en 2021
Ainsi, dans le secondaire, le taux d’abandon scolaire des filles se situe à 12,2%. Dans le primaire, il est de l’ordre de 3%. Globalement, les statistiques révèlent que le taux de l’abandon scolaire se situe en moyenne à 1,1% dans le primaire, 12% dans le collège et enfin de 10,1% dans le lycée. Selon les prévisions de l’Education nationale, le taux de décrochage scolaire devrait atteindre 1% dans le primaire et 3% dans le collège à l’horizon 2024-2025. Les programmes de généralisation du préscolaire, lancés dans quasiment toutes les régions du pays, devraient contribuer à la baisse du décrochage scolaire.
Le comportement du taux de l’abandon scolaire est régulièrement suivi par l’association EMA qui le présente à ses partenaires et donateurs en vue de les sensibiliser à cette problématique et leur soumettre un état des lieux régulier de la situation de l’éducation au Maroc. Ce suivi facilite l’accès au financement et permet de développer des programmes. Ce qui a permis, expliquent les responsables de l’association, de varier la nature des opérations menées. En effet, Enfance Maghreb Avenir ne fait pas que des travaux de réhabilitation et d’aménagement, mais elle s’implique également dans la distribution de cartables et l’organisation et la gestion du transport scolaire.
L’opération «Un cartable pour tous» se déroule chaque année depuis la création de EMA. Environ 800 cartables avec fournitures scolaires sont distribués dans les écoles au profit des enfants des familles défavorisées.
Et parce que l’éloignement des écoles est une cause principale du décrochage scolaire, l’association s’est également investie dans l’amélioration du transport. Elle gère actuellement un parc de près d’une quarantaine de véhicules qui permettent de transporter quelque 2 500 enfants par jour, et ce, dans 10 communes du Grand Casablanca. Ces véhicules ont été donnés par le MEN, l’INDH, le Conseil provincial de Nouaceur et le Conseil provincial de Médiouna. Les frais sont pris en charge par les communes (les frais de gasoil) tandis que l’EMA paie l’assurance et les salaires des chauffeurs.