Médias
Code de la famille : comment la réforme est perçue sur les réseaux sociaux
Une enquête réalisée par un institut de sondage et de veille apporte un éclairage sur la manière dont les internautes, mais aussi les médias, ont traité la réforme de la Moudawana.
Le 26 septembre 2023, un communiqué du Cabinet royal a indiqué que le Roi Mohammed VI a récemment adressé une lettre au Chef du gouvernement, dans laquelle il souligne la nécessité de réviser le Code de la famille. Après la tenue du comité de pilotage présidé par le Chef du gouvernement le 27 septembre 2023, différentes réunions et consultations ont été organisées avec les différents acteurs en charge de la révision.
Le lancement de ce processus de réforme a été largement relayé et commenté sur les réseaux sociaux. Selon un institut de sondage et de veille, le sujet a fait l’objet de plus de 17.000 mentions et 611.000 interactions sur les réseaux sociaux entre le 26 septembre et 26 octobre, avec toutefois une baisse sensible des mentions durant les derniers jours.
Sur le plan qualitatif, les outputs de l’étude apportent un éclairage édifiant sur la manière dont est perçue la réforme. L’étude des différentes conversations et interactions autour du sujet montre que la majorité des internautes a, dans un premier temps, adopté une posture de neutralité par rapport à la réforme, se contentant de relayer les passages clefs du communiqué royal.
Inquiétudes et fake-news
Toutefois, cette apparente réserve dissimulait des positions plus tranchées. En effet, derrière ce vernis de neutralité fleurissent des inquiétudes quant à une libéralisation jugée excessive du code de la famille. Selon certains, une telle libéralisation risquerait de déséquilibrer les rapports hommes-femmes au profit de ces dernières, notamment sur les questions sensibles de garde d’enfants et de pensions alimentaires.
L’étude renseigne aussi sur l’ampleur des fake-news sur les réseaux sociaux autour de cette réforme. On apprend ainsi que de nombreuses rumeurs infondées ont connu une viralité spectaculaire, donnant lieu à sarcasme et moqueries sur le prétendu futur désavantageux des hommes.
En outre, une frange très engagée dénonce vigoureusement tout infléchissement libéral du code de la famille, réclamant un cadre rigoureusement conforme aux préceptes religieux.
Enfin quelques internautes proposent des évolutions a minima, qui se cantonnent prudemment à des aspects techniques comme l’encadrement des tests ADN.
Du côté des médias, le lancement du processus de réforme pareillement été largement relayé. En un mois, 131 articles ont été publiés dans la presse écrite sur la révision du Code de la famille. Selon l’étude, la majorité des articles ont repris les contenus du communiqué du Cabinet Royal, et du communiqué du conseil des ministres, ainsi que le discours du Roi devant le Parlement, sans les commenter. Le constat est le même pour les quelque 1.829 articles publiées sur le sujet dans la presse électronique, auxquels s’ajoutent 138 passages radios et 84 reportages télévisées.
Certains articles ont toutefois recueilli les déclarations d’acteurs officiels, politiques, religieux, des droits de l’homme et associatifs, ou d’analystes politiques, qui ont fait l’éloge de l’annonce royale et ont précisé les volets qui nécessitent la révision. Enfin, un nombre limité d’articles a rapporté les positions des organisations de femmes de certains partis (USFP, PAM, PI, PJD…), le CCME, et certaines associations, saluant la décision Royale.