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Société

Burn-out : Avis de Ahmed Al Motamassik, Sociologue d’entreprises

«Ce phénomène, à condition de ne pas confondre burn-out avec les autres pathologies, commence à avoir des impacts sociaux patents».

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Selon Ahmed Al Motamassik, «la société marocaine a changé ces dernières décennies dans la mesure où la compétition sociale est devenue acerbe, les inégalités augmentent et le sentiment d’insécurité humaine s’intensifie. Ces sentiments, plus ou moins fondés, impactent le vécu du Marocain et déterminent son comportement». Il notera que pour affirmer l’accentuation du burn-out social, il faut reprendre trois dimensions : d’abord le «sentiment de désintérêt pour le travail et d’assèchement émotionnel fait de nonchalance, de frustration et de tension» est patent dans le discours de certaines couches sociales qui expriment leur découragement et une certaine fatalité. Ensuite, la dépersonnalisation qui se manifeste par l’insensibilité et la rupture par rapport à autrui et à l’environnement, le repli sur soi… s’observe dans le désintérêt par rapport à la politique, à la rupture des liens sociaux et au désinvestissement social. Enfin, le sentiment de «non-accomplissement personnel» fait de sentiment d’échec, d’obération d’estime de soi et d’incapacité à répondre au désir de sa famille est patent chez la classe B- et C+ qui vivent un fort sentiment de culpabilité les poussant à rêver d’un ailleurs plus favorable. Les vagues d’émigration sont un indicateur pertinent par rapport à cet aspect.

Pour M. Al Motamassik, «l’on peut dire donc, à condition de ne pas confondre burn-out avec les autres pathologies, que ce phénomène commence à avoir des impacts sociaux patents, particulièrement chez les jeunes». Et il pense que «l’utilisation des outils face à l’épuisement professionnel peut ouvrir des perspectives intéressantes en vue de s’attaquer au burn-out social. Pour cela, il est impératif de former des spécialistes de l’analyse des côtés pathogènes dans l’organisation et le fonctionnement sociaux».

Pour le sociologue, les femmes et les enfants, les plus fragiles de la société, sont exposés à l’épuisement psychologique. Les femmes sont les plus vulnérables pour des raisons de condition sociale et culturelle. Elles travaillent doublement à la maison et au niveau professionnel. Elles fournissent un double effort par rapport aux hommes pour se faire admettre comme compétence dans le monde du travail. Malgré cet effort intense, elles ne sont pas reconnues et restent marginalisées. Ce qui génère chez elles des syndromes de fatigue, d’usure et d’épuisement émotionnel, Pour les enfants, l’injonction des parents de réussite et de performance scolaires les met dans une situation d’épuisement physique et psychologique. Cela occasionne chez eux des situations de désillusion, de perte d’idéalisme, de désaffection, de manque de confiance par rapport au système scolaire.