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Paiement mobile : c’est parti !

L’interopérabilité, qui permet le transfert d’argent entre des clients titulaires de comptes dans des établissements différents, devrait entrer en vigueur à la fin du mois. Les flux identifiés comme « adressables rapidement par le paiement mobile » représentent environ 400 milliards de DH.

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Après de nombreux tests et à l’issue de près de deux ans de concertation entre les acteurs concernés, le paiement mobile a été officiellement lancé au Maroc. C’est ainsi que Bank Al-Maghrib et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), en coordination avec les banques, les établissements de paiement, les opérateurs télécoms et HPS Switch, ont annoncé, le 13 novembre, le lancement d’un nouveau moyen de paiement par téléphone mobile, appelé « m-wallet ». Celui-ci peut être émis sur un compte tenu soit par une banque, soit par un établissement de paiement. Il permet de réaliser, de manière électronique et dématérialisée, plusieurs opérations dont notamment les transferts d’argent de personne à personne (P2P), les opérations de paiement commerçant, ainsi que le retrait (Cash out) et le dépôt d’espèces (Cash in). Le détenteur d’un « m-wallet » pourra réaliser ces opérations en renseignant le numéro de téléphone du bénéficiaire, lui-même devant être détenteur d’un m-wallet, et ce, quel que soit l’établissement qui tient le compte de ce bénéficiaire.

Levier de la Stratégie nationale d’inclusion financière

Cette « interopérabilité », qui permet le transfert d’argent entre des clients titulaires de comptes dans des établissements différents, est basée sur le switch mobile (infrastructure permettant de router les informations d’un établissement A vers un établissement B). Elle est spécifique au système marocain et constitue une « première », dans la mesure où il n’existe pas d’autres pays où le système est « nativement interopérable ». L’entrée en vigueur de l’interopérabilité est prévue pour la fin de ce mois.
D’après Asmae Bennani, directrice du département de surveillance des systèmes et moyens de paiement et de l‘inclusion financière à Bank Al-Maghrib, « le paiement mobile a été identifié comme le principal levier de la Stratégie nationale d’inclusion financière qui est actuellement en cours de finalisation, notamment en raison de la compétitivité des prix, de l’adaptation des conditions d’identification des clients en fonction des types de groupes de paiement, ainsi que de la simplicité des services et de leur optimisation ».
Elle a également précisé qu’il a été décidé d’un commun accord que la recharge en espèces du « m-wallet » ; les paiements commerçant pour le payeur (hors paiement de factures) ; la consultation du solde, ainsi que la résiliation du « m-wallet » seront des services gratuits. Quant aux coûts de SMS, de switching et de mise à disposition des GABs, ils seront convenus entre les acteurs de la place (opérateurs, Switch et établissements bancaires et de paiement). La commission d’interchange sera, elle, plafonnée.

Onze établissements de paiement agréés

A l’heure actuelle, 11 établissements de paiement ont d’ores et déjà été agréés ou ont obtenu l’accord du Comité des établissements de crédit (CEC) de Bank Al-Maghrib, sachant que le processus d‘agrément est loin d’être achevé.
Le paiement mobile au Maroc, qui s’appuie sur un taux de pénétration du mobile estimé à près de 130% en 2017, vise à « faciliter l’accès aux services financiers au profit des populations pas ou peu desservies et à réduire le recours au cash et le coût de sa gestion ». Il devrait ainsi permettre la « captation par les établissements de crédit d’une plus large portion des liquidités ».
Aujourd’hui, le nombre de paiements par an et par personne en monnaie scripturale est d’à peine 5,5, contre 46,1 en Turquie, 269 en France, 376 aux Etats-Unis et 448 en Finlande. De plus, 82% des transactions en cartes et 76% des chèques intra-bancaires correspondent en valeur à des retraits de cash. Cette prédominance des paiements en espèce entraîne, selon Bank Al-Maghrib, de « nombreuses inefficacités économiques et sociales et un coût important pour les agents économiques (gouvernement, marchands, banques, individus), représentant jusqu’à 0,7% du PIB ».
A noter que les flux identifiés comme « adressables rapidement par le paiement mobile » représentent environ 400 milliards de DH. Ils concernent les transferts domestiques, les achats auprès des commerces, le paiement auprès des fournisseurs, le paiement des factures, les achats de recharges téléphoniques et aussi les prestations sociales.
L’objectif affiché, à l’issue de la période 2019-2023, est de « capter » entre 50 et 60 milliards des flux identifiés, ainsi que d’atteindre 6 millions d’utilisateurs paiement mobile, 51 000 agents/commerçants faisant partie du réseau d’acceptation et 1,3 milliard de transactions. A cet effet, le Directeur Général de Bank Al-Maghrib, Aberrahim Bouazza, a annoncé qu’une stratégie de communication et de sensibilisation au paiement mobile sera mise en place dès l’année prochaine.