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Santé : le décret sur la bioéquivalence des génériques met le feu aux poudres
Médecins et pharmaciens divisés sur le droit de substitution.

Le décret n° 2-12-198 relatif à la bioéquivalence des médicaments génériques divise médecins et pharmaciens. Son entrée en vigueur oblige désormais les fabricants de médicaments génériques à déposer, avec le dossier de demande de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), une étude de bioéquivalence dont la réalisation doit obéir aux conditions fixées par le texte. Celui-ci s’inscrit dans le cadre de la politique nationale des médicaments et des produits de santé. L’objectif étant de mettre à la disposition des patients des médicaments efficaces et de qualité, et d’encourager l’utilisation des génériques. Donc de l’industrie pharmaceutique locale qui contribue au développement de l’économie nationale. Jusque-là aucun problème. Cependant, les médecins croient comprendre que le texte ouvre la voie au droit de substitution et avec, la possibilité pour les pharmaciens de faire des prescriptions.
Précisément, le droit de substitution consiste, selon Mohamed Lahbabi, président de la Confédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc, en la possibilité pour les pharmaciens de vendre à leurs patients des médicaments autres que ceux figurant sur l’ordonnance mais qui sont de la même catégorie thérapeutique. Autrement dit, qui ont le même effet. Si pour les médecins cette possibilité est considérée comme un «exercice illégal de la médecine», pour les pharmaciens, il s’inscrit dans leur activité quotidienne dans la «mesure où tous les jours les patients viennent demander des médicaments sans aller consulter», souligne M. Lahbabi. Les pharmaciens précisent enfin que lorsqu’ils proposent des produits autres que ceux prescrits, «l’aval du médecin traitant est requis». L’actuelle levée de boucliers serait, selon la confédération, «une anticipation à la décision qui pourrait sortir des discussions avec le ministère de la santé sur le droit de substitution».
Décidément, le secteur de la santé est bien pollué par les intérêts corporatistes.
