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Monoxyde de carbone : un poison silencieux, mais terriblement mortel

Seulement 11 488 cas déclarés durant 17 ans au CAPM, un chiffre qui est loin de refléter la réalité
Nécessité d’une stratégie de lutte impliquant plusieurs départements.

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Avec le retour de l’hiver et du froid, un Silent Killer refait son entrée de façon sournoise. Ce tueur silencieux, comme le qualifie le Pr Rachida Soulaymani, directrice du Centre antipoison du Maroc (CAPM), est le monoxyde de carbone, du fait qu’il provoque des intoxications mortelles sans prévenir. Car ce gaz ne s’identifie en effet ni par l’odeur ni par la couleur et l’intoxication qu’il provoque n’a pas de signes annonciateurs. Ajoutez à cela le fait qu’il occasionne des troubles de conscience qui empêchent la victime de sortir de l’ambiance contaminée. Le Pr Soulaymani précise que les sources génératrices du monoxyde de carbone sont très nombreuses et diverses, allant des dispositifs de chauffage traditionnels comme le kanoun, aux chauffe-eau les plus sophistiqués, en passant par les émanations des pots d’échappement des voitures à la fumée des cigarettes. Et les lieux fermés ainsi que les ambiances confinées constituent des facteurs aggravants pour toutes ces sources. Pour le Pr Soulaymani, lutter contre le fléau de l’intoxication au monoxyde de carbone au Maroc nécessite en premier lieu une connaissance précise de l’ampleur de celle-ci et des conséquences sanitaires qu’elle induit.
Cette spécialiste en toxicologie indique que si on a déclaré seulement 11 488 cas durant 17 ans au CAPM, ce chiffre est loin de refléter la réalité. Elle attribue cela à une sous-notification par les professionnels des structures de santé, notamment les centres hospitaliers universitaires, le secteur militaire, l’Institut national d’hygiène, les bureaux municipaux d’hygiène, les instituts médicaux légaux, les services d’aide d’urgence ainsi que les secteurs médicaux privés.
Selon le Pr Soulaymani, «il est urgent de développer une stratégie de lutte intégrée et dynamique impliquant plusieurs acteurs aussi variés que les départements de la santé, de l’éducation, de l’industrie et du commerce, mais aussi les associations de défense des consommateurs, les vendeurs de chauffages, les architectes et les entrepreneurs». Et les défis à relever pour la réussite de cette stratégie sont «d’ordre financier, réglementaire avec des contrôles, de la coordination et de l’innovation», renchérit-elle. Pour cette spécialiste de l’ intoxication, deux composantes sont importantes dans la lutte contre l’intoxication au monoxyde de carbone, quelles que soient leurs origines : l’information et l’éducation du grand public et la formation des professionnels de la santé. Pour cette dernière catégorie, le programme doit comprendre des données sur les sources d’intoxication, la physiopathologie, l’épidémiologie et surtout les modalités d’utilisation de l’oxygénothérapie hyperbare, qui reste aujourd’hui le seul recours thérapeutique en cas d’intoxication au monoxyde de carbone. Et le Maroc ne dispose que de 7 appareils pour l’oxygénothérapie hyperbare, deux à la Marine Royale de Casablanca et d’Al Hoceima, les 5 autres au CHU Ibn Sina, à l’Hôpital militaire de Rabat, à l’Hôpital Mohammed VI de M’diq, à la Gendarmerie royale et au port de Tanger Med.

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